Back to basics chez Givenchy

En commandant à l’artiste néerlandais Paul Veroude une oeuvre pour le setting de son défilé, Riccardo Tisci réussit une fois de plus à créer la surprise. Et confirme le lien toujours aussi ténu entre l’art et la mode.

La question mérite en tout cas d’être posée : trop d’imprimé tuerait-il l’imprimé ? Toutes les maisons – Prada, Gucci et Dries Van Noten en tête – qui l’été dernier avaient fait exploser fleurs et couleurs sur leur vestiaire sont revenues cette saison à une sobriété presque ascétique. Givenchy en ce sens n’a pas fait exception hier en proposant une déclinaison tout en noir et blanc des basiques masculins – le deux pièces impeccablement coupé, des impers et des pulls en v, quelques shorts tirant sur le bermuda quand même rappelant les uniformes scolaires – tout cela proposé dans les matières sensuelles et luxueuses chères à la marque parisienne. Une collection sombre et romantique à la fois dont le seul motif – des gypsophiles – n’était pas sans rappeler le travail de l’artiste américain Jackson Pollock, confirmant la tendance  » arty  » de la garde-robe masculine de l’été prochain déjà entrevue chez Dsquared2 à Milan où le défilé truffé de références au pop art avait pour décor un atelier d’artiste et chez Juun.J hier toujours où le plasticien londonien Rob Ryan cosignait avec le créateur coréen des tee-shirts oversize porteurs d’imprimés inspirés de ses oeuvres en papier découpé.

Mais ici, l’art se s’invitait pas que sur les vêtements puisqu’il s’imposait face à tous, en 3 dimensions, par le biais de l' »Exploded Plane  » – autrement dit l’avion explosé – de l’artiste néerlandais Paul Veroude. L’homme est connu pour son habilité à démanteler d’imposantes machines – le poids total de cet avion avoisinant les 778 kg – avant de les suspendre au-dessus de l’assistance pour mieux mettre en avant la puissance de l’ingénierie humaine. Il aura fallu plus d’un mois de travail à Paul Veroude pour démonter ce Reims Cessna F172E de 1964, le repeindre en noir et accrocher avec des câbles d’acier chacune des pièces individuellement.

Un travail de titan aussi minutieux sans doute que celui des brodeurs de perles à l’oeuvre sur les toutes dernières pièces du défilé presque trop précieuses pour être portées.

Isabelle Willot

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content