Au fil des rasoirs

Longtemps instrument d’une corvée quotidienne, le rasoir, en quelques décennies, s’est affranchi de la contrainte. Entre gestes mécaniques et vibrations électriques, retour sur une saga, du coupe-chou au cinq-lames, qui mixe innovation, confort et esthétique.

Longtemps instrument d’une corvée quotidienne, le rasoir, en quelques décennies, s’est affranchi de la contrainte. Entre gestes mécaniques et vibrations électriques, retour sur une saga, du coupe-chou au cinq-lames, qui mixe innovation, confort et esthétique.

Le rasage, geste ancestral pour l’homme, occupe en moyenne cent quatre-vingts jours pleins de sa vie, à raison de dix minutes par jour. Longtemps associé au coupe-chou de grand-papa, le rituel a connu en un peu plus d’un siècle de véritables révolutions: mécanique ou électrique, le rasage divise aujourd’hui les Français, qui comptent 22 millions d’hommes en âge de le pratiquer. 76% d’entre eux sont adeptes du premier, et 24% du second.

Quoi qu’il en soit, leurs outils de rasage ne cessent de se perfectionner: les nouveaux produits ont été, entre 2001 et 2008, trois fois plus nombreux qu’au cours des deux décennies précédentes!

Dernier-né, le Fusion Power, siglé Gillette, incroyablement high-tech: équipé de cinq lames à l’avant et d’une lame de finition à l’arrière pour les zones peu accessibles, il intègre un moteur doté d’une pile, qui provoque le redressement des poils. A des années-lumière de l’invention du tout premier rasoir mécanique, en 1899, par le fondateur de la marque, l’Américain King C. Gillette. Avec du ruban d’acier, quelques morceaux de cuivre, des limes et un petit étau, celui-ci aura pourtant bâti une fortune. Baptisée « rasoir de sûreté », son invention se composait en effet d’une lame très fine à double tranchant coincée dans un support. La nouveauté? Plus besoin de l’affûter sur un cuir, comme le coupe-chou: la lame était jetable! La voie du rachat régulier de lames par l’utilisateur est ouverte. Gillette, bientôt talonné par Wilkinson, son éternel rival, construit petit à petit un empire, dont le centre de recherche est aujourd’hui à Reading, en Grande-Bretagne.

Il faudra attendre 1975 pour voir arriver une seconde -et aussi spectaculaire- révolution dans le domaine: c’est un Italien naturalisé français, le baron Marcel Bich, qui reprend le manche aux mains des Américains en lançant le premier rasoir totalement jetable. Une seule lame, une tige poids plume en plastique orange nervuré: le Classique, à l’image des précédentes inventions du baron, le stylo et le briquet jetables, marque une volonté de simplification des gestes quotidiens. Le geste noble du rasoir, instrument « lourd » nécessitant une prise en main particulière, s’estompe peu à peu face au succès colossal de Bic: 10 millions de rasoirs vendus chaque jour dans le monde!

Ponctuellement, d’autres miniséismes ébranlent le monde du rasage mécanique: découverte du phénomène de rétractation du bulbe pileux -et création de la double lame pour un rasage au plus près de la peau, avant la rétractation du fameux bulbe- ou invention des plaquettes lubrifiantes, qui déposent un film protecteur sur la peau pour limiter l’irritation (un standard, désormais, sur quasi tous les modèles). Autre phénomène, côté lames, la véritable course à l’armement, dont on peut se demander où et quand elle s’arrêtera. Wilkinson, inventeur du premier quatre-lames du marché en 2004, avait-il pensé au cinq-lames de son principal concurrent pour trois ans plus tard? Qui, de Gillette, de Bic ou de Wilkinson, dégainera le premier le six, le sept, voire le dix-lames? Bic défriche pour sa part d’autres terrains. Il vient de sortir le premier jetable écologique, un trois-lames doté d’un manche en plastique bio à base de maïs et à l’emballage imprimé aux colorants végétaux.

Mais, si l’escalade persiste dans le rasage mécanique, c’est que, paradoxalement, le marché du rasage « humide » ne cesse de décroître depuis une décennie. « Les trentenaires et les quadras ne se rasent plus le week-end », observe Catherine Brandenberger, responsable du marketing chez Wilkinson. « On est sorti de l’ère du rasage social. Il devient admis de se présenter sur son lieu de travail avec une barbe naissante, même si tous les milieux professionnels ne sont pas gagnés à la cause », s’amuse-t-elle. La tendance allant dans le sens du poil rasé d’un peu moins près, le recours à l’électrique s’impose. N’est-il pas le meilleur outil pour « sculpter » cette fameuse barbe de trois jours, héritage du célèbre S. G., dandy et chanteur? Pas tout jeune, l’objet électrique, lancé par Philips juste avant la Seconde Guerre mondiale, a longtemps tenu la dragée haute à son rival mécanique. Symbole de l’homme moderne, il comptait parmi les instruments préférés des Français, entre les années 1950 et 1970… avant que ne débarque le rasoir jetable. Depuis quelques années, les fabricants de l’électrique tentent d’inverser la vapeur, grâce à des nouveautés rivalisant d’ingéniosité. Rasoir diffuseur de crème hydratante (Système de rasage Philips-Nivea For Men), modèle design muni de trois-têtes flexibles et pivotantes (Arcitec, de Philips), ou encore rasoir totalement waterproof (Series, de Braun). On notera à ce propos que, 1 Français sur 5 avouant se raser sous la douche le visage… mais aussi le torse, les aisselles et les parties intimes, on comprend mieux pourquoi les modèles résistant à l’eau ont de beaux jours en perspective…

Mais, qu’il soit électrique ou mécanique, l’instrument poursuit sa route, au fil des découvertes et des attentes de ses utilisateurs. Au-delà de ses progrès ébouriffants, un petit geste subsistera toujours: cette façon attendrissante qu’ont les hommes de vérifier si leurs joues piquent encore, en passant leur main dessus, à rebrousse-poil.

Et pour accompagner le geste…

Sensi-Baume Ca, baume confort antiréactions peaux sensibles, Vichy Homme, 17 € le tube de 75 ml.
Gorgé de calcium (protecteur et réparateur cutané), ce baume « pansement » est un bon remède pour les peaux échauffées par les rasages à répétition.

XY Homme, gel de rasage émollient micro-exfoliant sans savon, La Roche-Posay, 10 € l’aérosol de 150 ml. Sa texture dense, riche en agents adoucissants, favorise le massage et le temps de pause pour mieux désincruster le poil. Sans savon, il est garanti antidesséchement et anti-irritation.

Active 3, gel douche corps, cheveux et rasage, Nivea for Men, 2,60 € le flacon de 250 ml.Douche, shampooing et rasage en un seul produit… Cette formule unique, destinée aux hommes pressés, est aussi un concentré de technologie: des actifs hydratants et adoucissants bénéficient d’une micro-encapsulation pour pouvoir pénétrer dans la peau dès l’application.

Super Clean Visage Soft, mousse nettoyante, Nickel, 22 € le flacon-pompe de 175 ml.Parfait pour préparer la peau au rasage, ce soin nettoyant au pamplemousse et à l’eau d’algue bleue élimine en un seul geste le sébum de la nuit et booste l’éclat du teint.

Nathalie Helal, Lexpress.fr Styles

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