Courir avec son chien, un tandem insolite

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Envie de courir avec un compagnon sans pour autant devoir entretenir une conversation ? Optez pour votre ami à quatre pattes…

Envie de courir avec un compagnon sans pour autant devoir entretenir une conversation ? Optez pour votre ami à quatre pattes…

Les coureurs d’endurance s’entraînent souvent seuls. Une solitude qui renforce la puissance méditative du rythme de course et qui pacifie le mental. On atteint rarement une telle sérénité en courant avec un partenaire. Raison pour laquelle certains joggeurs préfèrent courir avec un chien. Animé toujours du même enthousiasme, il ne fait jamais de remarques déplaisantes et prête une oreille bienveillante si vous êtes d’humeur morose !

Maître et chien en pleine forme


Courir avec un chien n’est pas une habitude fort répandue dans notre pays. Et pourtant, cette pratique sportive présente beaucoup d’avantages. C’est déjà un excellent moyen de se motiver à partir : dès que vous enfilerez la paire de baskets ad hoc, votre chien en
fera des bonds de joie, et cela quelles que soient les conditions météo !

Jean-Pierre Talbot, président de la Fédération belge de Canicross, assure que sa condition physique, à 66 ans, ne serait pas aussi bonne s’il n’avait pas son chien. Bien connu des Spadois – et des tintinophiles car c’est lui qui a incarné Tintin au cinéma – il part chaque jour une petite heure, son compagnon sur les talons (ou l’ ‘inverse !), pour une dizaine de kilomètres. Assez pour que le maître et le chien se sentent en pleine forme. La Fédération de Canicross reste très peu connue en dehors du cercle restreint des sportifs amis des chiens. Au niveau international, nos duos d’athlètes, humains et chiens, se défendent pourtant plutôt bien. Lors des récents championnats européens en Hongrie, les équipes belges de canicross ont obtenu des résultats plus qu’honorables.

Berger plutôt que lévrier

En principe, on peut se mettre à courir avec n’importe quelle race de chien. Mais certains, après des années de vie sédentaire, souffrent d’obésité et ne sont plus capables de courir. Ou sont trop vieux. « Beaucoup de débutants en canicross commencent avec le chien qu’ils ont chez eux, raconte Jean-PierreTalbot. Mais certaines races conviennent mieux que d’autres. Un coup d’oeil aux résultats des compétitions en dit long. » Et effectivement, les chiens de chasse et de travail, comme les bergers belges et allemands, les border collies et les Jack Russell, ravissent la palme. Mieux vaut ne pas se lancer sur les chemins avec de grands chiens patauds comme les Saint- Bernard. Et encore moins avec les frêles et fragiles sprinters que sont les greyhounds.

Un pedigree n’est pas toujours un atout dans la mesure où de plus en plus de chiens de race présentent des anomalies génétiques résultant de croisements consanguins. Les bâtards en revanche combinent souvent les qualités de races différentes. Par sécurité, mieux vaut en tout cas passer chez le vétérinaire avec son chien avant de commencer à courir.

« Quel que soit le type de chien choisi, privilégiez un animal au caractère agréable, recommande Jean-Pierre Talbot, de manière à pouvoir courir sans appréhension ou sans tension. Les chiens agressifs sont exclus d’emblée dans le canicross. »

Couple idéal

Courir avec décontraction demande une complicité parfaite entre homme et chien. On n’arrive à cette harmonie qu’en s’entraînant beaucoup. Apprenez au chien comment et où il doit courir : devant ou à côté de vous. Apprenez-lui les ordres auxquels il doit obéir. Les chiens bien éduqués suivent aveuglément les directives de leur maître. Quant aux chiens plus indépendants ou mal dressés, il suffit parfois d’un lapin pour les voir tirer brusquement sur leur laisse… et vous entraîner dans une chute ! Une mésaventure qui peut se produire aussi à la suite de mauvaises instructions. Si vous commencez sans expérience préalable, allez-y progressivement. Les schémas d’entraînement de start to run, par exemple, donnent de bonnes balises.

Un chien ne peut pas vous dire ce qui ne va pas. Soyez donc attentif au moindre changement de comportement. Vous remarquerez parfois à d’infimes signaux que le chien n’est pas au sommet de sa forme. Mieux vaut alors ralentir le rythme ou carrément reporter l’entraînement. Si le chien montre des signes de fatigue ou d’agitation pendant la course, arrêtez-vous pour une petite pause, même si cela doit compromettre une éventuelle victoire. En compétition, il est d’ailleurs interdit de tirer le chien. Jean-Pierre Talbot est une mine de conseils : « Les pavés peuvent endommager les coussinets plantaires, explique-t-il. Un contrôle régulier s’impose pour éviter les blessures. Les coureurs assidus enfilent même des pads à leur chien, qui font office de coussinets d’entraînement. » Coupez-lui les ongles pour éviter les problèmes. Nourrissez- le d’aliments riches en calories, car la portion habituelle de croquettes ne suffit pas pour un chien qui parcourt beaucoup de kilomètres. Limitez la durée de l’entraînement avec les chiens de moins d’un an.

Les cartilages de conjugaison, au niveau des pattes, sont en pleine croissance et pourraient souffrir d’une surcharge. Cela pourrait donner lieu à une croissance déséquilibrée ou à un ralentissement de croissance.


A l’eau !

Même si leur toison d’été est plus légère que leur pelage d’hiver, les chiens ne se débarrassent pour ainsi dire pas de l’excès de chaleur corporelle, ce qui limite leur endurance. Ils possèdent quelques pores sudoripares uniquement sur le museau ou les voûtes plantaires. C’est pour cette raison qu’ils souhaitent parfois se reposer par temps chaud, ou se refroidir. Ils adorent d’ailleurs piquer une tête dans l’étang ou la rivière. Non pas qu’ils aiment tant l’eau. Leur donner à boire ne suffit pas. Si vous emmenez votre chien par temps chaud, mouillez-le bien avant de partir et choisissez un parcours le long d’un ruisseau, d’une source ou d’une fontaine, pour un rafraîchissement en cours de trajet. Ou emmenez un peu d’eau pour l’asperger en chemin. Les organisateurs de compétitions de canicross sont tenus de prévoir de l’eau en chemin, précise Talbot.

Harnais de confort

Un chien bien dressé pourrait courir derrière vous ou à vos côtés sans laisse. Mais à de nombreux endroits, dans les bois et les réserves naturelles, c’est interdit. Les promeneurs n’aiment pas rencontrer deschiens en liberté. Tenez donc votre chien en laisse. Si vous voulez relever un défi sportif plus intense et vous faire tracter par le chien,l’acquisition de matériel adapté, harnais et laisses extensibles, s’impose. La laisse est obligatoire lors de compétitions de canicross. La partie centrale élastique, qui amortit les chocs, est attachée à un harnais spécialement conçu qui permet au chien de développer une force optimale à partir des pattes postérieures. Un peu comme les haltérophiles qui se relèvent en poussant sur leurs jambes alors que le poids repose sur leurs épaules. Une laisse ordinaire étrangle l’animal quand il tire, tandis qu’avec un harnais, la pression repose sur les épaules et le torse. Le coureur accroche la longe à une large ceinture ventrale, qui transmet la force du chien directement vers le centre du corps et rend la course plus agréable. Avec une laisse en main, il faut compenser toute une chaîne de forces qui part de la main, passe par le coude, les épaules et le dos jusqu’aux lombes, et qui finit par peser.

Aboiements et morsures

La compagnie d’un chien peut aussi avoir d’autres avantages, notamment en atténuant le sentiment d’insécurité, par exemple pour les femmes qui n’aiment guère partir pour de longues courses seules. Les chiens protègent leur « harde » en aboyant, ce qui peut effrayer d’éventuels agresseurs… ou d’autres chiens inconnus en liberté, parfois dangereux s’ils sont excités par l’apparition inopinée d’un joggeur. Dans ce cas aussi, votre chien peut vous aider en distrayant l’attention de l’agresseur pendant que vous opérez une retraite prudente. Il est rare que des chiens s’entre-attaquent. Généralement, la partie la plus faible se retire avec quelques aboiements ou grognements.

LeVifWeekend, avec Jan Etienne

Canicross pratique Le canicross se pratique sur des distances de maximum 10 kilomètres. Durant la compétition, les coureurs se laissent tracter par le chien, pour accroître leur vitesse. Courir au-delà de sa propre vitesse demande beaucoup d’exercice, pour conserver un équilibre et un pas de course tout en souplesse. Le chien ne peut pas non plus tirer trop fort, sinon il s’épuise. Il s’agit en réalité de trouver la bonne entente.

Info: www.cani-cross.be;www.cynosport.be/francais/canicross.php

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