Botox: les hommes s’y mettent aussi!

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Toxine botulique et acide hyaluronique font partie du nouvel arsenal cosmétique des mâles pour afficher leur pleine santé et leurs performances.

Il y a vingt ans de cela, voir son compagnon, son père ou son fils filer chez le médecin esthétique était simplement inenvisageable. Aujourd’hui, non seulement la femme comprend, mais souvent elle encourage. Elle est bien placée pour savoir qu’une petite retouche ici ou là peut tout changer. L’homme subit la même pression qu’elle, en tout cas dans son univers professionnel. La crise ayant exacerbé la compétition, les cadres ont tout intérêt à soigner leur apparence, pour envoyer une image positive à leur hiérarchie ou à leurs clients. Comment imaginer un jeune ténor du CAC 40 avec une mine de papier mâché et un front barré de rides? Si la fonction a tout pour le stresser, il ne doit surtout rien en montrer! Ainsi, aux Etats-Unis, les interventions esthétiques chez l’homme ont progressé, depuis 1997, de 88%! Au top du palmarès, les injections de toxine botulique: 225 000 réalisées en 2010 (source: The American Society for Aesthetic Plastic Surgery, 2010). Et la France suit… Une récente étude sponsorisée par le laboratoire Allergan dévoile que 15% des hommes envisagent d’avoir recours à des injections, et que 2% ont déjà sauté le pas.

Le but n’est pas d’être « tiré » comme Berlusconi, il est d’arborer un visage frais et dispo, comme si le stress n’avait aucune prise sur le physique. « Pendant longtemps, la ride a été un signe de maturité et d’expérience, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui! Au-delà des questions de jeunisme, si elle est combattue, c’est parce qu’elle renvoie une image peu dynamique de soi, tandis qu’un visage frais et lisse témoigne de la résilience au stress et à la fatigue, d’une belle endurance, décrypte la psychosociologue Brigitte Miquel. Un homme sans rides est un homme disponible, efficace, entreprenant. Celui sur lequel il faut miser! On comprend donc l’intérêt grandissant pour la médecine esthétique. Y souscrire, c’est en même temps se positionner comme un homme de son temps. Les anciens, eux, faisaient des liftings. »

Des retouches surtout très légères


Si l’homme est heureux qu’on lui propose des solutions pour s’entretenir, encore faut-il qu’elles soient soft. Pour cacher ses cheveux blancs, il a déjà adopté Excell 5 de L’Oréal Paris, un produit qui colore partiellement la chevelure pour un effet supernaturel. La même discrétion est attendue des actes esthétiques. S’il assume parfaitement son geste, il n’en est pas encore au stade de le revendiquer. Il se fait d’ailleurs souvent piquer la veille d’un week-end, pour être présentable au bureau le lundi. Et puis, il est douillet! Souffrir pour être beau n’est pas dans ses habitudes, contrairement à la femme, qui manie la cire ou l’épilateur régulièrement. Même s’il fait preuve d’une belle bravoure (« Allez-y, docteur, je serre les poings. Même si je crie, ne vous arrêtez pas ! »), le malaise vagal, dès que l’aiguille approche, est fréquent. On surélève alors les jambes, on donne un comprimé de Coramine glucose…

« Cela mis à part, l’homme est un patient bien plus facile à gérer que la femme, qui doute, hésite, tergiverse, multiplie les avis avant de se décider. Chez lui, les attentes sont claires: il veut des actes légers, rapides, indolores et sans suites », rapporte le Dr François Niforos, chirurgien plasticien à Lyon, qui compte dans sa clientèle plus de 20% d’hommes. Les plus demandés sont, dans l’ordre, les injections de toxine botulique et d’acide hyaluronique pour estomper les rides, et les traitements par la lumière ou par la chaleur, qui améliorent la texture de la peau. Contrairement à la femme, l’homme n’est pas très obsédé par ses rides. Sa peau grasse et épaisse le protège mieux du temps qui passe. Il s’inquiète davantage du relâchement cutané, qui donne à son visage un aspect tombant, triste et fatigué. Celui d’un homme vieilli, qui ne retrouvera pas de travail si, par malheur, il vient à être licencié! Les larges sillons qui barrent son front ou encadrent sa bouche, autour de la quarantaine, sont donc traités en priorité. De même que la ride du lion, entre les yeux, qui donne une expression soucieuse, voire teigneuse, au visage. Certains patients n’attendent même pas que la peau soit marquée pour consulter. « J’ai eu le cas de ce garçon d’une vingtaine d’années, cadre dans une grosse entreprise, qui souffrait beaucoup de son regard un peu dur. Il était agacé qu’on lui dise en réunion: « Tu fronces les sourcils, tu n’es pas d’accord? » Ou, pire: « Tu es de mauvaise humeur? » Bien que son front ne présente aucune ride, il voulait que je supprime cette expression de colère de son visage », rapporte Jean-Michel Mazer, dermatologue. Si le cas est extrême, il atteste bien la difficulté de l’homme de se montrer tel qu’il est, avec ses failles. Des poches persistantes, et on vous soupçonne aussitôt d’être alcoolique. Des cernes noirs, et on vous taxe d’être un fêtard invétéré. A moins que vous ne soyez malade? La campagne de pub qui circule actuellement – « Je suis un être humain, pas un cancer » – en dit long sur les mentalités d’aujourd’hui dans l’entreprise. La crainte d’être mal perçu pousse donc inévitablement à la triche.

« Les hommes qui passent le plus facilement à l’acte ont souvent une grande connivence avec les femmes. Ils connaissent leurs codes de séduction et n’ont aucune difficulté à se les approprier, car ils les jugent imparables », observe Brigitte Miquel. Les rides étant beaucoup plus profondes chez l’homme, il est cependant rare de s’en tenir à une injection de toxine botulique pour déplisser le front. Une fois le muscle relâché persiste la cassure de la ride. On la remplit alors, lors d’une autre séance, avec de l’acide hyaluronique. Les doses administrées chez l’homme sont généralement doublées, voire triplées, par rapport à celles que reçoit la femme. L’intervention étant facturée au nombre de seringues, ne vous étonnez donc pas si votre addition est plus salée que celle de madame! Les rides de la patte-d’oie ne sont pas, en revanche, une grosse préoccupation chez les mâles, qui sont plus embêtés par leur sillon nasogénien. Très accentué, il donne un faciès à la Droopy. On le comble avec un acide hyaluronique, type Perlane, Juvéderm Ultra 3 ou Téosyal Deep Lines (de 400 à 600 euros). Le sillon traduisant un affaissement de la joue, on ne peut toutefois pratiquer ces injections au long cours sans risque de connaître l’empâtement.

Des besoins bien identifiés

Pour échapper au lifting, il faut alors se tourner vers d’autres méthodes comme la radiofréquence, qui chauffe le derme en profondeur pour stimuler la synthèse des fibres de collagène et retendre la peau (prévoir six séances espacées de quinze jours à un mois, à raison de 150 euros l’une). L’injection d’un acide hyaluronique très volumateur (Voluma, de Juvéderm) ou d’hydroxylapatite de calcium (Radiesse) dans la mâchoire (l’angle mandibulaire plus exactement) est également appréciée pour rendre le visage plus carré, ce qui est considéré comme un vrai critère de beauté chez l’homme (à partir de 600 euros). De même que l’injection de toxine botulique dans les muscles releveurs des ailes du nez, pour booster une pointe de nez tombante (250 euros). Bye-bye, rhinoplastie ! Les lèvres, en revanche, sont rarement retouchées chez l’homme, car le résultat manque de naturel. Et les traitements de la peau sont surtout demandés pour effacer de vieilles cicatrices d’acné (on propose alors le laser Fraxel, de 150 à 250 euros la séance), ou des taches (la lumière intense pulsée ou le laser ND Yag, de 150 à 200 euros la séance), ou des capillaires dilatés sur les ailes du nez (le laser KTP, de 100 à 150 euros la séance). L’homme a une approche très « problème-solution » de l’esthétique. Il ne lui viendra pas forcément à l’esprit d’entretenir sa peau au long cours comme le fait une femme. Sur le corps, les traitements visant à réduire les poignées d’amour tels que le laser, la lipocryolyse ou les ultrasons étaient jusqu’ici très demandés. Mais un récent décret les a interdits, à la suite d’un avis émis par la Haute Autorité de santé, qui les a jugés potentiellement dangereux. Il ne reste donc plus comme solution que la crème amincissante… ou la liposuccion!

Oter ses poils disgracieux au laser sur les épaules ou le dos est, en revanche, toujours admis. Il y a même de plus en plus de candidats à l’épilation du torse chez les jeunes gens, qui escomptent ainsi souligner leur belle anatomie. Enfin, les hommes complexés par des fesses trop plates ou des pectoraux insuffisamment développés peuvent même s’offrir des injections d’acide hyaluronique (Macrolane). L’intervention a l’avantage d’être plus légère qu’une pose de prothèse, mais elle est très onéreuse. L’injection coûte au minimum 3 000 euros, et il faut réinjecter tous les quinze mois. Par sûr que cela vaille le coup!

Par Linh Pham, L’Express.fr

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