De l’importance du regard (shopping)

On l’appelait The Look pour ses yeux longilignes encadrés de sourcils charbonneux et soulignés d’un simple trait d’eye-liner, qu’elle posait avec langueur sur Humphrey Bogart. Les prunelles envoûtantes de Lauren Bacall ont su apporter un supplément de vie à chacune de ses apparitions et demeurent une légende à elles seules. L’histoire de la mode, du cinéma – mais aussi celle des femmes – est pavée d’oeillades au magnétisme intemporel. Des iris myosotis d’Elizabeth Taylor, qu’elle encerclait de crayon noir pour révéler un pouvoir de séduction intrépide, à ceux d’Anna Karina, ourlés d’eye-liner graphique, évoquant l’innocence.

Plus tard, dans les années 80, en plein boom capitaliste, les femmes commencent à rejoindre l’homme à des postes de pouvoir. Certaines se créent pour cela une carapace physique et symbolique. D’où le succès du power suit d’Armani, costume pour anti-femme objet, dont les épaulettes exagérées occupent une place imposante. Pour y injecter une féminité non aguicheuse, elles s’aventurent vers des dégradés hauts en couleur sur les paupières. Plus tard, l’arrivée de la retouche digitale et de la culture Photoshop impose de nouvelles normes artificielles de perfection. C’est l’ère où tous les excès sont permis : les looks deviennent flashy, caricaturaux. A l’inverse, la morosité des années 90 impose une esthétique de la transparence, à la Calvin Klein. Jusqu’au début des années 2000 où les mannequins  » baby face  » affichent des airs de poupons et une petite tête ronde. Ils lancent l’ère des peaux nude, sublimées sans qu’elles aient l’air apprêtées. Soit exactement ce que veulent les femmes d’aujourd’hui…

Par Alice Pfeiffer

>>> Pour tout savoir sur cette saga du make-up, qui suit l’évolution de la femme et de la notion de beauté, rendez-vous dans Le Vif Weekend du 16 janvier 2015.

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