Dix conseils pour un tatouage réussi

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Amélie Micoud Journaliste

Tout ce que vous devez savoir avant de décider de faire le grand saut… ou d’attendre encore un peu.

Réflechir au choix du motif

Arriver chez le tatoueur sans idée précise de ce que l’on veut et se contenter de lui donner de vagues indications, c’est le meilleur moyen de ne pas être satisfait du résultat. Votre tatouage doit vous correspondre intimement, et non refléter la seule sensibilité du tatoueur, aussi doué soit-il. D’ailleurs, ne lui dites jamais « Fais ce que tu veux »: Steph D., tatoueur, affirme que ses confrères ont horreur de ça! L’angoisse de la « peau blanche », peut-être… Quant à choisir un dessin impersonnel dans un catalogue, c’est risquer de le croiser sur des dizaines d’autres épidermes, et de s’en lasser d’autant plus vite.

N’hésitez pas à apporter vos propres dessins, photos, modèles d’écriture… Les (bons) tatoueurs adorent qu’on leur soumette un projet bien réflechi, auquel ils apporteront leur expérience et leur « patte ».

Essayez également de ne pas choisir votre tattoo en fonction des tendances du moment: tout comme les dauphins ont fait leur temps, dans dix ans le petit mot dans le cou ne sera pas forcément aussi bien vu qu’aujourd’hui. Un tatouage doit avant tout raconter une histoire: la vôtre.

Choisir l’emplacement avec soin

Un tatouage sur les mains est déconseillé: il risque de se déformer très vite, car c’est une partie du corps toujours active et soumise à de nombreuses agressions, ce qui accélère son vieillissement. A cause des mouvements de tête, un tatouage situé sur la nuque tend également à se déformer plus rapidement. Choisissez un endroit où votre peau est tendue -épaule, dos, cheville, mollet- et où elle a le plus de chance de le rester. Renoncez à marquer les endroits les plus soumis aux variations de poids, a fortiori le ventre, si vous pensez avoir des enfants.
Certains tatoueurs très prudents refusent de tatouer les endroits où la peau est la plus fine, comme l’intérieur du poignet ou le dessus du pied, notamment sur les personnes de faible corpulence aux veines apparentes. Dans le milieu médical, on met en garde contre le tatouage à l’intérieur du poignet: il peut compliquer la réalisation de certaines prises de sang, l’encre risquant de pénétrer la veine.

En règle générale, évitez également de choisir un endroit socialement handicapant, comme les mains, le cou, le visage. Bien que le tatouage soit de mieux en mieux toléré dans le monde du travail, mieux vaut pécher par excès de prudence: il serait dommage de se voir fermer des portes.

Se renseigner sur son tatoueur

Il n’existe pas d’école ni de diplôme de tatouage. En France, tout le monde peut devenir tatoueur: il suffit d’acheter une machine. Les premiers clients jouent donc souvent les cobayes sans le savoir. Pour éviter les mauvaises surprises, renseignez-vous sur la réputation de celui à qui vous aller confier votre peau. N’hésitez pas à aller le regarder oeuvrer dans son studio. Demandez à voir des photos de ses précédentes réalisations et ne soyez pas avare de questions: vous devez vous sentir parfaitement en confiance.
Les artistes tatoueurs développent souvent un style de prédilection -old school, réaliste, tribal- sélectionnez donc votre tatoueur en fonction du résultat désiré.

Réalisé par infraction cutanée, le tatouage est une plaie, qui peut donc être amenée à s’infecter. Le sérieux du tatoueur passe donc aussi par l’attention qu’il porte à l’hygiène. Quelques points à vérifier en amont: la salle de tatouage doit être séparée du reste du studio, l’environnement doit être aseptique et le matériel stérile à usage unique. En cas de doute, fuyez!

Faire attention à sa peau

Le tatouage peut être déconseillé sur une surface contenant des grains de beauté. Inutile en effet de les irriter et de les faire saigner, sous peine de les voir évoluer. Recouvrir d’encre ces amats de mélanine entraîne également l’impossibilité de surveiller d’éventuels changements de couleur ou de forme, qui permettent de détecter les mélanomes (tumeurs cancérigènes). Consultez un dermatologue avant de vous décider.

Se préparer à la douleur

Le tatouage consiste à encrer la peau par une série de perforation sous-cutanées, réalisées à l’aide d’un dermographe. La rencontre avec les aiguilles n’est donc pas une partie de plaisir. Nous ne sommes pas égaux face à la douleur. Les scientifiques ont démontré que les gènes définissent notre sensibilité. Chacun son seuil de tolérance.

Certains types de tatouages sont toutefois plus douloureux que d’autres: ceux qui nécessitent de grands aplats de couleur sans nuances, comme les tribaux, sont les plus désagréables. La douleur est moins vive lors du tracé de contours ou de lettres, mais peut donner une impression de « découpage de la peau ». Les endroits où la peau est la plus fine sont bien sûr les plus sensibles, amortissant moins bien les vibrations de l’aiguille: côtes, colonne vertébrale, torse, pieds, mains, cou… Les endroits les plus « classiques » sont aussi les moins douloureux: épaule, bras, dos, cheville, mollet, cuisses, ventre. Ouf!

Quid de la crème anesthésiante? Il s’agit d’une crème disponible sur ordonnance en pharmacie, qui atténue la douleur cutanée. Cependant, la plupart des tatoueurs déconseillent son application: la crème a tendance à changer la texture de la peau et à la durcir, ce qui peut rendre le travail du tatoueur plus hardu et moins précis. Sans compter que le tatouage risque de se déformer lorsque la peau retrouve son apparence habituelle.

Ne pas considérer le laser comme une option

Si vous êtes versatile, ne vous faites pas tatouer dans l’optique de passer sous les rayons laser dans quelques années. Cette possibilité (réelle) ne doit pas vous faire oublier le caractère irrémédiable de votre démarche. Malgré les progrès en matière de détatouage, il n’est pas impossible de se retrouver avec des cicatrices, des brulûres ou une dépigmentation de la peau. Sans compter que ce processus est onéreux et encore plus douloureux que le tatouage en lui-même.

Certains tatoueurs se sont en revanche fait une spécialité du recouvrement. Il est en général toujours possible de dissimuler un motif sous un second tatouage, mais celui-ci sera nécessairement plus imposant et de couleur foncée.

S’accorder un délai de réflexion

Même si vous êtes d’un naturel impatient et que votre décision vous semble prise, procrastinez! Laissez l’idée décanter quelques semaines avant de vous lancer, quitte à y perdre les arrhes que vous auriez versées pour bloquer un rendez-vous. Mieux vaut vous être délestée inutilement de quelques dizaines d’euros qu’arborer toute votre vie un tatouage qui ne vous correspond pas.

Les tatoueurs sérieux ne se mettent pas à l’oeuvre dès la première visite. Quant aux coups de tête alcoolisés, ils refusent généralement de les exécuter.

Prendre soin de son tatouage

Une fois tatouée, vous allez devoir prodiguer certains soins à la plaie: le tatoueur vous prescrira l’application de pommade cicatrisante et d’un désinfectant. Ne croyez pas parader quelques jours après la séance: le port de compresses stériles est obligatoire pendant deux semaines. Les bains, la piscine, le sauna, le hammam et la plage sont proscrits pendant la phase de cicatrisation. La qualité de la cicatrisation joue sur le rendu final, il serait dommage de la négliger.

Vous pourrez être amené à faire retoucher votre tatouage: la peau rejette toujours un peu d’encre au cours des premières semaines, et les couleurs s’affadissent avec les années. Ce n’est pas une fatalité, et votre tatoueur se fera une joie de raviver son oeuvre.
Sachez également que tatouage et soleil ne font pas bon ménage. L’encre noire verdit lorsqu’elle est trop exposée. Entre se faire dorer la pilule et conserver un joli tatouage, il va falloir choisir. A moins que l’écran total ne devienne votre meilleur ami… pour la vie.

Par Lucie de Ribier

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