La vérité sur les huiles essentielles

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Elles envahissent les cosmétiques, les produits ménagers, et les rayons des pharmacies. Vous n’y connaissez rien? Remise à niveau en cinq point

Découvrez en images la sélection d’huiles essentielles de Jacqueline Pridigat-de Ribier, naturopathe et aromatologue.

Les huiles essentielles, qu’est ce que c’est

Leur appellation est trompeuse. Contrairement aux huiles végétales (huile d’olive, de sésame, de bourache…), les huiles essentielles ne contiennent pas de corps gras: il serait plus juste de parler « d’essences végétales ». Il s’agit du liquide concentré des composants aromatiques d’une plante, obtenu en général par distillation à la vapeur d’eau, sauf pour les essences d’agrumes dont on extrait le zeste à froid. Chaque essence est composée de molécules biochimiques spécifiques, que l’on dénombre parfois par centaines. La composition de chaque huile est analysée afin de déterminer son chémotype (sa « fiche technique »). Ainsi, les vertus de chacune peuvent être expliquées scientifiquement et sont parfaitement connues des thérapeutes.

Est-ce qu’elles sont vraiment efficaces ?

Leur efficacité est indéniable. A titre d’exemples, des études ont prouvé que l’huile essentielle de thym était capable de détruire la bactérie du staphylocoque en moins d’une heure. Une étude parue en 2001 revèle que sur 18 souris contaminée par la salmonellose, trois rongeurs soignés avec de l’huile essentielles d’Origan ont survécu, contre deux seulement auxquelles on avait injecté des antibiotiques. L’huile essentielle de Tea Tree (Melaleuca Alternifolia) viendrait à bout de nombreuses bactéries en milieu hospitalier, devenues résistantes aux anti-bactérien de synthèse.

D’ailleurs, un flacon de cette huile était délivrée de manière systématique aux militaires australiens pour les aider à lutter contre les infections, avant qu’elle ne soit remplacée à la fin des années 1930 par des antibiotiques.

Mais face à la résistance aux antibiotiques que développent de plus en plus de bactéries, certains affirment que les huiles essentielles pouraient représenter une véritable alternative aux médicament traditionnels. Cependant, la manière de les utiliser reste encore étrangère à la plupart du personnel médical.

Dans la cosmétologie, en revanche, leur vertus n’ont pas échappé aux laboratoires, qui les utilisent dans leurs produits depuis des années. Leurs vertus anti-bactériennes, astringentes, régénerantes et cicatrisantes enrichissent de nombreux soins pour le visage, les propriétés fluidifiantes du sang sont prisées des gels circulatoires… Des études ont montré que l’application d’huile de Tea Tree sur la peau, dosée à 5% dans un gel neutre, était aussi efficace contre l’acné qu’un traitement classique à base de peroxyde de benzoyle à 5% (comme le Cutacnyl).

Est-ce qu’elle sont dangereuses?

Certaines peuvent être très toxiques : une seule cuillère à café de thuya, par exemple, peut suffire à provoquer la mort. Heureusement, les plus dangereuses ne sont disponibles que sur ordonnance. Innoffensives lorsque l’on respecte les règles d’utilisation, les huiles essentielles en vente libre peuvent le devenir si l’on joue à l’apprentie sorcière. La posologie n’étant pas indiquée sur l’étiquette, seul un aromathérapeute est à même d’indiquer leur utilisation optimale. Voici cependant quelques unes des principales contre-indications.

Toutes les huiles essentielles sont déconseillées d’utilisation dans les premiers mois de la grossesse. Au-delà, demandez conseil à un aromathérapeute. Les essences à base d’agrumes sont photo-sensibilisantes : appliquez-les de préférence au coucher. Certaines huiles appliquées pures, comme la cannelle, peuvent provoquer des brûlures cutanées. Les huiles essentielles contenant des cétones, abortives et neurotoxiques, sont interdites chez les femmes enceintes, les personnes âgées et les épileptiques. Celles contenant des phénols (romarin, clou de girofle) sont hépatoxiques à trop forte dose. Renseignez-vous sur les contre-indications de chaque huile et demandez conseil à un professionnel.

Combien de temps puis-je les conserver?

Les huiles essentielles gardent toutes leur efficacité jusqu’à sept ans dans de bonnes conditions de stockage (flacon bien fermé, tenu à l’écart des chocs thermiques). Des études tendent à montrer que certaines huiles essentielles, (le sapin par exemple), se bonifient avec l’âge, comme les grands crus de vin. Cependant les essences d’agrumes, extraites à froid, ne doivent pas être conservées au delà de deux ans. Les molécules aromatiques étant volatiles, il est indispensable de bien refermer le flacon après chaque usage afin de préserver toute leur efficacité.

D’où viennent de tels écarts de prix entre deux huiles essentielles?

Tout dépend du rendement de la plante utilisée. Par exemple, il faut quatre tonnes de pétales de roses pour recueillir un kilo d’essence. A l’inverse, le clou de girofle est très riche en molécules aromatiques: sept kilos seulement de cette plante sont nécessaires à l’obtention d’un kilo d’essence. Le prix n’est donc pas toujours lié à la qualité du produit. Cependant, les prix trop bas d’huiles dites précieuses (Rose, Jasmin, Santal, Néroli) doivent vous mettre la puce à l’oreille. Elles ont certainement été coupées avec de l’alcool, de l’huile végétale ou autres produits pas toujours naturels.

Mieux vaut mettre le juste prix que faire l’acquisition d’un ersatz inefficace. D’autant plus que ce coût est à relativiser: si vous ne dépassez pas les doses conseillées, il y a fort à parier que votre flacon durera plusieurs années. Un investissement à long terme, en somme.

A lire: L’Aromathérapie, de Dominique Baudoux. Le Guide de l’aromathérapie, Guillaume Gérault.

Par Lucie de Ribier

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