Petite histoire du rouge à lèvres

Le plus intime des objets de maquillage se dévoile dans le livre imaginé par un fervent collectionneur.

« L’époque est grise. J’apporte de la couleur », annonce joyeusement Jean-Marie Martin-Hattemberg, auteur d’un livre sur le rouge à lèvres. On sourit, rien qu’à voir les tubes fantaisistes – en forme de tour de Pise ou de cochon – que les parfumeurs ont imaginés pour se distinguer de leurs concurrents.

C’est un bâton rigolo évoquant Marilyn Monroe qui, le premier, séduisit Jean-Marie, petite poupée blonde en résine ornée d’un col de (vraie) fourrure, commercialisée par Revlon. Notre expert en parfumerie et Art déco auprès des tribunaux croisa la chose lors d’une rencontre annuelle de l’International Perfume Bottle Association (IPBA) aux Etats-Unis. Marilyn n’allait pas rester seule longtemps. Dans les placards du collectionneur, elle est rejointe par 250 tubes, certains élégants, d’autres kitsch, tous différents.

Mordu, Jean-Marie l’est! Sa trouvaille la plus ancienne? Un « étui-glissette » en papier carton signé Roger & Gallet vers 1880. Jusque-là, le fard à lèvres, liquide ou crémeux, se distribuait en fiole ou pot et s’appliquait d’un pinceau tremblotant. Enfin vint le raisin, une pâte teintée à la pulpe de raisin noir. Il se présente en boudin. Pour le loger, on lui invente un tube à bouton pressoir. Rechargeable.

En 1915, un certain Maurice Lévy, outre-Atlantique, dépose un brevet pour un bâton à système coulissant. Eurêka! Le rouge, bientôt, sera sur toutes les bouches. « Il est le symbole de l’émancipation! » s’enthousiasme Martin-Hattemberg. Au XIXe siècle, seules les dames légères, comédiennes ou demi-mondaines, usent de cosmétiques voyants. La guerre de 1914-1918: les hommes sont au front, les femmes relèvent la tête. Elles se maquillent. D’un geste de défi, elles se refont une beauté en public. Et elles fument! Le tube de Rouge Baiser ressemble à un briquet. Pour mieux vous allumer, messieurs…
Laure Colineau, L’Express Styles
Lèvres de luxe, éditions Gourcuff Gradenigo, 192 p., 24 euros.

Visialisez ICI un diaporama sur les rouges à lèvres anciens.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content