« Il y a trop peu d’études qui démontrent l'(in)utilité du soutien-gorge »

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Qu’on le brûle ou qu’on le porte même pour dormir : aujourd’hui, le statut du soutien-gorge pose à nouveau question. Le docteur Lloyd Nanhekhan, chirurgien plastique à l’UZ Leuven est très clair : même si pour beaucoup de femmes, le soutien est littéralement un soutien, toutes les femmes n’en ont pas besoin. « Tout dépend de l’anatomie de la femme en question. »

Deux facteurs jouent un rôle très important: la taille du sein et l’élasticité de la peau. « Si votre couche de graisse sous-cutanée n’est pas très ferme, les seins tombent plus vite et les épaules sont très sollicitées. Par contre si la couche de graisse est suffisamment ferme, les seins devraient pouvoir tenir tout seuls. Même pour le sport, un top moulant peut suffire.

Trop peu de recherches

Pourtant, la très grande majorité des femmes portent un soutien-gorge, y compris celles qui ont les seins petits et fermes. Aussi y a-t-il beaucoup d’ignorance. Pour un vêtement porté aussi massivement et fidèlement, il y a étonnamment peu d’études sur le comment et le pourquoi.

Le spécialiste admet que le soutien-gorge n’est pas un objet d’étude populaire. Il y a trop peu d’études qui démontrent l’utilité ou l’inutilité du soutien-gorge. Au fond, il n’y a qu’une étude connue, et même là les résultats sont douteux. »

Fables et demie-vérités

Il y a beaucoup d’idées reçues sur le soutien-gorge. Certains prétendent qu’il fait justement tomber les seins, et même qu’il est cancérigène. Selon le docteur Nanhekhan, il n’en est rien. « C’est de la bêtise pure, il n’y a pas de recherches fiables qui le prouvent, même si un soutien-gorge trop serré peut entraver la circulation lymphatique, mais c’est le cas pour tous les vêtements. Une ceinture trop serrée peut se révéler tout aussi problématique. »

Cela nous amène au grand problème: beaucoup de femmes ne portent pas le bon soutien-gorge. À en croire une étude de 2011 réalisée par le fabricant de lingerie Van de Velde, 70% des femmes ne porteraient pas la bonne taille.

C’est un phénomène que le docteur Nanhekhan ne connaît que trop bien : « Je reçois souvent des femmes qui n’ont aucune idée de leur taille de bonnet. Alors que c’est évidemment très important. Porter un soutien trop petit ou trop grand n’a pas beaucoup de sens. »

Pression de groupe

Cependant, il n’y a pas que l’aspect médical. Nous avons tellement l’habitude des formes créées par le soutien qu’une pointe de sein dressée attire les regards étonnés. « Les femmes accordent surtout de l’importance au décolleté », poursuit Nanhekhan. « Un soutien donne un effet push-up et fait paraître les seins plus grands. En outre, beaucoup de femmes se sentent plus sûres d’elles et plus attirantes vêtues de lingerie sexy. Il s’agit alors uniquement de l’aspect esthétique. Je pense que c’est pour cette raison que tant de femmes portent un soutien-gorge, qu’elles en aient besoin ou non. » « C’est fou au fond, à quelle rapidité le soutien-gorge s’est ancré dans les habitudes », poursuit-il. « Le vêtement n’a vraiment percé que l’année passée. Avant, il existait déjà, mais peu de gens voyaient l’utilité d’un porter un. À présent, on semble ne plus vouloir s’en passer. C’est aussi une question de pression de groupe : les jeunes filles voient leurs amies acheter leur premier soutien-gorge, et en veulent un aussi. » Le soutien-gorge comme phénomène de mode donc.

Free The Boob

Pourtant, il y a un mouvement contraire qui se dessine: de plus en plus de jeunes femmes disent adieu au vêtement parfois étouffant. Par considération féministe, sous #freethenipple ou non, ou tout simplement par souci de confort.

Le docteur Nanhekhan ne peut qu’acclamer cette évolution. « Pour certaines femmes, un soutien a peu d’utilité. Si vous voulez tout de même en porter un, il n’y a pas de problème. Mais il serait dommage d’en porter un juste parce que c’est ce qu’on attend de vous. Il vaut la peine de bien réfléchir : pourquoi je le mets au fond ? Est-ce que je me sens bien ? Car il n’est certainement pas toujours indispensable. »

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