Vacances en famille: comment éviter le pétage de plomb?

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Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

Le syndrome de burnout ne concerne pas que les travailleurs stressés, il peut aussi toucher sans prévenir les vacanciers. Explication de ce phénomène de surmenage estival et petits conseils pour l’éviter.

Boucler les valises pour toute la famille à la dernière minute après une ultime journée au boulot stressante, parcourir un long trajet, parfois de nuit pour que les petits restent bien sages dans leur siège-auto. Enchaîner le lendemain avec la découverte euphorique de son lieu de vacances, finir la journée éreinté par les cris des enfants qui se chamaillent au bord de la piscine, s’écrouler dans un lit inconnu en espérant y trouver un sommeil paisible (ne pas le trouver). Recommencer le lendemain et le sur-lendemain tout en gérant les courses, les repas (regretter de ne pas avoir réservé une formule All in) et en milieu de séjour, pourquoi pas, une petite lessive.

Les vacances, c’est aussi la période rêvée pour enchainer les invitations d’amis qu’on a pas eu le temps d’honorer pendant l’année scolaire, avec le stress de la préparation d’un BBQ pour plus de dix personnes (sans compter la marmaille). Et pourquoi pas, dans la foulée, s’attaquer à ces tâches ingrates qui traînent depuis des mois sur sa to do list, avec comme réjouissances le rangement de la buanderie, le tri des vêtements de sa garde-robe (et de celles des autres membres de la tribu), le nettoyage de cette corniche qui déborde depuis l’hiver passé…

Nervous breakdown

Les vacances en famille, si elles apportent leur lot de plaisirs, ne sont pourtant pas toujours la bulle de sérénité et de ressourcement tant espérée. Il arrive qu’à un moment on pète carrément un plomb et que survienne sans crier gare la crise de nerfs, avec une intensité plus ou moins violente. On parle alors de « burnout estival », un terme assez paradoxal, même si les psychologues s’entendent sur le fait que cette appellation est un brin exagérée en comparaison avec le burnout qui touche durant l’année beaucoup plus sévèrement de plus en plus de travailleurs.

Le nervous breakdown des vacances touche en particulier les femmes, c’est en effet sur leurs frêles épaules que repose encore de nos jours l’essentiel des tâches ménagères, même en vacances, et de surcroît sur celles des mères célibataires qui ne peuvent pas compter sur une aide extérieure supplémentaire. Ajoutez à cela la pression d’un régime chez ces dames qui espèrent rentrer dans leur bikini avant de poser un orteil sur la plage, et c’est le dérapage assuré.

« Quelques jours après notre retour de France, j’ai carrément pété un câble, éreintée par les pleurs et les demandes incessantes de ma fille de 3 ans, fatiguée par les valises à défaire, les lessives à faire tourner, et déprimée par le retour au boulot qui pointait déjà le bout de son nez. En une semaine de vacances, je n’avais pas l’impression d’avoir pris du bon temps pour moi et je me suis effondrée en pleurs sur le divan« , témoigne Amélie, 35 ans, cadre dans une entreprise.

Une autre source de ce surmenage physique et intellectuel est le fait que les parents modernes n’ont pas été habitués à vivre toute la journée avec leurs enfants en bas âge, ni avec leurs ados en pleine crise. Et si les confinements ont donné un avant goût, en vacances, ils se retrouvent encore à devoir les occuper du matin au soir en voulant se donner à 100% tout en étant aussi disponibles pour leur partenaire et leurs amis. Les rouages sans faille de leur structure hyperorganisée qu’ils ont mis en place pendant l’année scolaire s’en retrouve complètement chamboulée et leur patience en prend un coup. Résultat: une grosse colère qui se répercute sur les enfants suivie d’une immense culpabilité d’avoir perdu les pédales.

Deux semaines de vacances minimum

Cette pression pèse énormément sur les personnes au caractère consciencieux, voire obsessionnel, qui continuent lorsqu’elles se retrouvent en congé à se donner des objectifs intenables explique Anne-France Bouchy, psychothérapeute, sur L’Obs. La spécialiste analyse ce phénomène: « En fait, notre corps est constamment en état d’hyper-mobilisation, il épuise ses réserves d’énergie pour arriver jusqu’à une période de repos où il est censé se relâcher. »

Anne-France Bouchy distille quelques conseils pour éviter de s’énerver. En premier lieu, elle préconise de ne surtout pas passer d’une période d’activité intense à une période creuse. Pour vraiment en profiter, il faut un temps d’adaptation, essentiel pour passer de bonnes vacances. Car pendant toute la première semaine, la fatigue est encore bien présente à cause de la pression qui redescend. Partir pendant une période de minimum deux semaines est dès lors conseillé, « car c’est pendant la deuxième semaine que l’organisme et le psychisme vont reprendre leurs forces et s’adapter à un nouveau rythme et à un nouvel environnement. » La psychologue rajoute : « Si on loupe le virage de l’adaptation, le stress accumulé devient alors négatif et provoque la défaite de l’organisme avec, comme conséquences, l’épuisement et une perte d’énergie. Nous continuons à suivre le même rythme que pendant l’année, avec une activité aussi intense alors que nous avons épuisé nos réserves.« 

Une autre règle d’or, si on n’a pas la chance de passer ses vacances au Club Med, est aussi de garder une bonne communication dans le couple afin de permettre la répartition équitable des tâches ménagères sur le lieu de séjour. Autre conseil préventif: ne pas vouloir à tout prix visiter 36 000 choses noyés dans le flot des touristes et laisser s’installer un rythme naturel, fait de repas tranquilles et d’activités en famille, entrecoupées de siestes, si ressourçantes à tous les âges.

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