Voici le lagom, l’art de mieux vivre avec moins

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Catherine Pleeck

C’est l’état d’esprit en vogue, inspiré d’un art de vivre suédois prônant simplicité assumée et modération joyeuse. Conséquence d’un trop-plein, le concept se décline dans différents aspects de notre vie. Tour d’horizon et mise en pratique.

Prononcez lar-gom ou laaagaume, au risque de passer pour quelqu’un qui n’y connaît rien. Ce concept typiquement scandinave fait actuellement l’objet de toutes les attentions : une dizaine de livres, à paraître ou tout récemment publiés, lui sont consacrés sur le marché anglo-saxon et français.  » C’est la conséquence d’un trop-plein, en matière de consommation et de stress, remarque la journaliste française Anne Thoumieux, qui signe Le livre du lagom, chez First Editions. Qu’il s’agisse de bio ou de slow life, les gens sont en quête de sens. Et s’ils n’ont pas l’opportunité de changer totalement de vie, ils essaient d’améliorer leur quotidien par de petits gestes.  »

Que prône ce terme, difficilement traduisible ? C’est le ni trop, ni trop peu. Ou encore ce qui est juste.  » Cette dernière caractéristique touche non seulement à la quantité, mais aussi à l’éthique, poursuit l’experte en bien-être et tendances. Une consommation raisonnée, une réflexion environnementale. Ne pas seulement ralentir pour soi, mais aussi pour la planète.  » Ce phénomène de modération, ancré dans les mentalités scandinaves, n’est pas pour autant ennuyeux.  » L’objectif n’est pas d’adopter ce mantra en totalité, mais de piocher dans ses préceptes et de privilégier davantage de simplicité. Revenir aux fondamentaux, pour retrouver l’étincelle et s’émerveiller devant l’exceptionnel.  » Illustration, à travers cinq aspects de notre quotidien.

La mode

Dans la sphère fashion, le lagom implique d’acheter moins, mais mieux. Plutôt que d’acquérir dix pulls à 10 euros en grande distribution, choisir une pièce de meilleure qualité, fabriquée en Europe dans des conditions décentes, qu’on aura envie de conserver.  » En matière de style, on opte pour des basiques classiques et sobres, presque passe-partout, pour se fondre dans la masse. Un cool facile, qui semble aller de soi.  » Enfin, on privilégie toujours des looks pratiques, adaptés aux situations. Hors de question d’aller au parc avec ses vêtements du dimanche.

La beauté

Trois règles de base. Un, en finir avec le nombre impressionnant de produits utilisés dans sa routine matinale.  » On s’écarte des injonctions en la matière, on retrouve un peu d’insouciance « , conseille la Française. Deux, favoriser un maquillage simple et naturel.  » Mettre en lumière ses propres traits, plutôt que de les camoufler.  » Trois, penser son hygiène de vie et essayer d’aimer son corps à travers des pratiques sportives plutôt douces, comme la marche ou le yoga.

La gastronomie

Renouer avec les traditions ancestrales et ses racines, qu’il s’agisse de cuisiner en famille la recette de sa grand-mère ou de remettre au goût du jour des plats du passé, rien de plus lagom. Autres attitudes à recopier ? La culture de l’aliment simple, comme une sardine écrasée sur une tranche de pain, à mille lieues des derniers snobismes en vogue. Préférer des restaurants à forte valeur éthique, comme ceux qui distribuent leurs surplus aux défavorisés. Sans oublier d’adopter l’emblématique fika, une pause-café gourmande, véritable moment de convivialité, qui rythme la journée des habitants de Stockholm et d’ailleurs dans les contrées du Nord.

Le design

 » Cette ode à la simplicité transparaît dans le nombre d’objets conservés chez soi, constate Anne Thoumieux. Il faut que ce soit reposant au regard, quitte à faire une tournante dans les bibelots exposés sur son étagère. L’idée est de ne pas surcharger.  » On veillera par ailleurs, ici encore, à s’inspirer de la nature en intégrant des matériaux comme le bois, ou des plantes, qui vont donner vie à l’ensemble… Enfin, priorité à du design pur. Pas forcément des meubles fabriqués par des créateurs connus et des marques hors de prix, mais bien une table sur mesure pensée par quelqu’un dont la démarche est éthique. Histoire de donner du sens à ses actes, toujours.

Les voyages

Place à des activités et des périples qui se déroulent à l’extérieur, qu’il s’agisse de randonnée, de pêche ou de photographie.  » Une connexion à la nature, qui est primordiale pour les Suédois.  » Il est aussi question de respecter les lieux, de les rendre plus beaux qu’à notre arrivée, que ce soit en ramassant un déchet ou en évitant tout type de tourisme qui dégrade l’habitat. Ici également, de la mesure : pas de course à la meilleure photo Instagram, impliquant des destinations inédites ou totalement luxueuses.

Le hygge hier, le gemütlichkeit demain ?

 » Je ne connais pas le lagom de demain, mais cela ne m’étonnerait pas que d’autres mouvements du genre voient le jour ensuite « , prédit Anne Thoumieux, qui scrute les tendances depuis une dizaine d’années pour la presse magazine et le Web.

Chaque culture a ses spécificités. Les Italiens ont la dolce vita, les Danois le désormais médiatisé hygge…  » Et tout comme on ne pense pas forcément visiter la ville dans laquelle on habite, on trouvera un peu plus inspirant et exotique d’aller chercher ailleurs les recettes du bonheur, pour pouvoir les appliquer. « 

A ce rythme-là, certains prédisent déjà de beaux jours au gemütlichkeit allemand, qui se caractérise par une atmosphère chaleureuse, doublée d’une faculté à pouvoir profiter avec insouciance du moment présent.

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