Bienvenue au glamping

Besoin de renouer avec la nature, désir de rompre avec un rythme de vie effréné, envie de dépaysement sans partir au bout du monde : le camping de luxe n’en finit pas de faire de nouveaux adeptes. On a testé. Et largement approuvé.

Ne tournons pas autour du piquet, encore moins autour du sac à dos : le camping n’a jamais figuré sur ma liste des vacances de rêve. Pas même tout en bas de classement, très loin derrière une kyrielle d’hôtels de luxe à Point-à-Pitre ou Kuala Lumpur, de relais & châteaux ou de fermes du XVIIe rénovées avec goût – et avec sauna-hammam-Jacuzzi, de préférence. Il faut dire que mes seules expériences sous tente remontent à mes 9 ans, dans le jardin familial, et à un été capricieux en Toscane où orages et canicule s’étaient ligués pour me conforter dans l’idée que camping et plaisir étaient bel et bien incompatibles.

Pourtant, sous l’effet conjugué d’une certaine tendance bobo-bio et surtout d’une forte pression familiale, j’ai fini par céder. Avec circonspection : pas question pour ce premier séjour au contact de la nature de partir en haute montagne avec la Quechua, les sacs de couchage, les gourdes et les repas lyophilisés. Encore moins d’équiper ma tribu en marcels et bobs Ricard pour se fondre dans la masse d’un parc à campeurs de la Côte d’Azur. C’est donc pour Dieulefit, charmant bourg de 3 200 âmes perché en Drôme provençale que nous partons, le bagage aussi léger que si l’on se rendait à l’hôtel.

Notre point de chute : une cahute dans un parc de 10 hectares avec chênes truffiers, étang et champ de lavande.  » Il a été planté par un agriculteur du coin, qui peut l’exploiter à sa guise, explique Emilie Kiang, responsable avec son mari Thomas du site inauguré par Huttopia en 2011. En échange, il proposera des démonstrations de distillerie à nos clients pendant l’été.  » Une activité qui s’ajoutera aux chants lyriques en plein air, lectures de contes traditionnels et autres randonnées sur le thème de l’astronomie et de la mythologie programmées par le jeune couple – amateurs de karaoké et de concours miss tee-shirt s’abstenir.  » Ce que j’apprécie dans ce concept de vacances nature, respectueuses de l’environnement, c’est la possibilité d’ouvrir les gens au patrimoine et à la culture de la région, poursuit la jeune femme, par ailleurs licenciée en histoire de l’art. C’est nettement plus difficile dans un camping-club ! « 

Picodon et ketchup  » vert « 

Tandis qu’Emilie assure les réservations, l’accueil, l’approvisionnement de la mini-boutique bio – on y trouve entre autres le picodon, savoureux fromage de chèvre local, le vin d’un petit producteur du cru, du dentifrice à base d’argile… et même du ketchup labellisé écocert -, Thomas se charge de la maintenance des communs, de la piscine, de la salle de vie où il propose aussi des pizzas bio au feu de bois. Et bien sûr des 20 canadiennes, autant de cabanes et 14 cahutes que compte le site.

C’est dans l’une de ces dernières que nous posons nos valises, pour quatre nuits, après avoir garé la voiture à l’entrée de ce parc entièrement piéton. Construit sur pilotis pour minimiser son impact sur l’environnement, notre logement se compose d’une tente à l’étage et d’un charmant rez-de-chaussée en dur, où l’on trouve une petite salle de douche avec sanitaires, une pièce centrale avec coin cuisine rudimentaire et même un poêle à bois pour les nuits fraîches. Le tout en matériaux durables, et ponctué de détails conscientisant discrètement le campeur, comme le compteur électrique affichant la consommation journalière ou le gel douche écologique.

Autant de petits gestes qui font écho à ceux, à plus grande échelle, déployés par les concepteurs d’Huttopia, Céline et Philippe Bossanne. Ce couple à la ville comme en affaires a, dès le début des années 2000, remis du  » vert  » au coeur des campings. D’abord en rachetant certains d’entre eux et en y privilégiant les activités tournées vers l’environnement, puis en créant des campements Huttopia ex-nihilo dans des sites naturels, dont le tout dernier, l’an passé, à Dieulefit. Aujourd’hui, la société des Bossanne, qui a aussi installé des bivouacs dans les parcs nationaux québécois, compte une quinzaine de campings en France. Tous répondent à la même philosophie  » green  » : panneaux à l’entrée pour inciter les clients à éviter le gaspillage d’eau et d’électricité ou à trier leurs déchets, eau recyclée pour les sanitaires, chalets en bois non traité imputrescible, location de vélos…

Plutôt citadins et novices

A l’étage de notre cahute, accessible par une échelle de meunier, deux chambres sous un toit de toile. Les matelas sont confortables, les serviettes de bain moelleuses, les lits déjà bordés de couettes épaisses à notre arrivée.  » On veut offrir du vrai camping, mais avec des prestations d’hôtellerie « , ponctue Emilie Kiang. De quoi répondre aux attentes du client type,  » plutôt citadin et qui n’a pas l’habitude de camper, et serait même parfois effrayé par le camping traditionnel. Mais qui a envie de nature et trouve que commencer par un séjour à Dieulefit est un bon début.  » Tiens, on dirait moi. Et aussi une frange de plus en plus importante de la population, puisque depuis quelques années l’écotourisme gagne des points dans les statistiques de vacances. Ainsi, en France, le marché a progressé de plus de 10 % chaque année depuis 2000. Et, n’en déplaise à Patrick Chirac (alias Franck Dubosc) et à ses potes des Flots Bleus, 36 % de la clientèle des campings appartient aux catégories socio-professionnelles supérieures, selon la Fédération de l’hôtellerie de plein air. Un engouement directement lié à notre besoin de rompre avec un quotidien anxiogène, sans doute. Car après quatre nuits au glamping, je vous le confirme : on n’a rien inventé de mieux, pour oublier le stress, renouer avec soi et retrouver un sommeil réparateur, que dormir sous une tente… de luxe.

Par Delphine Kindermans

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content