A quelques jours des fêtes, les huîtres surveillées comme de véritables trésors

Vidéosurveillance, caméras sur drone, jumelles à vision nocturne, puces électroniques, patrouilles en chaland ou pirogues: à quelques semaines de Noël, les huîtres, proies tentantes pour les voleurs, sont surveillées de très près sur les côtes françaises.

Vidéosurveillance, caméras sur drone, jumelles à vision nocturne, puces électroniques, patrouilles en chaland ou pirogues: à quelques semaines de Noël, les huîtres, proies tentantes pour les voleurs, sont surveillées de très près sur les côtes françaises.

Avant même le lever du jour, un chaland ostréicole -une petite barge- quitte le petit port de La Tremblade, au coeur du bassin de Marennes-Oléron sur la côte ouest de la France, et prend la mer sans bruit, grâce à son moteur quatre temps.

A quelques jours des fêtes, les huîtres surveillées comme de véritables trésors
© AFP

A bord, le chef des deux brigades nautiques de la gendarmerie de Charente-Maritime, l’adjudant-chef Christophe Laferrière, et trois de ses hommes, ainsi que deux canoë-kayaks et des jumelles à vision nocturne. Direction les parcs à huîtres. « On cherche des lumières qui se déplacent dans la zone ostréicole, qui pourraient être celles de voleurs », chuchote le sous-officier.

C’est sur un pan important de l’économie de la région que veille la maréchaussée: l’ostréiculture y représente le tiers des expéditions nationales d’huîtres, soit environ 30.000 tonnes. Et les seules fêtes de fin d’année comptent pour la moitié du chiffre d’affaires des 960 exploitants locaux.

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Surtout, le secteur a été fragilisé par une importante crise de mortalité des huîtres entre 2008 et 2014, avec certaines années jusqu’à 90% de pertes.

Le cours de l’huître s’est envolé et les vols ont suivi la même courbe, avec un pic en 2011: 40 tonnes dérobées. Depuis, le volume avait chuté jusqu’à huit tonnes en 2015. Mais le phénomène reprend: 17,5 tonnes en 2016 et déjà huit début décembre 2017, selon la gendarmerie. Plutôt treize tonnes, pense le Comité régional de la conchyliculture, tous les vols n’étant pas signalés officiellement.

Les « claires », bassins argileux peu profonds pour l’affinage des huîtres, sont régulièrement visées. « Elles sont faciles d’accès et le produit y est mûr, à portée de main », explique Sébastien Viollet, un ostréiculteur satisfait de l’action des militaires, à qui les gardes-jurés maritimes donnent un coup de main.

Employés par le comité conchylicole, ces gardes-jurés veillent au respect des règlements. Sans pouvoir de police, ils patrouillent néanmoins et collaborent avec les forces de l’ordre.

Croiser les doigts

Les gendarmes organisent chaque semaine deux à trois contrôles en mer, régulièrement couplés avec des opérations à terre. En canoë-kayak, ils se glissent furtivement dans les canaux qui alimentent les claires en eau salée ou inspectent de loin aux jumelles à vision nocturne.

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Au comité régional de la conchyliculture, le garde-juré Francis Bédis, pilote professionnel de drone, « contrôle les parcs à huîtres depuis le ciel ».

« Je réalise aussi des relevés dans les claires. On peut même y faire des comptages précis des quantités. En croisant les images avec le cadastre ostréicole, on peut détecter des stocks suspects », car les ostréiculteurs eux-mêmes sont les premiers soupçonnés.

Certains ont investi dans la vidéosurveillance autour de leurs claires. « Mais pour cela il faut l’électricité », pointe Gérald Viaud, le président du Comité régional. D’autres font appel à des sociétés de gardiennage. « Mais beaucoup se contentent de croiser les doigts. » « Lutter contre les vols est très compliqué, constate l’adjudant-chef. Rien ne permet de distinguer l’origine d’une huître, rien ne matérialise les parcs en mer pour savoir si chacun est bien sur sa concession, et les poches d’huîtres sont toutes les mêmes. Certains professionnels les ferment d’une façon identifiable mais très peu encore ont recours aux puces GPS cachées dans les coquillages. »

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Les gendarmes en sont convaincus: la plupart des vols sont commis par des ostréiculteurs, même si le Comité régional de la conchyliculture pointe aussi les particuliers lorsqu’il s’agit de « petits vols » de moins de 500 kg. « Cette année, un seul vol a concerné sept tonnes d’huîtres. Pour cela il faut du matériel, relève l’adjudant-chef Laferrière. Entre 2010 et 2017, huit personnes ont été interpellés pour un total de 28 tonnes d’huîtres subtilisées. Six étaient des professionnels en activité ou à la retraite. »

D’ailleurs, les rondes en mer se font à bord d’un chaland ostréicole saisi par la justice en 2011.

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