L’avocat tente de redorer son image en Europe

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L’avocat, fruit du sud, lance une vaste offensive diplomatique et commerciale vers la vieille Europe, où les problèmes sociaux et environnementaux créés par la culture de ce nouvel or vert inquiètent certains consommateurs.

« L’avocat, un fruit de vie »: Xavier Equihua, président de la toute nouvelle Organisation mondiale de l’avocat (WAO) basée à Washington, répète le slogan en boucle lors d’un séjour à Paris, destiné à promouvoir la consommation du fruit vert en Europe.

Il est moins disert sur diverses polémiques récentes portant sur les conséquences de la culture industrialisée de l’avocat dans plusieurs pays d’Amérique du sud.

Au Mexique, premier producteur mondial du fruit, « il y a bien un problème avec les cartels », concède-t-il en réponse à une question. « C’est comme aux Etats-Unis dans les années 20, la mafia voit des gens (les producteurs d’avocats, NDR) qui gagnent bien leur vie et veut une part du gâteau », explique-t-il dans un entretien à l’AFP.

Devant les extorsions violentes dont sont victimes des producteurs d’avocats dans certaines régions mexicaines, il avoue l’impuissance de l’organisme qu’il préside, WAO, créé en février 2016 par le Mexique, le Pérou, les Etats-Unis et l’Afrique du sud.

« Au Mexique, les paysans ont dû s’organiser en créant leurs propres milices » dit-il. « Nous ne sommes pas la République de l’avocat, nous n’avons pas notre propre armée, nous ne sommes qu’une association commerciale », s’excuse-t-il. Ce qu’il présentait comme « l’ONU de l’avocat » n’est qu’un organisme de promotion commerciale et de lobbying.

Côté environnement, M. Equihua ne nie pas les gros besoins en eau de cette culture, mais les minimise auprès de l’AFP: « quelle culture n’a pas besoin d’eau? ».

Selon lui, l’eau ne manque ni au Mexique, ni au Pérou grâce à la neige des Andes, ni même en Californie, où les nappes phréatiques se sont remplies après de fortes pluies l’hiver dernier.

Reste le Chili, où de nombreux petits planteurs d’avocats se trouvent dépossédés de leurs terres par manque d’accès à l’eau, selon le film documentaire « L’avocat, un fruit qui fait sa loi », visible sur Youtube. Là, M. Equihua bat en retraite: « le Chili n’est pas membre du WAO, je ne peux pas parler pour eux ».

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Comme un acteur en tournée, M. Equihua, Californien d’origine mexicaine qui partage sa vie entre San Diego et Washington, a rencontré jeudi plusieurs journalistes dans un hôtel du centre de Paris.

‘Paris, épicentre de l’avocat’

Au menu, toast à l’avocat, et smoothie à l’avocat, la dernière fantaisie des « foodistas » californiens pour le petit déjeuner.

Pour lui, la capitale française est « l’épicentre de l’avocat » en Europe. La ville où l’on en consomme le plus par habitant et par an: 2,6 kilos.

La consommation dans l’Union Européenne devrait gonfler à 500.000 tonnes par an d’ici 2020 contre 400.000 en 2016, selon lui. Le marché est d’autant plus attirant pour les producteurs du nouveau monde que le fruit est très peu produit sur le vieux continent, seulement en Espagne, en Grèce « et un peu en Corse ». Car cet arbre ne supporte pas le gel.

Un budget de communication de 2,5 millions d’euros est prévu par le WAO dans l’espoir de doper les ventes dans cinq pays cibles: Grande-Bretagne, France, Allemagne, Norvège et Suède.

Entre 2002 et 2015, une campagne du même type avait permis de tripler la consommation aux Etats-Unis, à trois kilos par habitant et par an, selon la revue Fruitop publiée par le centre de recherche agronomique français Cirad.

Côté médias, la campagne se déclinera dans les magazines distribués gratuitement aux caisses des supermarchés. Leur « tirage est supérieur à ceux de la presse payante », sourit M. Equihua.

En Grande-Bretagne, le WAO va aussi repeindre les bus rouges en vert pour promouvoir le « fruit de vie ». En France, le WAO va financer des concours sur les réseaux sociaux, avec voiture électrique à la clé, via des chaînes de distributeurs comme Monoprix ou Carrefour.

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