La force des vins italiens : leur diversité

© Nick Postorino / Flickr

Sourire aux lèvres et verre de « Pecorino », vin blanc italien récemment redécouvert, à la main, Fabio Centini, un des 55.000 professionnels venus au salon VinItaly, se dit un homme heureux.

« Je n’avais jamais entendu parler de ce raisin il y a 15 ans », explique à l’AFP ce chef-restaurateur originaire de Calgary (Canada), lors d’une dégustation des meilleurs « Pecorino », un vin orignaire des Marches (centre-est). « Mais c’est exactement ce que mes clients veulent. Les gens recherchent de nouvelles variétés, de nouvelles expériences », ajoute-t-il.

Fabi Centini est l’un des professionnels venus de 141 pays à Vérone (nord) cette semaine pour ce salon VinItaly, gigantesque rassemblement de ce que l’Italie peut offrir aux amoureux du vin.

Cette 50e édition bat tous les records et témoigne du succès d’une industrie qui rassemble quelque 1,5 million de personnes et produit plus de vins que n’importe quel autre pays dans le monde.

Emmenées par le boom des ventes du Prosecco, vin pétillant qui a dépassé le Champagne dans plusieurs pays, les exportations totales de vin italien, toutes catégories confondues, ont atteint l’an dernier le montant record de 5,4 milliards d’euros, en hausse de 5% par rapport à 2014.

Et rien ne semble devoir freiner cette tendance.

Une étude de la banque Mediobanca indique que 92% des producteurs anticipent de meilleures ventes en 2016, grâce à des investissements en hausse de 18% l’an dernier, et de 37% pour le seul secteur des vins pétillants.

Qualité discutable

Il est loin le temps où l’Italie se résumait à quelques bouteilles de Chianti entourées de paille, de qualité et de provenance plutôt discutables.

Le rouge italien a particulièrement progressé. Et notamment les variétés Aglianico, Negroamaro, Nero d’Avola et Primitivo, du sud et de la Sicile ou de Montepulciano, en Toscane, en passant par la région centrale des Abruzzes.

L’extrême diversité du vin italien peut déconcerter le consommateur, mais pour l’expert en vin italien Andrea Grignaffinin, elle est en réalité devenue une force. « Souvent, le même raisin est traité différement selon les régions italiennes, et même à l’intérieur de la même région. C’est compliqué à comprendre, même pour les Italiens ! », explique-t-il.

« Mais c’est l’Italie ! et l’industrie bouge tellement vite, les habitudes changent. Quand un vin est passé de mode, il est bon d’en avoir un autre à offrir », ajoute cet expert.

Les grands sommeliers et experts mondiaux du vin reconnaissent aujoud’hui les progrès réalisés en termes de qualité, particulièrement pour les meilleurs Brunello, Chianti Classico, Barolo et Barbaresco depuis les années 80.

Les meilleurs crus ont dû aussi travailler à la transmission d’un « sens des origines, d’un terroir », à l’image du Bourgogne en France, explique de son côté Stephanie Cuadra, qui travaille pour la maison toscane Querciabella.

« En termes de grands crus, nous sommes clairement une alternative à la France, et au moment où les pays émergents renforcent leur curiosité en matière de vins, c’est une évolution naturelle », explique-t-elle.

Les vins italiens sont peut-être meilleurs que les vins français, selon le chef du gouvernement italien Matteo Renzi, en visite lundi à Vérone, les Français, a-t-il néamoins concédé, se sont montrés plus habiles à vendre leurs vins dans le monde.

Les vins français coûtent en moyenne 120% plus cher que la production italienne, et les exportations françaises sont supérieures de 60% en valeur aux exportations italiennes, supérieures en volume.

Mais rien n’est joué alors qu’il existe encore des marges de croissance énormes en Asie, qui a seulement représenté l’an dernier 3,4% des exportations italiennes. Les producteurs italiens sont particulièrement sous-représentés en Chine, qui a pourtant augmenté de 60% l’an dernier ses importations totales de vin, mais de seulement 15% en ce qui concerne les vins italiens.

Cela pourrait changer. Jack Ma, fondateur d’Alibaba, la plus grosse plate-forme de commerce en ligne dans le monde qui vient d’acquérir le vignoble bordelais de Sours il y a quelques semaines, a promis cette semaine à Vérone d’aider l’Italie. « La Chine comptera d’ici dix ans quelque 500 millions de consommateurs issus de la classe supérieure ou moyenne », a-t-il ainsi remarqué, en offrant d’être la porte d’entrée en Chine du vin italien.

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