La Jambe-de-Bois

Je viens de m’enfiler quelques échantillons de bière. Rassurez-vous, tout cela est on ne peut plus professionnel dans la mesure où il s’agissait de préparer un article sur la Revanche du Houblon qui paraîtra le 2 septembre dans LeVif Weekend – soit le spécial Mode, c’est Belge.

A la base de cet article, une constatation, la bière suscite à nouveau l’engouement d’un public élargi. Dans les bars en vue, il n’est plus dégradant d’être vu une mousse à la main. Pour moi, cela ne change pas grand-chose car j’ai toujours aimé le houblon – du coup, j’ai longtemps passé pour un paria mais il semble que mon heure soit venue. Je me suis donc mis en chasse d’une série de brasseurs alternatifs qui n’entendent pas succomber au chant des sirènes de l’uniformisation du goût. Parmi les artisans entrés en résistance que j’ai rencontrés, deux m’ont particulièrement impressionné : Yvan De Baets et Bernard Leboucq, tandem à la tête de la Brasserie de la Senne. Accrochés farouchement à leur terroir – Bruxelles -, ces deux gars-là sont des sombres héros de l’amer. Loin de la facilité, ils signent des bouteilles avec une vraie amertume, fidèles en cela à une image précise qu’ils ont d’un produit qui les passionne. Le duo travaille à l’ancienne en respectant un processus de fabrication qui dure 6 semaines là où la plupart des bières industrielles sont torchées en quelques jours. La différence ? On la goûte bien entendu mais on la sent aussi avec des bières faisant valoir une vraie complexité aromatique. Dans la gamme, j’ai été scotché par la Jambe-de-Bois, une blonde légèrement cuivrée. Tout me plaît dans cette bière. D’abord l’étiquette très graphique – que l’on doit à Jean-Sébastien Govaert – qui évolue quelque part entre les codes esthétiques de la propagande soviétique et les lignes géométriques d’un Ever Meulen. J’aime aussi le storytelling de l’étiquette qui fait allusion à l’histoire d’un soldat napoléonien venu de Liège en 1830 pour bouter les Hollandais hors de Belgique. L’homme était en première ligne… malgré sa jambe-de-bois. J’aime aussi le fait qu’il s’agisse d’une interprétation très personnelle d’une bière triple dont – c’est d’ailleurs très dangereux, j’en ai fait les frais – on ne sent pas les 8% d’alcool. Je suis également fan de son nez qui évoque la banane mûre. Sans oublier le côté sec et la belle amertume qui est définitivement la signature de la Brasserie de la Senne.

MV

www.brasseriedelasenne.be

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content