La truffe, victime du réchauffement climatique

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Les trufficulteurs, habitués depuis des décennies à gérer la rareté du diamant noir, doivent désormais affronter aussi les effets du réchauffement climatique.

Produit rare par excellence, le diamant noir doit faire face à un nouvel adversaire. « On ne fait pas de publicité pour la truffe, on gère la pénurie », dit Jean-Charles Savignac, président de la Fédération française des trufficulteurs (FFT). Pendant la campagne 2009/2010 où l’eau, vitale pour la truffe noire, a fait défaut, 25 tonnes environ ont été récoltées dans les sept régions productrices françaises. « Si on en avait fourni cent fois plus, tout serait parti », poursuit-il. « Dans les années 1960, on avait des tonnages annuels de l’ordre de 200 à 300 et ça se vendait sans la moindre difficulté, sans remonter aux 1 000 tonnes un peu mythiques d’il y a un siècle ».

A Lalbenque, village lotois de 1 600 âmes qui accueille le premier marché au gros du Sud-Ouest, il a suffi de quelques minutes pour que s’arrachent la soixantaine de kilos proposés par les trufficulteurs. Cours du précieux tubercule en ce premier marché de la saison: entre 400 et 600 euros/kg pour la vente en gros, 1 000 euros/kg au détail.

Victime du manque d’eau

Le déclin de la production en France s’explique par l’exode rural après la Seconde Guerre mondiale et par la concurrence d’autres champignons. Et les aléas climatiques n’arrangent rien. « La truffe, très sensible à l’eau, est un peu un marqueur des changements climatiques », dit le président de la FFT. « La raréfaction des productions est certainement impactée par ce phénomène ». En 2003, année de la canicule, déclare Pierre Sourzat, spécialiste de la truffe, « les trois quarts des truffières naturelles ont disparu. Dans les plantations, deux tiers à trois quarts des arbres ont cessé de produire les années suivantes ».

Le secteur ne reste pas les bras ballants. « Tous les ans, on plante en France 300 à 400 000 arbres, soit un millier d’hectares supplémentaires » dédiés à la truffe, dit Jean-Charles Savignac. « Si bien que, les plus mauvaises années, on atteint une production d’une vingtaine de tonnes plutôt qu’une dizaine si rien n’avait été fait ». Cette politique volontariste s’accompagne des subventions des conseils régionaux et généraux; l’Etat, lui, participe au financement d’expérimentations sur l’amélioration des techniques de production. En attendant, les trufficulteurs de Lalbenque espèrent que la saison sera meilleure que l’an dernier: seuls 500 kg de truffes des Causses du Quercy avaient alors été produits.

LExpress Styles

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