Le dogme « 5 fruits et légumes » remis en cause

Beaucoup de campagnes pour rien? Une très vaste étude remet en question le rôle préventif des fruits et des légumes sur le cancer.

Lancé par l’Organisation mondiale de la santé en 1990, le message a depuis été martelé comme une évidence dans toutes les langues: « Manger 5 fruits et légumes par jour réduit le risque de cancer. »

Malheureusement, cette affirmation serait scientifiquement fausse, ou tout au moins très exagérée, selon une étude de grande envergure. Une équipe de chercheurs de l’école de médecine du Mount Sinai, à New York, a analysé les données d’une cohorte de 400 000 hommes et femmes de dix pays européens (France, Danemark, Allemagne, Grèce, Italie, Pays-Bas, Grande-Bretagne, Espagne, Norvège, Suède), dont les habitudes alimentaires et les maladies ont été décortiquées pendant près de dix ans. Pour 30 000 d’entre eux, un cancer a été diagnostiqué durant cette période.

Un effet préventif « très modeste »

Bien que les résultats montrent une petite corrélation entre une consommation très élevée de fruits et légumes et une réduction du risque cancéreux, cet effet protecteur apparaît, selon les chercheurs, « au mieux très modeste ». Et si l’apport de légumes frais présente un léger bénéfice, ce bienfait n’est observable que sur les femmes.

Les gros buveurs qui mangent régulièrement leurs cinq fruits et légumes quotidiens, quant à eux, semblent moins exposés aux cancers liés à l’alcool et au tabac, mais pas aux autres. Plusieurs études précédentes avaient déjà introduit un doute sur l’efficacité du mantra de l’OMS, initié voilà vingt ans sur la base d’observations empiriques. « Celle-ci confirme de façon incontestable l’absence de relation entre la consommation de végétaux et l’incidence du cancer », affirme Walter Willet, professeur à l’école de santé publique de l’université Harvard, dans le Journal of the National Cancer Institute.

Seul bémol à cette exécution en règle: elle ne remet pas en question les avantages du régime légumes-fruits en ce qui concerne la prévention des maladies cardio-vasculaires. Jusqu’à nouvel ordre?

Gilbert Charles pour LExpress Styles

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