Le Languedoc, une terre d’arômes

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Le plus grand vignoble de France est également le plus dynamique : aujourd’hui, le gros rouge a fait place à une gamme aussi variée que qualitative. Pas étonnant que le Languedoc-Roussillon se soit lancé dans l’oenotourisme. Quelques découvertes, à cueillir entre Perpignan et Montpellier.

Le prix du cheminement spirituel

Le Languedoc, une terre d'arômes
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C’est une fort jolie route qui, à l’est de Narbonne, mène à la mer en passant par le domaine de L’Hospitalet. C’est le deuxième plus étendu (80 hectares) de l’empire bâti par Gérard Bertrand, retourné à la tradition familiale après dix ans de rugby professionnel. Le site peut se prévaloir de deux attraits : la colline voisine offre une vue plongeante sur les meilleures vignes, cultivées en biodynamie, et elle porte jusqu’au bord de mer, tandis que la cave de dégustation aligne l’ensemble des vins du groupe, soit plus d’une centaine ! Pas d’entrée de gamme ici, mais des flacons de qualité affichant des prix en rapport : 28 euros pour le Cigalus, 43 euros pour l’Hospitalitas et le Viola. Top du top : le Clos d’Ora, « né d’un cheminement spirituel » et dont le millier de bouteilles annuelles est produit dans un vignoble labouré au cheval. Ce seigneur est vendu en caisse de bois individuelle au tarif de 190 euros. Gérard Bertrand voit grand et vise haut !

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Siège et vitrine du groupe, L’Hospitalet offre le gîte et le couvert, sur un site agrémenté de quelques boutiques et accueillant divers événements. L’hôtel 3-étoiles vient d’être rénové en couleurs plus douces et le restaurant dévoile une amusante formule permettant de goûter plusieurs crus en libre-service. On en profiterait toutefois davantage avec des assiettes moins chichement servies…

www.chateau-hospitalet.com

Un domaine devenu village

Au nord de Narbonne, la petite ville de Capestang s’est trouvé une nouvelle vocation avec le tourisme fluvial sur le canal du Midi. Les péniches et vedettes amarrées dans la zone de la capitainerie accaparent des kilomètres de rives, ponctuées de restaurants et agences de location.

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C’est à trois kilomètres de ce charmant endroit, sur la commune de Quarante, que l’Irlandais Karl O’Hanlon a déniché et rénové le château Les Carrasses. Un imposant domaine viticole, en réalité, avec cellier, étable, maison du forgeron, grenier, etc., qui abrite depuis 2011 pas moins de vingt-huit hébergements luxueux et spacieux (35 à 150 m2), allant de l’appartement pour deux personnes à la maison de trois chambres avec piscine. Tous agrémentés d’un coin cuisine, ces logements se louent de 199 à 549 euros par jour en moyenne saison et de 265 à 777 euros en très haute saison. Grande terrasse et belle piscine à débordement au pied du château, boulodrome et court de tennis dans le parc de 5 hectares. Le confort de l’espace prévaut donc à l’extérieur comme à l’intérieur dans ce domaine clos où les enfants sont bienvenus.

L’endroit se définissait naguère par « vignobles + demeures de luxe + brasserie ». Les vignes environnantes sont en fait exploitées par le groupe Bonfils, devenu partenaire de Karl O’Hanlon dans plusieurs projets. Quant à la brasserie, où les vins régionaux sont un brin chers, elle fournit à prix plutôt doux une bonne cuisine classique et méditerranéenne, servie avec le sourire. Avec leur allure de petit village de vacances très haut de gamme, Les Carrasses offrent un luxe décontracté dans un cadre reposant. On comprend que le domaine soit considéré comme un modèle en matière d’oenotourisme.

www.lescarrasses.com

L’élégance et le calme

Village historique situé à 370 mètres d’altitude, à flanc de collines dominant la plaine du Roussillon et annonçant les Pyrénées, Bélesta témoigne de la métamorphose vécue par cette région vinicole. L’ancienne cave coopérative accueille aujourd’hui un très moderne hôtel 4-étoiles de dix-huit chambres et suites, dont celles du rez-de-chaussée occupent les cuves (pas d’inquiétude : cela ne se voit pas de l’intérieur !). Cinq autres abritent depuis l’an dernier un coquet petit spa.

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Le domaine Riberach, auxquels ses promoteurs ont donné le nom que le bourg portait au Moyen Age, reste toutefois tourné vers le vin : on y produit près de 40 000 bouteilles par an. A comparer aux 40 000… hectolitres que pouvait stocker la défunte coopérative, soit 133 fois plus ! Des flacons aux étiquettes sobres et intellos : de la synthèse rouge vendue 15 euros à l’hypothèse, issue de vignes plus que centenaires, affichée à 50 euros, en passant par deux rosés et quelques blancs. Proposant également les productions de viticulteurs amis, la boutique, lumineusement contemporaine, participe à l’attrait du lieu. Tout comme le restaurant La Coopérative, qui a pris possession du majestueux hall central de cet immense immeuble rescapé d’un temps révolu. Son chef Laurent Lemal en a fait une table fort réputée dans la région, agrémentée d’une étoile Michelin. Il y régale d’une cuisine aérée et inventive plutôt que roborative. Menus de 34 euros (repas léger) à 85 euros. Imposante carte des vins. Trois raisons d’y faire une halte.

www.riberach.com

Le luxe rural à prix sage

Passé Béziers et Pézenas, c’est l’abbaye de Valmagne qui constitue une halte aussi naturelle que sympathique. Elle n’a pas l’ampleur de Fontfroide (lire par ailleurs) mais, outre une église aux dimensions surprenantes, elle se distingue par le rarissime lavabo (aussi appelé fontaine) du cloître, où les moines se lavaient les mains : il n’en subsisterait que trois en France ! Valmagne, c’est également un domaine viticole, entièrement bio depuis 2005, qui propose une douzaine de flacons allant de l’IGP Collines de la Moure (6 euros) à la cuvée Cardinal de Bonzi (21 euros), un vin de garde d’appellation Grès de Montpellier. Le restaurant cuisine des produits locaux (et même maison pour les fruits et légumes) et affiche une carte à prix démocratiques, comme les vins de la propriété.

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Cap sur Montagnac, à une dizaine de kilomètres. Le groupe Paul Mas, autre géant né avec le renouveau du Languedoc, a créé ici Côté Mas : une halte gourmande déclinée en bar à vins, restaurant, cours de cuisine et boutique fournissant une centaine de flacons maison. Particularité du groupe, qui a pour amusante devise « le luxe rural depuis 1892 » : outre ses onze domaines, il traite le raisin de viticulteurs exploitant au total plus de 1 300 hectares. D’où ce large choix, qui démarre à des tarifs très sages.

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Le domaine suggère diverses formules de visite, dégustation, ainsi que des promenades à cheval. L’hébergement in situ se limite à deux belles suites (avec diverses alternatives aux environs), dont on apprécie le confort en rentrant du resto voisin, une halte indispensable. Jugez-en : jolies assiettes, superbes cuissons et addition douce : le menu 5 mets/5 vins est affiché à 59 euros, son grand frère 10 mets/10 vins à 89 euros. Tout simplement bluffant pour une telle qualité, servie sans avarice !

beta.valmagne.com, www.cote-mas.fr

Rivesaltes et Fontfroide

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Non loin de Perpignan, on s’arrête assez naturellement à Rivesaltes, petite ville ayant donné son nom au vin doux qui fait sa renommée. Avec ses 220 hectares cultivés en bio et biodynamie et ses treize propositions de breuvages, la Maison Cazes est ici emblématique. Les Rivesaltes ambré, tuilé et grenat, ces variétés naturelles réputées, sont complétées par un amusant muscat de Noël qui sort en primeur, dès novembre. Le domaine a ouvert un restaurant pour accueillir les visiteurs, dont on apprécie la table… et le modeste « droit de bouchon » appliqué aux flacons maison. Ne pas rater, juste à côté, des foudres aussi géants qu’historiques ! Pour le logement, la maison suggère le Mas Latour Lavail, chambres d’hôtes haut de gamme, en banlieue verte de Perpignan.

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Emprunter l’ancienne route plutôt que l’autoroute pour remonter vers Narbonne permet de faire une halte au spectaculaire fort de Salses, construit pour défendre un Roussillon alors aragonais. Plus haut, l’abbaye de Fontfroide est une étape incontournable. D’autant que la visite de ce site majeur de la région, propriété privée depuis 1908, peut se prolonger à la boutique. Question de faire connaissance avec les quatorze vins (de 6,50 à 28,80 euros) produits sur les 40 hectares de la propriété qui, abrités par le massif voisin, bénéficient d’un climat un chouïa plus frais. Outre une riche gamme de cépages locaux, on y trouve quelques curiosités, comme un muscat sec. Ici, les bouteilles s’appellent Ocellus, 1093 (date de la fondation de l’abbaye) ou encore Deo Gracias…

www.fontfroide.com

www.cazes-rivesaltes.com

PAR PIERRE LECOMTE

En pratique

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www.destinationsuddefrance.com

Y aller

Le Languedoc n’étant pas à côté de la porte (1 000 km environ), l’avion est préférable pour un court séjour, en louant une voiture sur place. Perpignan et Montpellier sont desservis par Ryanair, 3 fois par semaine au départ de Charleroi.

www.ryanair.com

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