Le premier brasseur mondial relance une vieille gueuze, ce qui n’est pas du goût des brasseurs artisanaux

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La gueuze artisanale a le vent en poupe ces derniers temps. Les Cantillon (Anderlecht), Drie Fonteinen (Beersel) et Boon (Lembeek) ont acquis une renommée internationale avec leurs bières qui partent à prix d’or, sur internet notamment. De quoi réveiller le premier groupe brassicole mondial AB InBev qui ces dernières années avait considérablement réduit ses efforts de promotion de ses gueuzes industrielles. Aujourd’hui, le groupe relance une vieille gueuze et une kriek qui seront produites sur le site de sa filiale Bellevue acquise en 1991.

Le marché de la vieille gueuze est très restreint. Tous les acteurs rassemblés, cette bière ne représente que 17.000 hectolitres, un secteur de niche pour un géant comme AB InBev, détenteur des locomotives Jupiler, Hoegaarden ou Leffe. Mais le groupe a beau évoluer dans une autre dimension, il ne ménage pas ses investissements dans le secteur artisanal, reprenant de nombreuses petites brasseries aux Etats-Unis et en Europe, principalement.

La récente initiative prise à Bellevue s’inscrit dans la même lignée: se donner une image authentique en réalisant quelques bières qui ont la cote auprès d’un public de plus en plus à la recherche de produits traditionnels et locaux.

Les gueuzes Tilquin
Les gueuzes Tilquin© DR

Une démarche qui ne plaît guère aux producteurs de gueuzes artisanales. « Le fond ne me plaît pas », explique Jean Van Roy, responsable de la brasserie Cantillon. Lui comme Pierre Tilquin, établi à Bierghes, n’acceptent pas que « de gros brasseurs essaient de se donner une légitimité en produisant une toute petite quantité de traditionnel ».

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chez Cantillon
chez Cantillon © BELGAIMAGE

La production à Leeuw-Saint-Pierre ne dépassera en effet pas les 250 hectolitres pour cette première année. Et il est clair que ce lancement doit aussi redonner des couleurs à la gamme classique de gueuze et kriek Bellevue dont la production s’est réduite à peau de chagrin, tombant à 30.000 hectolitres annuels contre un total dix fois supérieur dans les années ’70, à l’ère Vanden Stock. « Nous voulons montrer que Bellevue existe encore. L’histoire est encore là », souligne Thierry Vanbeselaere, responsable qualité chez Bellevue.

Le retour des Sélection Lambic, Vieille Gueuze et Kriek, déjà produites dans les années nonante, ravit le personnel sur place, Fouad, entré en 1986 chez Bellevue, évoquant un « agréable retour dans le temps ». La vieille gueuze est l’une des rares bières à bénéficier de la protection européenne « Spécialité traditionnelle garantie ». Ce label n’est pas lié à des critères géographiques mais bien à la méthode de production. Le Haut conseil pour bières lambic artisanales (Horal) veille notamment à dénoncer toutes les irrégularités liées au lambic dont la gueuze est issue. Le président de l’Horal, Frank Boon, indiquait ne pas encore avoir goûté la nouvelle venue.

Frederik Rogge, responsable des négociants chez AB InBev, est confiant. « Notre gueuze est issue de trois lambics d’âge différent dont l’un a plus de trois ans. La bière est en outre refermentée en bouteille pendant six mois », ajoute-t-il. Les deux bières seront disponibles en Région bruxelloise et dans ses environs, dès juillet pour la kriek qui ne subit pas de fermentation en bouteille, et en novembre pour la gueuze qui doit encore un peu mûrir. (

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