Notre Top 10 des restaurants testés en 2017

Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

C’est l’heure du coup d’oeil dans le rétroviseur. Avec la régularité du métronome, nous vous livrons notre Top 10 des restaurants pour 2017.

Pour éviter les malentendus, on rappellera qu’il ne s’agit pas des « meilleurs restaurants de Belgique » mais bien des meilleures enseignes parmi celles où la subjectivité, le bouche-à-oreille et parfois un soupçon de hasard nous ont conduit durant l’année écoulée. Rien d’universel, rien de prétentieux, ni de gravé dans le marbre donc, juste un classement modeste et joueur opéré de manière conforme aux règles de déontologie les plus élémentaires – du moins, à nos yeux.

10. La Pouletterie

La Pouletterie en ville
La Pouletterie en ville© brussels’ kitchen

De la volaille de luxe proposée sous les 10 euros ? Si, ça existe. Imaginé par Frédéric Antoine, producteur en vue du côté de Lustin, et cuisiné par Alexandre Moormann, le concept prend place dans un ancien garage joliment transformé en cantine urbaine démocratique. L’idée vaut son pesant de cacahuètes à condition de ne pas chercher ici le confort d’une table « classique ». La Pouletterie en ville c’est un fast good un peu brutal où l’on commande son plat sans façon dans une sorte de caravane. La suite s’écrit dans des « assiettes » de carton recyclable, pas très pratiques, à trier après le repas dans le plus pur style DIY. Il reste que le combo quart de poulet accompagné de frites (8 euros), auquel on a jouté un extra « side » (3 euros), des tomates au four, est fulgurant. C’est d’abord le poulet qui frappe le palais, une vraie volaille qui a pris l’air, donc avec de la mâche, mais sans la moindre sécheresse. Les frites ? Super fines, servies avec la peau et coupées au couteau, elles sont parmi les meilleures que l’on ait dégusté dans la capitale. Bien vu, l’excellent vin effervescent du Château de Bioul – le Brut des Houillères – y est proposé à la bouteille. C’est plus qu’il n’en faut pour être au bonheur. MV

La Pouletterie en ville, 176, chaussée de Vleurgat, à 1050 Bruxelles. Tél. : 0473 62 69 37.

www.lapouletterie.be

9. La Manufacture Urbaine

Resto de la semaine, La Manufacture Urbaine.
Resto de la semaine, La Manufacture Urbaine.© MICHEL VERLINDEN

Avec La Manufacture Urbaine, Charleroi vend du rêve. Imaginez une « plate-forme engagée dans la production et la valorisation d’une alimentation de qualité » qui fait du pain, de la bière et torréfie son café. Sur papier, on signe des deux mains… mais qu’en est-il dans la vraie vie ? La réalité s’affiche au-delà des espérances. On en a fait l’expérience le temps d’un déjeuner tardif – arrivée vers 14 heures – parmi l’inox des cuves et le bois d’un décor qui a de la gueule. Plutôt que s’embarquer pour une côte de Porc Colombus (15,50 euros en provenance de chez Marcel Biron) ou une carbonnade à la bière (14 euros), on a choisi un casse-croûte à l’intitulé carolo : un « briquet » de jambon (10 euros). La trame ? Une « simple » tartine de jambon. Joliment présenté sur une petite assiette en bois, l’en-cas fait valoir aneth, concombre, radis, sauce légèrement moutardée et surtout une excellente mie réalisée sur place à partir de la farine du Moulin de Hollange. Le tout est accompagné d’une pomme de terre en chemise et d’une délicate salade à base de chou rouge râpé et de carotte. Le coup de génie ? Proposer une bière de table brassée sur place, La Wallonne (2,50 euros), qui réussit le miracle de concilier goût, amertume et faible pourcentage d’alcool (3,5%).

La Manufacture Urbaine, 2, rue de Brabant, à 6000 Charleroi. Tél. : 071 30 60 13.

8. La Meute

La Meute, à Bruxelles, se focalise sur le steak-frites.
La Meute, à Bruxelles, se focalise sur le steak-frites.© SDP

Cela devait arriver. A force de dégainer des viandes à 40 balles et plus le couvert, il fallait forcément s’attendre à ce qu’une bande de petits malins s’amusent à jouer les trouble-marges. Si vous cherchez les pieds nickelés en question, qui se sont déjà fait remarquer par un certain Takumi, c’est à deux pas de la place Flagey que vous les trouverez. Leur concept ? Une cantine urbaine réduite à l’essentiel dans laquelle il faudrait être fou pour venir chercher autre chose que la formule steak-sauce maison-frites-coleslaw à 20 euros. Le tout est imparable et envoyé depuis une cuisine grande comme un trou de nez. On est d’autant plus fan que la viande, non maturée, affiche une belle qualité – du Wexford venu d’Irlande et élevé en Belgique -, que les frites sont délicieusement croquantes, que la coleslaw est vive et que la mayonnaise respire le homemade. Cerise sur la gâteau, la déco de carrelages blancs et de briques peintes en noir évite tous les habituels clichés viandeux des steakhouses 2.0. Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, l’accueil est de grande spontanéité, le dessert mortel – un gâteau chocolat-spéculoos (5 euros) – et la sélection de vins aussi courte qu’efficace – Domaine Roche-Audron, « Les Creisses », « Un Litro » d’Ampeleia…

La Meute, 6, rue Lessbrousart, à 1050 Bruxelles. Tél. : 0476 75 42 86.

7. Tarzan

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© Michel Verlinden

A en juger par leur multiplication, les bars à vin doivent être un créneau rentable. A force de se reproduire sans se repenser, la formule sombre petit-à-petit dans les oubliettes de l’époque. C’est que le clé-sur-porte disponible aux quatre coins du pays repose sur une désolante trilogie bourrative : pain-viande-fromage. En clair, un manque évident de subtilité dont les contours « bobeauf » dégagent une odeur coincée entre le cuir neuf du Salon de l’Auto et la chaussette du vestiaire de rugby. Dire qu’on espérait autre chose tient de la litote. Une adresse réinvente enfin le genre sous des ors féminins et végétaux. Surtout ne pas se laisser abuser par le nom de « Tarzan », car c’est bien Jane – Coralie Rutten – qui s’occupe des assiettes. Coques accompagnées d’une sauce crue à la citronnelle et au piment (10 euros), crème d’avocat et dentelles de betteraves (8 euros), houmous (6 euros) épatant… Et pour les indécrottables, la planche vigneronne (15 euros) cercle salaisons et fromages de mousse estragon-cajou et de radis noir. Bien entendu, ce grignotage qui renoue avec le vivant s’accompagne de flacons naturels. Ceux-ci sont déclinés en deux versions : pédale douce pour les néophytes – Mosse, Breton, Crispeels… – ou ovnis pour les confirmés – Didier Chaffardon, Pierre Frick.

Tarzan, 59, rue Washington, à 1050 Bruxelles. Tél. : 02 538 65 80.

Bouch’ & Bouchon, 8, place Louise Godin, à 5000 Namur. Tél. : 0477 85 27 08.

6. Le Transvaal

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© Michel Verlinden

Un restaurant de quartier qui prend place dans une ancienne boucherie carrelée de blanc, c’est exactement le genre de décor auquel on ne résiste pas. Autant le savoir, la salle d’une vingtaine de couverts laisse les rires des uns empiéter sur les conversations des autres. Un convive averti en vaut deux : au Transvaal, on ne vient pas chercher le tête-à-tête intimiste mais la convivialité entre amis. Ce bonheur d’être ensemble se déguster dès l’arrivée sur place à la faveur d’une trilogie rillettes d’oie-cornichons-moutarde (8 euros). Présentée dans un pot en verre déposé sur une planche en bois, la préparation témoigne d’une aptitude à dénicher les bons produits et à les mettre en valeur grâce à une température de service adéquate – c’est tellement rare. Passé ce préambule, on pioche dans la partie créative de l’ardoise – 4 entrées, 5 plats pour une addition qui flirte avec les 50 euros le couvert – en souscrivant au pavé de thon rouge grillé (24 euros). Celui-ci est interprété à la manière d’une salade César, soit rehaussé de légumes croquants, de sucrine, de parmesan et de grenailles rôties. C’est malin, croquant et délicieux. Les références vins sont réduites mais redoutables (Gauby, Chavy, Trapet…).

Le Transvaal, 40, avenue Joseph Chaudron 40, à 1160 Bruxelles. Tél. : 02 660 95 76.

www.letransvaal.be

5. Les Gamines

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© Michel Verlinden

Saint-Hubert est un pôle magnétique pour les randonneurs. La forêt de Saint-Hubert, les forêts de Freyr septentrionale et méridionale, la forêt d’Hazeilles, la forêt de Saint-Michel, la Forêt du roi Albert, le domaine de Mirwart… des milliers d’hectares répartis sur 10 communes. Après les avoir arpentés, où poser son sac et ses bâtons nordiques ? Sans hésiter chez ces « Gamines », le projet de deux soeurs gastronomiquement délurées ayant redonné vie à un hôtel familial plutôt moche. Bonne nouvelle : l’intérieur boisé fait rapidement oublier les délires architecturaux de l’extérieur. Tout à la fois comptoir, restaurant et épicerie, cette enseigne se distingue notamment par une sélection imparable de produits souvent glanés en proximité. On apprécie l’apéritif – un vermouth Antica Formula Carpano rosso (5,50 euros) servi avec une accorte rondelle d’orange -, les viandes et les charcuteries de bouchers-artisans locaux (Magerotte à Nassogne, L’Artisan des Saveurs à Muno…) et surtout une création originale qui a tout compris au goût : des Petits-Gris de Namur croisés avec des lamelles de chorizo (15 euros). Les plus ? Une carte des bières exemplaire (Gengoulf, Millevertus, Demanez…), ainsi qu’une cave à vins vitrée en libre accès (Foillard, Métras, Dard & Ribo…).

Les Gamines, 18, rue des Ardennes, à 6870 Poix-Saint-Hubert. Tél. : 061 61 13 29.

www.lesgamines.be

4. Tontons

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© Michel Verlinden

Une frontière invisible divise les gastronomes. D’un côté, ceux qui attendent de la nourriture qu’elle les confirme, ou les élève, socialement. Cette tribu-là n’a qu’oursins, caviar et mets incompréhensibles sans Google Images, à la bouche. A l’opposé, se trouvent les résignés qui n’espèrent rien d’autre de leur assiette qu’un bon moment. A eux, les nappes à carreaux, la carafe du patron et les plats en sauce. La fracture conforte les deux camps dans leurs certitudes : aux premiers, le panache ; aux seconds, la décontraction. Nulle passerelle possible ? Si… et Tontons en est la preuve. Cette enseigne aux allures de bistro de quartier frotte si fort sur la cuisine populaire qu’elle en vient à briller. Cette arche au comptoir de marbre et aux colonnes cuivrées embarque à son bord les laissés pour compte du gotha gastro : spaghetti bolognaise, pâtes fromage-jambon, coquillettes… Autant de préparations non nées qui reçoivent enfin les honneurs qu’elles méritent grâce à de vrais produits : comté inespéré, jambon ventru, sauce tomate de grande vivacité (rien à voir avec l’habituelle fange acide), truffe râpée… Sans oublier, une planche apéro d’auteur – Hoeve Cuvry à Dworp – et des vins délurés (Descombes, Foillard, Nicq et compagnie).

Tontons, 69, rue du Doyenné 69, à 1180 Bruxelles. Tél. : 02 217 03 61.

3. Pépite

PÉPITE
PÉPITE© Géraldine Dardenne / sdp

Pépite, c’est de l’or. Le pitch ? Un restaurant gastro étoilé devenu cave à manger sans complexe. On doit ce fabuleux désamidonnage à Catherine Mathieu. Sa Pépite est une prunelle qu’elle a aménagé avec un talent fou. Des photophores aux tabliers, en passant par une cave voûtée et une fenêtre à guillotine qui offre une respiration sur la rue, rien n’est laissé au hasard. Idem pour les vins – Coche-Dury, Dagueneau… mais aussi des coups de coeurs plus accessibles -, et la cuisine d’un jeune chef de 23 ans, Kevin Perlot, dont on n’a pas fini d’entendre parler. On retient son saumon mangue et yaourt grec (16 euros), le tartare de boeuf chèvre glacé et pourpier (14 euros), ainsi qu’un ananas frotté au céleri-rave et au poivre de Cayenne (10 euros).

Pépite, 44, rue Notre-Dame, à 5000 Namur. Tél. : 081 22 91 81.

www.pepite-resto.be

2. San Sablon

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© Michel Verlinden

Plus le cinéma essaie de nous vendre le coup foudre, ce « love at first sight » racoleur, plus on est persuadé qu’il n’y a d’amours que complexes et contrariés. Cette adresse en est sans doute la meilleure preuve dans la mesure où la première rencontre, rue de Flandre, avait été un rendez-vous manqué. Les regards, et surtout les bouches, ne s’étaient pas trouvés. Mais une charge de désir subsistait. On a retenté le coup à la faveur de la seconde enseigne ouverte au Sablon par le chef de L’Air du temps. Le ciel s’est ouvert, la lumière s’est faite. Un décor d’aquarelle mieux campé et un diner, en lieu et place d’un déjeuner, ont créé un alignement astral idéal. Tout s’est éclairé : ce que le concept avait de révolutionnaire – redessiner la grammaire de la table autour d’un bol et d’une cuillère, c’est convoquer Vénus plutôt que Mars – ; le talent pointilliste du chef et sa capacité à transmettre à travers un menu unique ; la ferveur d’une équipe toute entière dévouée à son leader maximo. Les 55 euros pour 5 bols – mention pour la douceur des crevettes croisée avec le galanga – ont presque semblé une obole dérisoire pour une telle oeuvre.

San Sablon, 12, rue Joseph Stevens, à 1000 Bruxelles. Tél. : 02 512 42 12.

www.sansablon.be

1. Hortense & Humus

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© Frederic Raevens

Passé par la sphère gastro, Nicolas Decloedt a surpris le tout Bruxelles par le biais d’une table d’hôtes ayant pris ses quartiers dans son domicile de Jette. Signe distinctif ? Le refus d’utiliser les protéines animales. Non pas pour une réelle raison idéologique ou écologique mais parce que ce chef de grande intelligence est persuadé que l’on a exploré jusqu’ici qu’une infime partie du potentiel du végétal. Envie de prendre la mesure de la fertilité d’une telle démarche ? C’est le moment où jamais car il a désormais posé ses valises chez Hortense, bar à cocktails en vue à deux pas de la Place Flagey. Decloedt fait des étincelles, livrant un menu évolutif imparable. Ayant souscrit au menu 6 services ponctué de lamelles de truffe (55 euros), on a littéralement halluciné. Les temps forts ? Un ceviche de betterave rouge, quasi laquée, réveillé par du raifort ; du chou-fleur torréfié vivifiée par une réduction à la bière ; du salsifis pourpre rôti ; du chou-rouge associé à la pomme sous forme de rouleau de printemps ; un topinambour sublimé par la tuber melanosporum… Pas de doute, Decloedt trace un nouveau terrain de jeu à arpenter du palais. MV

Hortense & Humus, 2, rue de Vergnies, à 1050 Bruxelles. Tél. : 0474 65 37 06.

www.humusrestaurant.be

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