Quand manger fait horreur

Chacun des goûts? Ca se mange, de Neil Setchfield, et Le coprophile, de Thomas Hermont bousculent notre sens des interdits alimentaires.

Ca se mange, de Neil Setchfield

L’auteur : Photographe professionnel, ce globe-trotter londonien s’est spécialisé dans l’exotisme. Le livre : Inventaire en images de tout ce qui se mange d’étonnant : salamandre en brochette à Pékin, poisson-pénis en Corée du Sud, utérus de truie à Bangkok, nems au serpent à Hanoi, liqueur de scorpion du Cambodge, chameau séché d’Australie… Avec cette démonstration : en matière de nourriture, le bon goût est subjectif, et souvent le « beurk » de l’un est le « miam » de l’autre. La phrase : « Photographier le gros intestin d’un porc n’a pas été du gâteau : d’un point de vue tant visuel qu’olfactif, il a définitivement sa place dans cet ouvrage. » Points forts : L’humour des textes, typiquement britannique. Et un regard original sur le monde. La démarche d’ethnologue du photographe nous apprend beaucoup sur les coutumes culinaires des peuples. Points faibles : L’abus de photos peu ragoûtantes (tête de chien, moineau frit…) risque de détourner les âmes sensibles.

Le coprophile, de Thomas Hairmont

L’auteur : Cet ingénieur de 29 ans a étudié les mathématiques, la physique et les sciences sociales. Le coprophile est son premier roman. Le livre : Un coprophile est une personne qui tire du plaisir des matières fécales. C’est le cas du narrateur, entraîné par une femme scatophile à la découverte d’une perversion taboue, pour devenir un adorateur des excréments. La phrase : « L’étron avait une texture crémeuse, qui collait légèrement au palais et aux dents. » Points forts : Hairmont a du style – et de l’ambition : son roman restera probablement dans les annales. Points faibles : Outre sa complaisance pour le sordide, on sent de l’autosuffisance dans son écriture. Paradoxalement, on pourrait dire qu’il ne se prend pas pour de la m…

Le vainqueur

Ce match, c’est le poids des (gros) mots contre le choc des photos. On aurait préféré donner l’avantage aux mots. Mais Neil Setchfield l’emporte haut la main car son oeil est ouvert sur les autres, pas sur son nombril.

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