Un nouveau guide des aliments signé Cohen et Serog

Faut-il acheter Savoir Manger, le dernier ouvrage des nutritionnistes? Nous l’avons lu et décortiqué.

Savoir manger, la vérité sur nos aliments, de Jean-Michel Cohen et Patrick Serog, chez Flammarion, 612 pages, 19,90 euros. Ils veulent « lutter contre les peurs alimentaires », donner les moyens aux gens de comprendre ce qu’ils mangent mais sans les inquiéter: Jean-Michel Cohen et Patrick Serog, nutritionnistes, sortent la nouvelle version de leur guide des aliments. Intitulé La vérité sur nos aliments, c’est le quatrième ouvrage de la série « Savoir manger », dont le premier a vu le jour en 2004. Avec l’aide de 57 diététiciennes, le guide passe en revue 17.000 produits trouvés dans de grandes surfaces, avec valeur nutritionnelle, ingrédients et prix.

Le leitmotiv du livre, c’est « varier son alimentation et manger de tout ». « On veut être des nutritionnistes pondérés », racontent-ils, souhaitant aussi « assurer la transparence » et « redonner du pouvoir au consommateur ». Le livre se prolonge sur un site de consommation, où les gens pourront consulter les ingrédients et prix de différents produits.

Le nombre de références pour un même type de produit semble impressionnant: plus de 1.000 variétés de confitures, 527 pour le jambon frais, 664 pour les jus de fruits, 280 pour les huiles, 100 pour les substituts au sucre… Les différences de prix ne font pas forcément la qualité: des steaks hachés similaires vont de 2,95 à 9,28 euros le kg – voire 15,50 euros, mais c’est un Steak bio.

On aime…
Apprendre quelques faits étonnants. Par exemple, un hamburger comprend de l’amidon de tapioca, un autre de la poudre de betterave ou des protéines de pois. Les jambons les moins chers contiennent souvent de l’eau, du sel, du sirop de glucose, ou du plasma de porc. Les graisses des foies gras sont abondantes, évidemment, mais elles « ne sont pas les plus catastrophiques, puisque riches en acides gras mono-insaturés ».

Tordre le coup à des idées reçues. Comme celle autour du beurre cuit: il n’est pas nocif, certifient les auteurs. Il faut juste ne pas en manger trop souvent. On peut aussi lire: « Quelle est la différence nutritionnelle entre les purées en flocons et celles, traditionnelles, faites à la maison? En fait, aucune. Il s’agit juste d’une affaire de goût…et de temps. » On apprend également que Dia et Lidl produisent de bons foies gras, au respectable rapport qualité-prix.

On aime moins…
Les sujets d’actualité vaguement balayés. Les deux nutritionnistes ont plus à dire sur le prix du Coca que sur sa composition. Ils prennent d’ailleurs très peu parti: rien contre l’aspartame, peu d’intérêt pour le bio -contrairement à ce que laisse présager la couverture-, qui concernerait selon eux plus l’environnement que la santé… Quid de la polémique Nutella? Les pâtes à tartiner ont beau être annoncées dans un chapitre, on n’en trouve pas une seule trace.

L’omniprésence du taux de lipides. Si, au bout de 50 pages, le lecteur n’a toujours pas compris qu’il lui faut sélectionner ses produits industriels selon leur quantité de gras… Les auteurs insistent lourdement sur ce lourd sujet, au point d’écarter la notion de plaisir. L’ajout d’une note pour le goût des produits testés aurait été judicieux: un bout de fromage de brebis ultra-calorique peut surpasser du Kiri en matière de goût, même si ce dernier est moins riche en lipides.

Se faire recommander des produits peu écolos A l’exemple du Pik et Croq de La Vache qui rit et du P’tit Louis, « meilleurs compromis » au rayon « fromages pour enfants ». Ok, on veut bien croire que c’est riche en calcium, mais niveau déchets d’emballage… On relève aussi que « d’une façon générale, les poissons surgelés sont plus abordables ». Dommage de ne pas citer les prix pratiqués sur les étals des marchés, souvent bien plus raisonnables que chez Picard!

Au final…
Feuilletez-le avant de l’acheter: ses 600 pages, ses commentaires ou conseils parfois évasifs et ses grilles comparatives pourraient bien vous rebuter. Il sera utile surtout aux pressés ou novices qui ont la flemme de décrypter les étiquettes des produits qu’ils consomment. De leur côté, les gourmands curieux ne devraient pas y trouver de révélations fracassantes.

Jean-Michel Cohen et Patrick Serog, Savoir manger, la vérité sur nos aliments, 614 pages, Flammarion, 19,90 euros. Sorti ce 23 mars en librairies. Par Anne-Laure Pham, avec l’AFP

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