En attendant l’esprit de Noël…

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En septembre dernier, le MAD, centre bruxellois de soutien à la mode et au design, organisait une conférence autour du luxe. Parmi les intervenants, Jean-Michel Bertrand, professeur à l’Institut Français de la Mode, à qui il revenait d’analyser cette notion à la fois évidente et difficilement cernable. Une affaire de prix ?

En septembre dernier, le MAD, centre bruxellois de soutien à la mode et au design, organisait une conférence autour du luxe. Parmi les intervenants, Jean-Michel Bertrand, professeur à l’Institut Français de la Mode, à qui il revenait d’analyser cette notion à la fois évidente et difficilement cernable. Une affaire de prix ?

Condition ni nécessaire ni suffisante, la valeur marchande étant en elle-même relative à l’objet concerné, aux revenus des consommateurs et à la perception qu’ils s’en font. Question d’aura d’une marque, alors, et de sentiment d’exclusivité ? Là encore, on risque la sortie de route, la plupart des labels prestigieux offrant des produits de masse. Le docteur en science de l’information et de la communication esquisse dès lors une représentation dans laquelle intervient « l’idée d’intemporalité » mais aussi « de plaisir et de rêve ».

Plus encore, expliquait-il, « l’esprit et l’essence du luxe résident dans la capacité à sacraliser, au sens étymologique du terme, c’est-à-dire à séparer, « mettre hors de ». Et si, traditionnellement, le sacré concerne la religion, le pouvoir et l’art, le luxe repose lui aussi sur des codes et des objets cultes, ou « mythiques » ». Et sacraliser, insiste-t-il, « c’est donner une valeur et non un prix ».

On notera que la définition peut également s’appliquer à Noël – et plus généralement à toutes les fêtes ancrées dans nos traditions. Un moment d’exception, une parenthèse hors du temps, régie par des rituels précis, de la dinde au sapin en passant par l’échange des cadeaux. Immuable, même si l’évolution sociétale fait que l’esprit de Noël se manifeste désormais sous bien des formes, le réveillon avec papa-maman, papy-mamy, frères et soeurs accompagnés d’une nuée de rejetons n’étant plus le seul schéma envisageable. Tout au plus une option parmi d’autres – David Brooks, dans le New York Times, révélait ainsi récemment qu’entre 1950 et aujourd’hui, le nombre d’Américains vivant seuls était passé de 9 à 28% et qu’il y a vingt ans 65% d’entre eux déclaraient qu’avoir des enfants était très important pour un mariage heureux, contre seulement 41% en 2012.

En famille (quelle que soit sa configuration), en couple ou entre amis, autour d’un feu de bois dans la maison maternelle ou à la plage sous d’autres latitudes, huîtres et homard dans l’assiette ou finger food régressive sur le plateau-télé, nous vous souhaitons des moments festifs… pur luxe.

Delphine Kindermans

Rédactrice en chef


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