Grégoire Polet: Adidas et la nouvelle Libye

J’ai déjà plusieurs fois dans cette chronique parlé de football. J’aime bien parler du foot, notamment parce que c’est interdit, en principe, pour les gens chics ou les intellectuels.

(Qu’on se rassure, je ne suis ni l’un ni l’autre.) On se souvient trop que le foot-spectacle a été décrété l’opium des masses, l’endormissement des consciences, le candi des opprimés. Ce jugement est devenu un automatisme de pensée. Et l’on ne se souvient pas assez que ce sont toujours les automatismes, justement, les vrais endormisseurs de conscience, les agents narcotiques…

Or donc, j’avais évoqué le fils de Kadhafi, éphémère joueur de la Juventus, qui soudoyait les clubs pour qu’on l’engage, et qui avait transporté dans le foot national libyen le délire paranoïaque de la dictature. Eh bien, que vois-je ? La nouvelle Libye, avant même que les affrontements aient cessé, avant que le Colonel ait été seulement débusqué de sa garenne, a joué son premier match officiel. Le gardien de but de la sélection, Gtat, qu’on a vu perché il y a peu sur une automitrailleuse avec les rebelles (saisissante photo, imaginez Jean-Marie Pfaff à sa place), se tenait sur la ligne de but et menait son équipe vers la victoire. 1-0 contre le Mozambique, en match de poules des qualifications pour la Coupe d’Afrique des Nations. Ça s’est joué au Caire, et finalement à huis-clos. On a fait sonner le nouvel hymne national et Adidas (ou quand une marque de vêtements prend parti dans la politique internationale) leur avait confectionné le nouvel équipement, aux couleurs rouge-noir-vert de l’avant Kadhafi…

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