Guy Bourdin, photographe subversif

© Ed. Steidl

Un nouvel ouvrage est consacré à l’artiste, qui a fait de la photographie de mode un véritable laboratoire créatif.

Un nouvel ouvrage est consacré à l’artiste, qui a fait de la photographie de mode un véritable laboratoire créatif.

Le masque de Fantômette et la queue d’une sirène… Qui est cette forme féminine, enroulée telle une croche sur une touche de piano? Mystère et boule de gomme. L’image arrête, inquiète. C’est le but. Elle a paru dans le magazine Vogue en décembre 1979, illustrant une série « bijoux ». Ah oui, le bijou: une parure scintillante, judicieusement placée dans la main du mannequin comme s’il s’agissait d’un hochet. La clef de l’énigme? Plutôt son alibi.

Tout Bourdin est là, condensé dans cette image. Un univers parallèle nourri de fantasmagories. Un monde de rêves, délicatement et rigoureusement mis en scène.

Ce livre parcourt les trente ans de carrière du génial photographe de mode. On y trouve ses premières images en noir et blanc réalisées pour Vogue en 1955, jusqu’à ses publicités iconiques pour le chausseur Charles Jourdan, en passant par les séries glossy des années 1970, emblématiques de son style.

Venu à la mode après s’être essayé au dessin et à la peinture, formé par Man Ray, Guy Bourdin a eu l’immense clairvoyance de poser en postulat le caractère artificiel de cette photographie. Jamais il n’a tenté de reproduire le réel. Au contraire. Les doubles pages des magazines sont devenues le champ d’exploration de son imaginaire.

Sans tabou ni complexe au regard de la photographie dite « artistique », ce précurseur y a exploré ses fantasmes subversifs. L’époque et le soutien inconditionnel de Vogue l’encourageaient dans cette voie. En tournant les pages de cet album, on se demande si le conformisme ambiant l’y inviterait aujourd’hui…

Guy Bourdin. In Between, de Shelly Verthime. Steidl, 300 photos, 56 euros.

Violaine Binet

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content