Icônes électriques: Terry Bickers Himalaya

Tous les quinze jours, Jérôme Mardaga nous parle d’un des musiciens qui a marqué sa carrière.

Lorsque Terry Bickers a débarqué dans mes haut-parleurs avec sa chatoyante guitare rouge, ce fut une des plus belles heures de ma vie entière. Il grattait dans The House of Love. Quatre Britanniques qui illuminèrent la guitare électrique et jetèrent les fondations d’une nouvelle pop anglaise dont Oasis, Blur et plus récemment Coldplay se sont largement inspirés. Pas moins. Christine, leur plus belle chanson, c’est un coup de poing dans le ventre, c’est une leçon d’élégance et d’électricité. C’est définitif. Porté aux nues par la presse outre-Manche, le groupe se sépare. Terry Bickers prend le chanteur du groupe en grippe, perd son sang-froid et se fait jeter du van en pleine tournée. Invectives, insultes, insoumission. Et comme je le comprends ce frère d’armes. Il m’est arrivé plus ou moins la même chose il y a peu. Comment les sirènes du succès (allez, disons de la gloriole) peuvent pourrir la situation. Lorsque certains chanteurs décident de partir en croisade plutôt que de jouer leurs chansons avec humilité. Lorsque certains chanteurs s’imaginent arrivés alors qu’ils viennent juste de manquer le seul et unique vol (artistique). Je n’ai jamais pu le supporter. Terry non plus. Forcément des noms d’oiseaux se mettent à voler. Exproprié de la maison de l’amour, Terry s’en va former Levitation, un groupe psychédélique qui m’a fait planer très loin en dehors de notre système solaire. Une trouvaille unique dans notre monde retardé du transport. Jamais d’embouteillages sur les autoroutes de Levitation. Et toujours cette guitare en montagnes russes qui allie hargne et mélodie à la perfection. Des concerts au delà du mur du son, des guitares en feu, des roses dans le public, bref du sublime. Mais Terry est un incurable instable et son numéro d’équilibriste finira par s’abîmer quelque part dans l’océan du désespoir. Je sais qu’aujourd’hui, il vit paisiblement à Brighton, qu’il a réintégré The House of Love (mais tout le monde s’en fout, on préfère le pré-digéré Coldplay) et qu’il donne des cours de guitare. Un frère.

Jérôme Mardaga

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