Sophie la girafe: Le monde à ses pattes

Son minois, tous les enfants l’ont un jour croisé, voire souvent… mâchouillé. Sophie la girafe a traversé les décennies au grand galop et souffle cette année ses 50 bougies. Pouêt, pouêt, pouêt, hourra !

Il est de ces stars qui, malgré le temps qui passe, ne prennent pas une ride. Belles devant la caméra ou sur scène comme au premier jour. Adulées par des générations de groupies. Du (très) haut de ses 50 ans, Sophie peut sans conteste se revendiquer d’entre-elles. La girafe couineuse n’a rien perdu de sa superbe. Sourire de jeune première faisant son entrée au bal des jouets, robe perlée de taches rousses savamment dispersées sur fond crème, port altier, museau tourné vers la gauche comme pour saluer la foule… Le mammifère est reconnaissable entre tous. Il suffit qu’il donne de la voix – son fameux  » pouêt !  » – pour que l’on sache de qui il s’agit. Dix-huit centimètres de hauteur, septante-deux grammes à peine et une tête parfaite à fourrer dans la bouche : ses mensurations convainquent les bébés les plus exigeants.  » Si ce n’est des évolutions invisibles pour se mettre aux normes, Sophie est restée fidèle au dessin de base. Seule sa patte avant droite a été fléchie par après, insiste Lysiane Milloz, responsable de la communication chez Vulli, l’entreprise qui édite aujourd’hui le hochet et tous ses dérivés… On ne veut pas gâcher son image parce qu’elle est géniale, thérapeutique même. Mes collègues et moi en avons souvent une dans notre sac. Si nous voyons un enfant qui pleure, nous lui tendons le jouet et il s’arrête immédiatement ! « 

Ce(tte) plastique de rêve, la vedette des nurseries la doit à un ingénieur de la société française Delacoste, dont l’Histoire n’a retenu que le nom de famille : Monsieur Rampeau. Le 25 mai 1961, jour de la sainte… Sophie, c’est lui qui donna naissance à ce mythique personnage de latex. La firme mit alors au point un procédé de fabrication basé sur quatorze opérations manuelles – toujours pratiquées aujourd’hui dans l’atelier savoyard de Vulli, qui a repris le flambeau de Delacoste – et créa un moule en plâtre pour le procédé de rotomoulage du quadrupède. Une légende était née.

Depuis cette création, la miss s’est vendue, en cinquante ans, à plus de 50 millions d’exemplaires. Rien qu’en France, la girafe s’est écoulée, en 2010, à 816 000 pièces, contre 832 000 naissances !  » Aujourd’hui, ce sont les parents, voire les grands-parents qui l’achètent parce qu’elle leur rappelle leur propre enfance « , explique-t-on chez Vulli.

Impossible d’obtenir des chiffres à l’exportation – le fabricant craint la concurrence – mais les pays les plus fous de l’animal sont sans conteste le Canada, la Grande-Bretagne et les États-Unis, où les ventes sont encore boostées par les people qui exhibent leurs rejetons arborant leur it-jouet au long cou. Chez nous, rien qu’à la boutique bruxelloise Serneels, il s’écoule 50 à 80 figurines par mois.  » On observe un regain de succès depuis cinq ou six ans, confirme Alain Serneels. À côté des jeux en bois et en tissu, cette girafe est assez unique.  » Dans la chaîne de magasins Jouets Broze, on constate également un grand retour de Sophie depuis plus d’un an.  » Les gens en ont ras-le-bol de l’offre actuelle très dispersée. Ils veulent revenir aux classiques, comme cet animal, qui a un look rétro, mais pas trop « , confirme Cédric Haleng, responsable marketing.

La star n’est donc pas près de disparaître et son jubilé n’a fait que raviver la flamme chez ses fans. Une collection de 50 girafes customisées par des artistes et créateurs à même été présentée à cette occasion et vendue pour une oeuvre caritative (en photo la réalisation de Catherine Fouchard de l’éditeur de déco Cocobohème). De quoi alimenter le mythe, au risque de donner à Sophie… le gros cou !

Fanny Bouvry

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