La verte automne

Ce qu’il faut se dire pour être heureux quand l’automne arrive, c’est que les feuilles qui volent, ce sont nos soucis qui tombent. Que le vent qui se lève, chasse les rumeurs. Que la pluie est faite pour apprécier les toits. Que le froid est un éloge des maisons, que les bourrasques vantent fort les intérieurs.

Et puis, surtout, qu’on a grand tort d’associer l’automne avec la chute, la perte et la diminution. Le mot est latin, et en latin il veut dire : la saison augmentée, la saison enrichie. Auctumnus, participe moyen désuet de augeo, j’augmente — même racine que auteur, soit dit en passant : auteur, automne, celui qui augmente, celle qui est augmentée. Enfin, d’après Littré… L’automne est un très bon printemps, pour ceux qui savent. Un apocryphe d’un roi de France chante :

 » La belle automne que voilà!

Dénude pour mon bon plaisir

La belle, Automne, qui voila

De feuilles rouges mon désir. « 

C’est la saison des amours chez les cerfs et chez les biches, après tout. Si l’on aime bien roucouler avec les oiseaux au printemps quand la nature s’habille, pourquoi, quand elle se dénude, ne bramerait-on pas un peu avec les cerfs ? Pas de raison.

D’ailleurs, le mot automne a les deux genres : masculin et féminin. Un bel automne, une automne délicieuse. C’est toujours Littré qui le dit. Et il ajoute : qu’il n’y a aucun mal à cela… Mais oui. L’automne est bien plus vert qu’on ne le pense. Il l’est même autant qu’on veut. Et Gainsbourg s’est trompé dans sa chanson. Il fallait dire :  » Brâme, tromboooo-ne  » etc.

Grégoire Pollet

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