Le dimanche, c’est le nouveau samedi !

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« Sunday is the new Saturday. » Cette phrase récurrente dans la presse anglo-saxonne signe une tendance en passe de changer la donne de nos week-ends : faire de ce jour un vrai moment de fête et de plaisir.

Dans le registre carnet mondain, l’écrivain français Jacques Attali est connu pour ses dîners dominicaux. Goûters tardifs, ciné-clubs improvisés ou early dinners- selon l’expression en passe d’entrer dans le langage courant – ont tous le même but : faire durer un peu le plaisir du week-end, du temps passé en famille et entre amis, mais, surtout, conjurer le mal, le fameux blues du dimanche soir.

Cet instant de terreur hebdomadaire, on le combat à la maison, donc, mais aussi au-dehors. Les Sunday Suppers de certains restaurants de la côte Ouest des Etats-Unis et les Sunday Parties des clubs de l’East London font d’ailleurs couler l’encre des gazettes trendy. Au point que « Is Sunday the new Saturday ? » est la nouvelle question qui taraude les style sections de la presse anglo-saxonne. Qui porte en elle une autre interrogation : si le dimanche est le nouveau samedi, si on sort comme si demain n’avait plus d’importance, cela sonne-t-il le glas de la malédiction dominicale ?

La loi sur le repos dominical a été votée par le Parlement belge en 1905. Difficile de savoir si l’angoisse du lundi et, donc, le sentiment prégnant de journée perdue datent de cette époque-là, mais, en des temps plus récents, c’est le ressenti dominant. Les années 80 ont bien importé des Etats-Unis leur lot de brunchs, mais ceux-ci ont toujours eu un petit parfum de cache-misère, de trompe-l’ennui, trop évident, pas assez subtil. Sauf qu’en 2013 il y a brunch et brunch !

Et ce jour-là, tout ce que Paris compte de bobos, de hipsters, de cool kidssemblait s’être donné rendez-vous au Wanderlust, le club-boîte de nuit de la Cité de la mode et du design, dans le XIIIe arrondissement. Il ne s’agissait pas d’un vernissage, ni d’un concert privé, ni d’un défilé. Non, il y avait là trop de bambins présents. Et il était trop tôt. Et, surtout, on était dimanche. Cette faune avait tout simplement répondu à l’appel de la très prescriptrice Nadège Winter et de son récent, mais déjà culte, raout dominical : le Brunch Bazar.

Mais calme, le raout ! « J’ai voulu proposer quelque chose qui n’existait pas : un mix de brunch, aux bons soins du restaurant japonais bio Nanashi, de musique, de vide-dressing pointu et d’ateliers pour enfants, précise celle (ex-Colette, le concept store le plus pointu de la Ville lumière) qui est sans pareil pour humer l’air du temps. C’est une manière festive, conviviale, familiale et excitante de se réunir le dimanche. Un  » tout-en-un  » qui comble les envies de chacun et qui donne du sens à un jour souvent considéré comme perdu, un peu terne ! »

Alors pourquoi serions-nous mûrs aujourd’hui pour des dimanches aux contours neufs ? Certains avancent que le samedi perd du terrain. « Le vendredi soir, on sort tard », analyse Nicolas Ullmann M. Nuit, patron du tout nouveau – et très couru – bar parisien Rosie. « Le samedi matin, soit on dort tard, soit on s’occupe des enfants. Dans les deux cas, on est fatigué et/ou occupé. Ensuite, on enchaîne avec une foule d’activités, du coup, on sort moins ou moins tard le samedi soir. Donc, le lendemain, on a un reflux d’énergie. »

Caroline, 31 ans, est une adepte des sorties de fin de week-end. « C’est un vrai plaisir, presque un bras d’honneur fait au lundi matin, que d’aller boire un verre la veille de la reprise du boulot. » Et comment fait-on pour garder les enfants ? « Soit mon homme s’en charge, ou moi, quand il sort, soit, si je sors avec lui, nous prenons une baby-sitter, beaucoup plus facile à trouver le dimanche, car, contrairement à nous, elles continuent de faire la fête le samedi ! »

Des idées neuves pour un état d’esprit joyeux et spontané, qui pourrait rendre caduque la phrase de Jules Renard « Je sais pourquoi je déteste le dimanche : c’est parce que des gens, occupés à rien, se permettent d’être oisifs comme moi ».

Elvira Masson


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