Le temps et l’argent

Quelque chose se prépare. Quelque chose d’important qui va probablement contribuer à la modification de l’image de l’horlogerie auprès d’un large public. Avec des conséquences effectives à court et long terme, sans qu’il soit possible à ce jour d’en estimer l’étendue

Commençons par les faits. Il y a trois ou quatre ans encore, deux marchés coexistaient. Celui des « vraies » montres, mécaniques et automatiques, chères parce que dotées d’un mouvement horloger digne de ce nom, donc suisse, avec roues et engrenages ; et celui du quartz, basique et très accessible du fait du coût de sa « motorisation », à peine quelques dizaines de centimes d’euro pour les moins onéreux du marché. On notait également, d’un côté une hyper créativité – confinant parfois à la vulgarité – des modèles à quartz, considérés comme des produits d’achat impulsif donc jetables (de 25 à 250 €), et de l’autre, une forme de rigueur bienséante avec des modèles assez classiques, à des prix rarement inférieurs à 1 500€ pour les entrées de gamme des marques connues.

Seulement voilà. Ce que l’on ne savait pas, c’est que les marchés, tous les marchés, sont comme des êtres vivants, ils évoluent, s’adaptent et dégénèrent. Et dans la mesure où la vie a horreur du statu quo, ainsi que Linné et Darwin nous l’ont expliqué, ce clivage dont nous avons parlé plus haut n’était qu’une forme d’équilibre, fragile et précaire. Alors pourquoi pas des montres automatiques à 300 € ? Vous n’y pensez pas, voyons ! Mais si, précisément. Et c’est ainsi qu’ont commencé à apparaître des modèles automatiques, conçus bien sûr dans des lieux exotiques et proposés à des prix incongrus. Les marques n’étaient pas prestigieuses, il s’agissait souvent de licences du prêt-à-porter, mais pour la majorité du public cela importait peu : pour 300 à 400 €, on avait une vraie montre, puisque cette horrible trotteuse qui battait la seconde de façon saccadée et qui signait son béotien avait disparu, remplacée par un élégant Automatic. Pas mal, mais il manquait encore la marque. Une vraie marque de montre, connue, avec un passé horloger.

Eh bien c’est chose faite. Un des grands intervenants du secteur a franchi le Rubicon. Parmi ses références de moyenne gamme, mais avec un passé respectable, on trouve des montres de sport/plongée, automatiques avec calendrier, au design élégant et à la finition soignée (boîtier et bracelet caoutchouc harmonisés) pour moins de 1 000 €. Ce n’est qu’un début mais il est prometteur puisqu’au moins deux autres marques ont entamé une démarche similaire.

La « mère des batailles », celle des prix, ne fait que commencer.

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