Les seins, obsession masculine

Caroline Pochon, co-auteur du Culte des seins, revient sur les différentes façons de percevoir cette partie du corps.

Un an après La face cachée des fesses, Caroline Pochon et Allan Rothschild s’emparent des seins. Dans leur nouvel ouvrage, photos et citations se mêlent pour aider à mieux comprendre la double nature de cet attribut féminin, entre maternité et sexualité.

Symbole de la mère dans ses représentations les plus anciennes, le sein se trouve au XXe siècle au coeur de bien des controverses, qu’il s’agisse de l’allaitement, du corset, des seins nus sur la plage ou de l’usage de la silicone. Aujourd’hui, s’il continue de représenter une puissante arme de séduction, sa confrontation à l’épreuve du cancer n’est toutefois plus occultée. C’est même sous cet angle que de nombreuses femmes éprouvent l’envie d’en parler.

La vision des hommes et des femmes sur le sein différant complètement, le livre prend habilement le parti de laisser l’imaginaire des uns et des autres s’exprimer tour à tour.

Co-auteur du livre, Caroline Pochon nous en dit plus.

Comment est né ce livre?

Après la parution de notre livre sur les fesses, Allan et moi avons eu envie de lui donner une suite dans le même esprit, en continuant d’alterner travail d’historien et iconographie ludique. Le sein nous a semblé un sujet presque aussi riche que celui des fesses, et très vite nous avons eu envie de croiser les regards féminins et masculins, forcément différents.

On connaît effectivement l’obsession des hommes pour les seins, mais comment sont-ils perçus par les femmes?

Comme chez les hommes, les seins sont chez les femmes attachés à la maternité. Toutefois, hormis cet ancrage dans l’inconscient collectif, il est intéressant de noter que quand elles s’expriment, les artistes féminines n’ont pas forcément envie de beaucoup représenter les seins. Dans les années 1960 et 1970 notamment, alors qu’elles se réapproprient le corps féminin en dehors des clichés sexistes, elles en montrent peu. Il faut attendre une nouvelle génération de femmes très libérées telles que l’auteur Virginie Despentes (Baise moi, Apocalypse Baby) et la réalisatrice Pascale Ferran (Lady Chatterley) pour que leur regard se charge de sensualité.

Les seins sont également vus différemment selon les cultures. Comment expliquez-vous par exemple le fait que les Américains les cachent tandis qu’en France, ils sont plutôt banalisés dans les médias?

Effectivement, aux Etats-Unis on ne montre ses seins ni à la plage, ni dans les films. Il s’agit d’un héritage du culte des seins, cristallisé là-bas au moment de la seconde Guerre Mondiale. Le parallèle avec la France est intéressant: dans son livre Le sein, une histoire, Marilyn Yalom montre comment, chez nous, la Marianne aux seins nus a été énormément utilisée par la propagande républicaine, pour redonner le moral aux troupes notamment. Cette recette a été reprise par les Etats-Unis au moment de la guerre avec les pin-ups. Avec ses seins en obus (parfaite métaphore militaire !) Jane Russel a incarné une forme de Marianne à l’Américaine. La guerre s’est arrêtée, mais les Américains ne s’en sont jamais vraiment remis.

G.D, Lexpress. fr Styles

Le culte des seins, de Caroline Pochon et Allan Rothschild, collection l’art vu autrement, 264 pages, 29,95€.

Pour découvrir le livre en images, cliquez sur ce diaporama

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