50 ans, le nouvel âge d’or

L'actrice Sophie Marceau, 51 ans depuis le mois de septembre dernier © Reuters
Isabelle Willot

Et si le cap de la cinquantaine n’était plus pour les femmes le cataclysme annoncé mais l’occasion de mieux profiter de la vie ? Davantage sûres d’elles et de leurs choix qu’à 40 ans, les quinquas et plus se sentent jeunes et veulent le rester. C’est ce que confirme notre sondage.

Pour vivre heureux, vivons plus vieux ! Telle pourrait être la conclusion plutôt optimiste de l’enquête réalisée via Internet par Le Vif Weekend et Knack Weekend, avec la maison Mayerline. Un constat aux allures de mantra qui devrait ravir ceux qui atteindront 60 ans d’ici 2050 – ils représenteront alors un bon tiers de la population belge – après avoir embarqué le roller coaster du bonheur mis au jour par des économistes et sociologues au début des années 2000.

80 % des moins de 40 ans estiment qu’un ou une quinqua peut être un exemple à suivre.

Cette courbe en U, qui s’écrase à la quarantaine, repart à la hausse après 50 ans sans plus jamais piquer du nez. Et nos résultats semblent emprunter le même chemin. Plus on prend de l’âge, plus on porterait un regard bienveillant sur sa vie : 66 % des 50-59 se disent même très satisfaits, avec un pic à 77 % pour les plus de 70 ans. Des chiffres qui ne surprennent pas Willy Lahaye, chef du département Sciences de la Famille à l’université de Mons.  » 50 ans, c’est l’âge où l’on scrute le plus, aujourd’hui, son parcours de vie.

C’est le moment où tous les questionnements refont surface dans la trajectoire sociale, professionnelle et familiale. Des bilans s’effectuent et des tris s’opérent. Comme l’adolescent qui s’interroge sur la société, le quinqua se cherche… mais se sait mortel ! Il est au milieu du gué, ses choix seront radicaux. « 

66 % des 50-59 se disent très satisfaits de leur vie, avec un pic à 77 % pour les plus de 70 ans.

Signe que la cinquantaine est l’âge où tout se joue, c’est entre 50-55 ans que la majorité de nos interrogés pointe l’apparition des premiers signes négatifs liés au vieillissement. Un signal d’alarme plus marqué chez les femmes, qui traversent alors la ménopause. Elles sont dès lors plus nombreuses à s’en plaindre (83,3%) que les hommes (74,8%), peu enclins à admettre qu’ils deviennent  » seniors « .  » Les femmes sont plus conscientes des enjeux de notre société, poursuit le philosophe. Elles sont plus en prise avec ce qui les touche et les atteint physiquement. Elles savent aussi qu’elles seront convoquées sur la question du grand-parentage et du soutien à leurs propres enfants et à leurs parents, alors que souvent, elles travaillent encore et se doivent de maintenir le bien-être affectif du couple. Elles ont conscience qu’elles devront tenir physiquement.  » Pour l’enseignant montois, il ne serait d’ailleurs pas surprenant que la pointe du U se déplace dans les années à venir vers la soixantaine, à moins qu’elle ne se transforme en plateau plus ou moins long d’insatisfaction.

38,1 % des 60+ ont une image très positive de leur corps, contre 28,6 % des trentenaires.

Pourtant, nos quinquas sont loin de perdre espoir et sont même plus nombreux (47,2 % pour les 50-59 ans contre 34,7 % pour les 40-49) à consacrer davantage de temps à leur épanouissement personnel. Le besoin de réaliser leurs rêves ne les abandonne pas : pour plus de 84 % des interrogés, c’est une préoccupation autant, si pas plus essentielle qu’à 40 ans et l’on  » descend  » à peine à 74 % pour les plus de 70 ans. En parallèle, 84 % des répondants se disent ouverts à de nouveaux défis.  » Nous vivons dans une société participationniste, justifie Willy Lahaye. Si vous y prenez encore une part active, et cela ne se limite pas aux aspects professionnels, vous êtes considéré comme un rouage important.

Seules 47,5 % des plus de 70 ans se considèrent  » plutôt âgées  » contre 31,2 % encore  » d’âge moyen « .

La définition du bonheur qui, pour les générations précédentes, passait par l’idée de progrès est devenue plus inclusive. La participation individuelle est essentielle. Cela demande un engagement, une certaine puissance dans l’action sociale, ce qui implique qu’il n’y ait pas de défection dans les qualités nécessaires à l’inclusion dans le groupe.  » L’envie de paraître plus jeune, exprimée à tout âge et plus encore par les femmes, ne serait donc pas un caprice narcissique. Elle traduirait un désir d’osmose entre l’image que l’on a de soi et celle que l’on voudrait donner à ceux qui attendent des quinquas de remplir, pour longtemps encore, les nombreux rôles qui seront les leurs.

Des parcours inspirants

Demi Moore 54 ans et Salma Hayek 51 ans.
Demi Moore 54 ans et Salma Hayek 51 ans.© reuters

La fièvre du dégagisme ne semble guère avoir de prise sur nos interrogés puisqu’ils sont plus de 85 % à abonder lorsqu’on leur demande si un ou une quinqua peut être un exemple à suivre. Une réponse qui leur paraît d’autant plus logique que ces  » role models  » peuvent faire valoir leur expérience de la vie. Et ce n’est pas qu’une question d’âge puisque 80 % des moins de 40 ans ont également répondu dans ce sens. Appelés à citer des personnalités publiques de 50 ans et plus qu’ils jugent inspirantes, les sondés francophones se sont largement tournés vers l’international en mentionnant Barack Obama, Simone Veil, George Clooney ou Nelson Mandela, Annie Cordy ou Eddy Merckx arrivant loin derrière. Côté flamand, en revanche, de nombreuses vedettes locales, pour la plupart inconnues au sud du pays, squattent le tableau d’honneur emmené par la présentatrice et journaliste de la VRT Martine Tanghe, qui devance largement Angela Merkel, George Clooney ou Barack Obama.

Sévères avec leur corps

Sophie Marceau 50 ans.
Sophie Marceau 50 ans.© getty images

Si les quinquas et plus se disent plutôt très satisfaits de leur vie, le degré de contentement des femmes chute drastiquement en dessous de la moyenne – une dégringolade qui touche nettement moins les hommes – dès qu’il est question de leur corps (36%), de leur apparence (43%) ou de leur taille de vêtements (43%). Des chiffres qui remontent toutefois dès que le cap de la ménopause a été franchi et les inévitables changements qui l’accompagnent enfin digérés.  » Tout devient acceptable à partir du moment où l’on n’en fait plus une catastrophe, décrypte Marie-Françoise Dispa, journaliste et auteure de l’ouvrage Ménoptimisme à paraître en novembre prochain aux éditions Racine.

Entre 39 et 50 ans, les femmes ont tout sur le dos, puis survient la ménopause qu’elles voient souvent arriver avec terreur à cause de l’image que véhicule encore toujours la société à son encontre.  » Plus réconfortant encore, le nombre de 60+ ayant une image très positive de leur corps (38,1%) est nettement supérieur à celui des trentenaires (28,6%). Plus elles vieillissent, plus les femmes se disent aussi heureuses de leur apparence qu’à 40 ans ! Pour plus de 80 % d’entre elles, jusqu’à 90 % même après 70 ans, la chirurgie esthétique n’est d’ailleurs pas une option.

Dans les sujets qui fâchent, on retrouve les muscles du ventre – 73,6 % des femmes n’en sont pas contentes, et cela dès la quarantaine -, les bras – une insatisfaction qui ne fait que croître pour passer de 42,1 % à la quarantaine à 54,4 % après 70 ans – et enfin les fesses – cette fois, la frustration diminue de 57,3 % entre 40 et 49 ans à 48,8 % après 70 ans. En revanche, le visage (75 % de satisfaction en moyenne) et la qualité de la peau (72,7%) ne semblent pas poser problème ; à croire que l’angoisse des rides n’en est plus une au xxie siècle.

Une mode complice

Tilda Swinton 56 ans
Tilda Swinton 56 ans© reuters

Désireuses, même avant 40 ans, de paraître aussi jeunes que possible, les femmes de notre panel affirment à plus de 80 % que leurs vêtements les aident à se sentir mieux dans leur peau. Même si, avec le temps, elles sont de plus en plus nombreuses (22,5 % entre 40 et 49 ans, 44,4 % après 70 ans) à trouver l’exercice plus difficile qu’avant. Un désagrément qu’elles semblent imputer à des changements de formes lorsque l’âge de la ménopause approche. Entre 50 et 70 ans, elles sont d’ailleurs plus soucieuses de trouver des pièces qui masquent ce qu’elles cherchent à cacher.

Et si pour elles, le premier critère d’achat reste que la tenue leur aille bien, il devient rapidement essentiel qu’elle soit aussi pratique et confortable.  » Lorsque l’on atteint un certain âge, les aspects fonctionnels — la coupe, le tombé… — gagnent en importance, surtout que l’on n’achète plus par besoin mais par envie, reconnaît Katrien De Cannière, marketing manager chez Mayerline. Ce qui n’empêche pas la femme mûre, elle aussi, de souhaiter porter des pièces tendance qui la rajeunissent le plus possible.  » Un exercice de style qui passe par la maîtrise des tissus capables d’apporter un supplément d’aisance mais surtout par une bonne connaissance des contraintes du corps des femmes, qui parfois n’aiment plus montrer certaines parties de leur anatomie, comme les bras.

 » Chaque pièce qui sort de notre studio est systématiquement essayée par deux mannequins dont l’âge correspond à celui de notre clientèle et qui font un 40 parfait, soit la taille la plus achetée dans la mode. Si cela ne leur va pas parfaitement, le modèle est refusé chez nous.  » L’expérience aidant, les stylistes de la maison maîtrisent l’art de lâcher du lest en jouant par-ci par-là sur les centimètres pour obtenir l’effet voulu. La nouvelle ligne baptisée Ameline se veut d’ailleurs plus décontractée, afin de séduire les 50+ actives qui ne courent plus derrière la dernière tendance mais cherchent une mode durable, capable de traverser les saisons.

Un curseur vieillesse à géométrie variable

Julianna Moore 56 ans.
Julianna Moore 56 ans.© Louis Vuitton

Alors que 81,7 % des interrogées ont plus de 50 ans, 65,5 % des femmes se considèrent d’âge moyen. Une notion dans laquelle se retrouvent déjà à 64 % les 40-49 mais aussi 85,7 % des 50-59 et 65,2 % des 60-69 ! Mieux encore, seulement 47,5 % des plus de 70 ans se considèrent  » plutôt âgées  » contre 31,2 % encore toujours  » d’âge moyen « … A peine 3,7 % du panel se qualifie  » d’âgé « .  »

Plus on vieillit, plus on aura tendance à postposer l’âge de début de la vieillesse « , constate Willy Lahaye. On notera aussi que les femmes se perçoivent toujours plus jeunes que les hommes, peut-être parce qu’elles savent leur espérance de vie plus longue, ce qui les amène à déplacer le curseur  » vieillesse  » avec plus de réticences. Un constat à mettre également en relation avec le fait que dans 71,3 % des cas – un pourcentage qui varie très peu avec l’âge – les femmes essaient toujours de paraître aussi jeunes que possible alors que seuls 62,7 % des hommes se disent prêts à faire des efforts en la matière.

Pour Marie-Françoise Dispa, pas question pour autant d’y voir un besoin de jeunisme à tout crin.  » C’est plutôt le reflet de leur état d’esprit et de leur état de forme physique. Les 50+ ne se sentent pas vieux aujourd’hui, alors pourquoi auraient-ils envie de le paraître ?  » Les deux sexes affirment d’ailleurs à 72,7 % ne pas avoir de difficultés à accepter leur âge.

Profil des répondants

• 3866 personnes ont complété l’enquête jusqu’au bout, 85 % d’entre elles ont plus de 50 ans.

• 1015 femmes francophones constituent le panel de base des résultats  » au féminin  » que nous analyserons ici. Parmi elles, 18 % ont moins de 50 ans, 30 % entre 50 et 59 ans, 36 % entre 60 et 69 ans et 16 % plus de 70 ans. 980 hommes complètent ce panel pour les chiffres  » mixtes « .

• 29 % des sondés francophones se déclarent employés, 40 % pensionnés, 16 % cadres et 9 % exercent une profession libérale.

• 47,2 % vivent en couple sans enfants sous le même toit, 23,4 % vivent en couple avec enfants, 22,8 % se disent seuls avec des enfants sous le même toit contre 6,6 % seuls et sans enfants auprès d’eux.

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