Chanel Kapitanj, jeune liégeoise à suivre

Chanel Kapitanj se plaît à jouer avec les matières comme avec ce mobilier de chambre d'internat ou ces casiers pour l'Ecole supérieure des arts du cirque, ces tables Nenuphar ou ces panneaux multifonctions qui lui ont valu un prix aux Blue Stone Awards 2017. © sdp

Cette créatrice protéiforme, dont le travail fait la part belle au métal, a remporté le prix des Carrières du Hainaut il y a quelques mois. Ce qu’il faut savoir de cette jeune Liégeoise.

Dites  » capitant  »

A tout juste 25 ans, Chanel Kapitanj – son nom, hérité d’un grand-père originaire d’ex-Yougoslavie, se prononce  » capitant  » – est prête à lancer sa carrière dans le design, une vocation dont l’idée germe dès l’enfance.  » Depuis toute petite, j’ai été attirée à la fois par l’art et les activités manuelles, même si à l’époque ça se traduisait surtout par des bricolages, des cabanes dans le jardin… C’est cet intérêt qui a orienté mes études, avec d’abord une longue période consacrée au dessin. Ce n’est que lors de mon entrée dans le supérieur que je me suis vraiment intéressée aux objets.  » Elle entame ainsi un master en design industriel à l’ESA Saint-Luc de Liège, dont elle est sortie diplômée il y a deux ans.

Chanel Kapitanj, jeune liégeoise à suivre
© sdp

Elle est passée de la 2D à la 3D

 » Je voulais sortir de la 2D, que mes créations prennent vie, sans trop savoir comment faire. Avant de commencer le cursus à Saint-Luc, je ne connaissais pas vraiment le métier, j’ai tout découvert lors des portes ouvertes, qui m’ont finalement décidée à m’inscrire. Le plus intéressant, selon moi, c’est l’étendue des domaines à explorer. Le concept de design est vaste, à chacun de se diriger vers ce qui lui plaît le plus. Pour l’instant, je mélange, je touche à tout, je bosse autant la technique que le design d’auteur, mais à terme j’aimerais surtout me consacrer à l’édition.  » La jeune femme n’a toutefois pas totalement délaissé le dessin, que l’on retrouve parfois dans ses travaux, comme le prouvent les perforations personnalisées de ses casiers d’acier.

Chanel Kapitanj, jeune liégeoise à suivre
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Elle est fan de métal

Si Chanel Kapitanj pratique également le design graphique, le branding, et manipule toutes sortes de matières, bois, verre, pierre, son matériau de prédilection reste le métal.  » J’adore. Cette fascination vient sûrement de mon père, qui est tourneur-fraiseur. On avait un atelier à l’école et j’avais envie d’y passer du temps, de voir ce qu’il y a derrière la création et la fabrication. Le métal offre énormément de possibilités, tant dans les finitions que dans l’assemblage, et la matière est elle-même très variée : acier, Inox, non-ferreux comme le laiton, le cuivre, ça offre une palette de coloris, de propriétés et de possibilités très différentes.  »

Chanel Kapitanj, jeune liégeoise à suivre
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Une femme dans un milieu d’hommes

En guise de spécialisation après son master, Chanel a suivi une formation en soudure,  » de métallier industriel  » pour être précis. Un milieu plutôt masculin, dans lequel elle fait parler ses qualités.  » Une fille en soudure, évidemment, c’est rare. J’entends beaucoup de remarques, mais celle qui revient le plus souvent, c’est que nous sommes plus minutieuses, plus patientes, et que notre travail est soigné. Le fait de souder ne demande pas une grande force physique ; une fois la pièce réalisée, la manutention peut parfois être un peu compliquée, mais on se débrouille… C’est mon master en design qui a intéressé mes employeurs actuels, ça changeait des profils uniquement techniques.  » Cette année, elle vient de terminer un important projet de mobilier pour l’ESAC, Ecole du cirque à Anderlecht, et a lancé son propre studio de design et de ferronnerie.

Chanel Kapitanj, jeune liégeoise à suivre
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Elle s’est déjà illustrée, chez nous et à l’étranger

En 2016, Chanel imagine rien de moins que la  » commode du futur  » et remporte le Design Contest organisé par le quotidien De Volkskrant et l’éditeur Pastoe aux Pays-Bas. En septembre dernier, elle se voit attribuer le Prix de l’originalité des Carrières du Hainaut :  » Le sujet du concours était intéressant, il était question de revaloriser la pierre bleue – il faut savoir qu’ils jettent énormément de matières premières, en raison de défauts qui pour moi n’en sont pas vraiment : des détails visuels, esthétiques, à cause desquels beaucoup de pièces sont écartées, on se retrouve parfois avec des chutes d’un mètre sur deux. J’en ai fait des parois, des cloisons, pour les autoroutes ou les façades, de l’aménagement urbain.  » Après avoir séduit le jury, il ne lui reste plus qu’à trouver une institution ou une ville qui puisse accueillir son installation. L’appel est lancé !

La chaise B54 en acier peint et treillis, belle démonstration de son attrait pour le métal.
La chaise B54 en acier peint et treillis, belle démonstration de son attrait pour le métal.© sdp

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