Des clics (et des claques) par Florence Hainaut

© Ingrid Otto

 » S’il y a bien une chose qui peut rendre une femme honteuse de son genre, ce sont les féministes ! « , déclare la première.  » Le féminisme est un racisme comme un autre « , vitupère le deuxième.  » Les plus radicales sont devenues féministes parce qu’elles n’ont pas réussi à devenir des femmes « , commente la troisième. Facebook, ce monde merveilleux. En trois phrases, j’apprends que je suis une honte, raciste et que j’ai loupé ma vie de femme. Ça fait beaucoup en une journée.  » Non mais on parlait des radicales.  » Pardon mais comme je suis radicalement pour l’égalité entre les hommes et les femmes, je me sens visée. Alors, il était évident que la place médiatique accordée aux paroles féministes allait finir en flots d’insultes. Je ne m’attendais pas à ce que ça soit si vite et si violent. Une espèce de mini backlash. De quoi ? Backlash, ça veut dire  » retour de bâton « . C’est aussi le titre d’un ouvrage pour lequel Susan Faludi, journaliste américaine, a reçu le prestigieux prix Pulitzer en 1991. Il montre comment chaque vague, chaque avancée féministe est suivie d’un ressac qui tente de remettre les compteurs à zéro. Bien avant #balancetonporc et #metoo, certaines y ont même perdu la tête. Littéralement. Olympe de Gouges a été guillotinée en 1793 pour avoir écrit la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, manifeste calqué sur la version masculine dans laquelle les révolutionnaires français avaient un peu oublié ces dames. Je ne vais pas m’attarder sur les hommes qui vomissent sur les féministes. Voir son monde vaciller, ça peut rendre un peu con. Mais les chéries qui se répandent en injures, laissez-moi vous dire un truc : si vous avez un job qui alimente votre compte en banque qui vous permet de vous payer un abonnement Internet qui vous permet de dire à quel point les féministes sont la lie de la société, c’est uniquement parce qu’à de multiples époques, malgré les moqueries, les tortures, la prison et les exécutions, elles ont tenu bon et se sont battues. Alors on va laver sa bouche au savon et on dit merci.

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