Goran Bregovic – Nouvel Est

© charlotte lamby

La musique balkanique et les chants traditionnels bulgares en particulier me fascinent depuis la fin des années 80. Notamment grâce aux superbes rééditions du label 4AD, Le mystère des voix bulgares vol I et II. Mais aussi grâce à de très beaux films comme Le temps des gitans. C’est peut-être cela, le son authentique de l’Europe. Le son des montagnes, des plaines, des rivières et des récoltes. Et des révoltes et des plaintes. Le son de l’Europe qui commence. L’Europe à la fois nord et sud, à la fois est et ouest. Exemple. Je me suis pris d’amour pour un dobro, guitare en cuivre munie d’un résonateur en aluminium avec laquelle j’aime improviser des airs, le nez pendu à la fenêtre avec les champs comme seul public. Surtout utilisé par les bluesmans du Delta, cet instrument étrange est l’invention des frères Dopeyra, originaires de Slovaquie… Ce qui expliquera peut-être pourquoi la guerre en ex-Yougoslavie m’a tant marqué. Pourquoi Rome et Berlin m’enchantent et me parlent bien plus que Londres ou Montréal. Pourquoi je rêve de démarrer la voiture et de filer au sud-est. Je commencerais par les villes, Sarajevo, Sofia, Dubrovnik, Mostar… puis les campagnes. C’est l’Europe qui m’attire, ce truc atavique et ventral ici tout près. Pourquoi n’ai-je pas commencé par là ? Parce qu’il y avait une guerre peut-être… Pas la peine de voler vers la Thaïlande ni le Pérou. C’est trop loin. Et l’Himalaya, c’est trop haut. Replongeons-nous dans le troublant Ederlezi, un chant traditionnel arrangé par Goran Bregovic pour la magnifique scène de mariage du long-métrage d’Emir Kusturica. Et de vous conseiller la lecture de Zoli de Column McCann. L’histoire de la petite rom de Slovaquie qui n’avait pas 6 ans quand les nazis ont noyé ses parents au fond d’un lac glacé. Et qui deviendra poète.

Jérôme Mardaga

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