Héros malgré eux

© frédéric raevens
Delphine Kindermans
Delphine Kindermans Secrétaire de rédaction au Vif

On oppose généralement deux types de paternité. D’un côté, le père tradi, construisant son éducation sur une inégalité de statut entre lui et son rejeton, à qui il inculque, du haut vers le bas, son savoir et ses normes. De l’autre, celui qui se positionne plutôt en  » pair « , s’appuyant sur une pédagogie basée sur l’échange et la réciprocité. Soit une transmission des connaissances verticale pour le premier, horizontale pour le second. Avec bien sûr, entre ces deux options, un spectre de nuances, le curseur étant rarement positionné à une des extrémités – du moins en permanence.

En dehors de ces schémas très carrés, on repère désormais des papas polyformes, et c’est tant mieux. Ceux-là se placent dans la lignée des mères multifonctions, même si ces dernières les ont précédés de quelques décennies dans le cumul d’un job et du rôle de pilier domestique. Parfois par obligation, pour cause de divorce ou de famille recomposée, souvent par goût, de plus en plus d’hommes ont en effet à coeur de voir grandir leurs petiots et de les accompagner dans leur apprentissage de la vie. Mais le potentiel de progression est encore énorme… Pour un Mark Zuckerberg clamant urbi et orbi, en 2015, qu’il s’accorderait deux mois de congé à la naissance de sa fille, combien de paternels n’exercent toujours pas ce droit qui leur est pourtant reconnu par la loi chez nous ? Concrètement, dix jours d’absence librement choisis dans les quatre mois après l’accouchement. Une broutille par rapport aux 14 semaines à disposition dans les pays nordiques, mais une avancée non négligeable au regard de ce qui se passe ailleurs dans le monde. Reste cependant à oser ou vouloir les prendre…

Si le patron de Facebook a au moins eu le mérite de déstigmatiser la coparentalité, faisant ainsi évoluer les mentalités dans le bon sens, des exemples plus prosaïques et proches de notre quotidien apportent également leur pierre à l’édifice. Au cinéma, en musique ou en littérature, les modèles de pères investis se multiplient. Dans les séries télé aussi. On ne parle pas ici des mauvaises sitcoms des années 80, avec rires de public enregistrés, mais de ces produits ambitieux nés dans la décennie suivante.  » Avec leur multiplicité de personnages, tous très fouillés « , nous a confié Philippe Nassif, philosophe et spécialiste de la pop culture, elles nous invitent à  » continuer à grandir, c’est-à-dire changer, nous perfectionner moralement, devenir meilleur « . Quand on sait que Netflix s’inscrit à contre-courant des usages américains en proposant des pauses illimitées aux parents (quel que soit leur sexe) qui le souhaitent, on se dit que l’avenir ne peut qu’être positif.

DELPHINE KINDERMANS

En dehors des schémas très carrés, on repère désormais des papas polyformes.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content