Quatre manières de dompter le style Far West

Catherine Pleeck

En droite ligne de l’Amérique profonde, santiags, franges, denims bruts et chemises de cow-boy conquièrent les podiums des défilés. Des Calamity Jane des temps modernes, qui témoignent d’une envie de nature, d’un besoin de protection et d’un retour au temps d’avant Trump.

C’est une des tendances fortes du printemps-été 18, au même titre que les fleurs romantiques, la vague de parme ou les touches léopard : les créateurs ont imaginé cette saison des cow-girls modernes, semblant prêtes à arpenter la pampa, en parfaite osmose avec les canyons qui les entourent. La lame de fond a commencé avec Hood by Air, label US qui, en septembre 2016 déjà, faisait défiler une multitude de paires de santiags, en accompagnement d’un vestiaire streetwear. Puis, il y a eu l’arrivée de Raf Simons à la tête de la direction artistique de Calvin Klein. Une fois traversé l’Atlantique, le Belge s’est attaqué aux clichés rivés à son nouveau pays d’adoption, pour sa première collection, celle de l’automne-hiver 17-18. En découlaient des bottes bicolores, prêtes à mordre la poussière. Il y a aussi eu la collection Croisière 18 de Dior, présentée dans la réserve naturelle d’Upper Las Virgenes Canyon, près de Las Vegas. Un paysage quasi désertique servant de décor à de grandes amazones, portant robe façon couverture frangée, peau rebrodée et Stetson de circonstance.

Il n’en fallait pas plus pour que bon nombre de labels, petits et grands, reprennent cette tendance à leur compte, en la réinterprétant des pieds à la tête. Cet été, chez Versace, la panoplie se fait sexy et ostentatoire, à coups de pantalons moulants et bijoux clinquants. Céline et Louis Vuitton ornent le cuir de broderies typiques, tandis que Chloé et Loewe se la jouent romantiques. Quant au label italien Tod’s, il s’imagine à la tête d’un cheptel… Et la conquête de l’Ouest continuera l’hiver prochain, il suffit de regarder les défilés de Philosophy di Lorenzo Serafini, d’Isabel Marant ou Alberta Ferretti pour s’en convaincre.

A chaque fois, tous les codes sont au rendez-vous : le cuir, les franges, les santiags, le denim brut et sombre, les chapeaux, les bijoux en turquoise, les ceinturons avec métal martelé, les détails cloutés, les chemises aux épaules ornées à la façon typique du Far West.  » Si les cow-boys sont l’obsession, c’est que l’Amérique l’est encore aussi, considérait il y a peu le vidéaste et expert fashion Loïc Prigent, dans les pages du Vogue français. Mais évidemment pas celle des décharges de Cadillac et des usines abandonnées de Detroit. On se réfugie plutôt dans une Amérique conquérante, optimiste et rugueuse, avec une haleine de menthe poivrée, colchique dans les prés. (…) Ce qu’on recherche ici, c’est un idéal ; les défauts des cow-boys sont pardonnés. Alors que chaque tweet du Donaldo est un coup de voiture bélier dans l’image de l’Americana, le cow-boy reste encore un roc de rêve fiable.  »

Il est brut, poussiéreux aussi, certes, mais ne s’encombre pas de faux-semblants. C’est un héros au naturel, sans gadget technologique chronophage. Face au minet des campus, preppy dans son blouson, ou au golden boy de Wall Street, serré dans son costume trois-pièces, ce personnage-clé des States a clairement plus de profondeur. Preuve supplémentaire de son attrait ? Le thème de la sixième édition du festival musical WeCanDance, qui aura lieu à Zeebruges, les 11 et 12 août prochain, n’est autre qu’Acid Cowboys.

Reste à faire sienne cette allure de vacher, et ce sans sombrer dans le total look, au risque de se croire en partance pour un rodéo. Une question de mesure et d’inspirations diverses, qu’elles soient féminines, rock, boyish ou épurées.

Envies féminines

Coach
Coach© IMAXTREE/SDP

Pas question d’oublier sa part de féminité, quand il s’agit de partir dans de nouvelles aventures. Les bottes pointues se portent jambes nues, sous une longue robe romantique et fleurie. Tout est question de maîtrise des détails, comme les broderies, les franges ou l’esprit macramé… Pour un résultat folk et bohème comme on l’aime.

Rock’N’roll attitude

Versace
Versace© Imaxtree et SDP

Le Far West dans l’esprit de feu l’interprète du Pénitencier, avec des clous, du cuir, du noir. Tout est évidemment question de mesure, à moins que l’on soit membre du fan-club de Johnny. On privilégiera par exemple la veste zippée, combinée à des matières fluides et féminines. De même qu’une indispensable paire de santiags. C’est au choix.

Esprit Boyish

Louis Vuitton
Louis Vuitton© Imaxtree et SDP

Une allure qui joue sur le masculin-féminin, un rien tomboy. Parfaite pour les (re)belles un poil garçon manqué. Mais pas de frasques inutiles pour autant, on mise sur des basiques volés au vestiaire du mâle. Les coupes sont droites, voire oversized, mais pas non plus informes. Ou le meilleur des deux mondes combiné en un seul et même look.

Modern talking

Calvin Klein
Calvin Klein© Imaxtree et SDP

C’est la version minimaliste de la cow-girl. Elle refuse l’ostentation, se plaît dans l’épure, sans renoncer à une pointe d’originalité ou à un effet graphique. Une allure sobre, de jolis tombés, et la voilà qui part au triple galop. Coup de coeur pour ces chemises en satin joliment gansées. A porter avec un slim en denim sombre.

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