NOCES DE PAPIER

botanique 1. Bahamas, Bien fait. 2. Félindra, Mues Design. 3. Savuti Ardmore, Cole & Son. 4. Reflect, Eijffinger. 5. Songbird, Missprint. géométrique 6 Enigma, Farrow & Ball. 7. Supermarket, Paola Navone pour NLXL Lab. 8. Shibori, Rubelli. 9. Haikou, Pierre Frey. 10. Revera Arc, Arte. © SDP

Le retour en grâce du papier peint se confirme, en témoignent les nombreuses collections qui sortent chaque année. Tour d’horizon des raisons de ce come-back et arrêts sur images.

Longtemps ringardisé, la faute sans doute à des années de minimalisme et d’obsession pour le blanc, le papier peint s’offre une nouvelle jeunesse. Pour mieux comprendre comment il est redevenu un support créatif de choix pour singulariser son chez-soi, direction Auderghem, et l’antique bâtisse de Déco Ligot. Construit avec des pierres récupérées au Rouge-Cloître tout proche, cet ancien relais de poste fut transformé en usine de peintures en 1772, alors que le pays était encore sous domination autrichienne. Un siècle plus tard, les Usines Ligot se sont fait une spécialité de l’antirouille, tiré de l’extraction de minerai de fer de la forêt de Soignes qui se trouve à proximité. L’enseigne vend alors dans le monde entier et fournit la première couche de peinture de la tour Eiffel. En 1904, Ligot anticipe la folie décoratrice qui s’emparera des décennies à venir et ouvre un magasin, aujourd’hui tenu par Georges Sciarelli, issu de la quatrième génération. Forcément tombé dedans quand il était petit, il était aux premières loges pour assister à la mutation du secteur :  » Quand j’ai débuté dans les années 70, dit-il, quarante collections de papier peint sortaient par an. Une industrie qui a ensuite failli disparaître, mais s’est bien défendue en augmentant ses marges et sa qualité. Aujourd’hui, on compte 800 références. On ne les propose pas toutes, mais presque.  »

 » TOUT EST RÉALISABLE  »

Au-delà du simple retour de mode, le revival actuel serait né de deux phénomènes conjoints : d’une part, le nombre impressionnant d’innovations techniques, et d’autre part, une recherche graphique qui surclasse largement les variations un brin paresseuses des rouleaux d’antan.  » Avec l’intissé, ça s’est vraiment développé ces dernières années. Quand on visite les foires, on constate une recrudescence des nouveautés. Rien que dans les matières, il y a des trucs hallucinants.  » Et de caresser un échantillon de soie sauvage tissée avec des écheveaux de saris, avant de montrer la collection Wonderland en hologramme, puis les revêtements outdoor pour façades ou salles de bains.  » Tout est réalisable, alors pourquoi pas une fresque qui se prolonge depuis la cabine de douche, sans carrelage ni joint ? Les gens veulent se faire plaisir et tapisser un mur avec une grande image, sur mesure pourquoi pas? Et ça reste abordable. Au lieu d’acheter un tableau, on habille un pan de pièce.  »

Qu’il s’agisse du format, révolutionné par le recours aux panoramiques, posters et stickers, ou des effets visuels – moiré, iridescent, tie and dye… – que s’autorisent désormais les éditeurs, les possibilités offertes aujourd’hui dépassent l’image un peu étriquée que l’on a pu se faire du papier.  » Le grand public n’est pas encore forcément au courant de tout ça, mais on est habitué à ce décalage, explique encore Georges Sciarelli. La mode commence par les vêtements, dont les palettes de couleurs se reflètent ensuite dans la déco, les moquettes, les revêtements muraux… Les gens observent ces coloris dans les restaurants ou les hôtels, avant de franchir le pas chez eux.  »

Et que demande-t-on pour l’instant ?  » Notre clientèle plus âgée reste friande de grands classiques, médaillons, fil-à-fil et petites fleurs à la Laura Ashley. Les jeunes viennent plutôt sans idées précises et avec l’envie d’être étonnés. Ça peut passer par des grands dessins à l’anglaise de Cole & Son ou des imprimés évoqués plus tôt. Pour l’instant, on nous demande beaucoup de motifs inspirés de la nature ou géométriques, du travail sur les textures, comme ce qu’a fait Arte avec Le Corbusier, et pas mal d’imitations : carrelages, tôle, briques, bois ou même peaux d’animaux. Les reproductions deviennent de plus en plus réalistes et les gens se prennent au jeu. « 

PAR MATHIEU NGUYEN

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