« Mieux penser pour mieux vivre »: tout savoir sur la philothérapie

© ISTOCK/PHILIPPE GODEFROID

La discipline, encore confidentielle, commence à faire des émules. Le concept : aborder les aspects métaphysiques de l’existence, comme la recherche du bonheur, pour être maître de sa vie. Ce qu’il faut savoir de cette technique de développement personnel.

C’est quoi ?

Mieux penser pour mieux vivre : se pencher sur nos questionnements existentiels serait une des clés pour atteindre la sagesse.  » L’idée est de ne pas centrer la thérapie uniquement sur l’individu, mais également de le resituer au coeur du monde. La philosophie permet de prendre du recul et de développer ses capacités à mener son existence « , explique Cécile Balligand, licenciée en philosophie et philothérapeute, qui base sa pratique sur la conception de l’homme et de l’univers selon Spinoza.  » Il a vécu au xviie siècle, mais c’est un philosophe ultracontemporain, un visionnaire que les récentes découvertes en neurobiologie auraient beaucoup intéressé !  » Pour la spécialiste, raison et sentiments ne sont en effet pas opposés. Le lien entre les affects et la façon dont on pense est ténu, le corps et l’esprit sont intimement liés.  » Descartes les scindait, Spinoza a compris très tôt que l’individu ne fait qu’un « , rappelle-t-elle. Pour le philosophe néerlandais, la santé est synonyme de capacité à ressentir la joie. Et la philothérapie est l’outil qui y mène.

« Une introspection qui permet de faire le lien entre la pensée et l’action. « 

Les principes de base

Sortir de sa bulle égocentrée pour mettre en perspective son existence, voire ses souffrances, dans un ensemble plus vaste, plus global.  » On ne se tourne pas nécessairement vers la philothérapie parce que l’on va mal. On peut simplement avoir envie de mieux se comprendre « , précise Cécile Balligand. Mettre un individu en perspective avec son environnement permet une ouverture thérapeutique. Si l’on travaille sur soi, on s’attaque aussi aux causes extérieures.  » Ce que pensent les autres, par exemple, peut avoir un poids considérable sur nos affects, nos actions « , rappelle l’experte. La philothérapie permet d’être pleinement à l’origine de ce que l’on peut et veut être. Cela dit, la discipline n’est aucunement incompatible avec la psychothérapie. Beaucoup de psychologues s’accordent d’ailleurs sur le fait qu’elles se marient à merveille. De nombreuses pratiques psychothérapeutiques trouvent leurs sources dans la philosophie. Et pour cause, il s’agit avant tout d’outils précieux de réappropriation de soi, d’une compréhension optimale au service d’un bonheur plus grand.

À quoi ça sert ?

A être  » plus « , dans tous les domaines. Selon Cécile Balligand, cela permet d’augmenter notre puissance d’être. Patrick Traube, psychothérapeute, rappelle qu’être en phase avec soi au coeur de son environnement peut aider à se libérer de ce qui nous entrave, grâce à une compréhension optimisée de soi-même et des différents contextes.  » En réconciliant raison et sentiments, on dépasse les pans interpersonnels et psychoaffectifs. Il s’agit carrément d’une dimension sociale et politique. En devenant meilleur, on peut rendre la société meilleure. Sans vouloir donner une vision idyllique ou caricaturale de la philothérapie, je pense ici à Gandhi :  » Sois le changement que tu veux voir dans le monde  » « , commente Cécile Balligand. Renouer avec sa propre puissance, que l’on ne soupçonne pas nécessairement, est la clé d’une joie individuelle, également au service de la collectivité.

Ce que l’on en retient…

© SDP

 » Lorsque Socrate interrogeait ses interlocuteurs sur la nature de l’amour, il employait une méthode que sa mère, sage-femme, pratiquait pour accoucher les corps : la maïeutique. La philosophie, par le biais de la consultation, renoue avec ces premiers instants : elle accouche les esprits en suscitant le questionnement. Plus pragmatique que jamais car s’attaquant à des problèmes concrets, la philosophie offre, dans cet ouvrage, une alternative au discours psy en donnant la possibilité de prendre du recul sur notre existence et d’y apporter un sens nouveau « , explique Eric Suarez, auteur de La philothérapie (éd. Eyrolles). Dans son livre, il fait jaillir des pistes de réflexion, mais aussi des outils existentiels pour libérer chacun de ses peurs, aider à mieux vivre, avec, comme leitmotiv, une meilleure compréhension de soi par rapport au monde.  » Qui suis-je dans ce monde ? La philothérapie permet d’y voir clair dans sa propre réalité « , conclut Cécile Balligand. Pour beaucoup, la pratique s’apparente donc à un art de vivre, destiné à tout individu désireux de mieux comprendre qui il est pour savoir où il va. Une introspection qui permet de faire le lien entre la pensée et l’action… pour tous ceux qui souhaitent devenir complètement conscients d’eux-mêmes et penser par eux-mêmes.

Par Aurélia Dejond

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content