R Beny – poésie modulaire

© CHARLOTTE LAMBY

C’est la Renaissance. Le nouvel âge d’or. Aux mille coins du monde, éclosent des valises habitées de modules étranges connectés entre eux par des fils électriques multicolores. Les leds clignotants dont ils sont enluminés évoquent tantôt un tableau de bord d’un engin spatial encore à inventer, tantôt l’arbre de Noël surgi d’un futur reculé. Ces modules portent des noms tels que  » nuages « ,  » anneaux « ,  » crimes et ornements « … Ils émettent des sons et les transforment. Les synthétiseurs modulaires, voilà bien deux mots qui font peur. Instruments de musique inventés voici plus de quarante automnes, des machins sans clavier, ni cordes, ni archet, articulant des sonorités tortueuses et idéelles. Des instruments autonomes.

Trop progressistes pour l’époque, comme souvent. Et pourtant, voici qu’aujourd’hui, refleurissent ces assemblages électroniques, singuliers tant par leur apparence froide et technologique que par les sons qu’ils déploient. Au commencement, armez-vous de patience, d’ouverture et de courage. La musique modulaire échappe à la plupart de nos canevas. Elle s’oppose abruptement à celle dite  » papier peint  » qui règne sur nos ondes, nos écrans et sur nos vies, omniprésente et imposée.

Je la dépeindrais comme suit : accidentelle, non linéaire, générative, naturelle. Instrumentale, la plupart du temps. Que c’est beau la musique quand l’humain n’ouvre pas la bouche. Alors immergez-vous dans le nouvel album de R Beny, le bien nommé Cascade Symmetry. Vous y trouverez la solitude fragile d’une plage déserte. Le lent bourdon de vagues fractales qui érodent le rivage. Vous y entendrez des mélodies qui s’élèvent et s’entrechoquent. Et se dissolvent dans la mer battue par les vents. Un voyage réservé aux gens patients et attentifs. La bande-son d’un jour qui se lève. Pour qui sait l’admirer. La bande-son d’une année qui s’éteint. Pour qui voudra s’en souvenir.

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