En images : Les réalisations des lauréats du Pritzker Price 2017

La Lira Theater © Hizao Suzuki / RCR Arquitectes

C’est la première fois que trois personnes sont récompensées conjointement par ce prix, créé en 1979 pour rendre hommage au travail d’un architecte vivant.

Rafael Aranda, 55 ans, Carme Pigem, 54 et Ramon Vilalta, 56, avaient accolé dès 1988 les premières lettres de leurs prénoms pour fonder le cabinet RCR, dans leur ville natale d’Olot, en Catalogne, région autonome du nord-est de l’Espagne.

C’est là qu’ils ont développé l’essentiel de leur oeuvre, avant de travailler en France, en Belgique et jusqu’à Dubai.

Issu de l’école technique supérieure d’architecture de Vallès, près de Barcelone, le trio a bâti une oeuvre internationalement reconnue, sans jamais quitter la petite ville catalane d’Olot, réputée pour son exceptionnelle forêt de hêtres et ses volcans tout proches…

Leurs oeuvres ont la sobriété et les teintes du parc naturel de la Garrotxa, tel l’acier sombre omniprésent dans leurs constructions, qui rappelle la pierre volcanique. « C’est à partir de notre ville que nous avons commencé notre propre chemin », avait expliqué en 2014 à l’AFP Ramon Vilalta. « Pas parce qu’on voulait prendre nos distances, plutôt pour conserver notre façon d’être, de sentir », complétait alors son épouse, Carme Pigem.

Mercredi, à l’annonce du prix, elle a réagi en disant: « C’est une grande joie et une grande responsabilité », selon le communiqué, avant de souligner que tous trois avaient toujours travaillé étroitement ensemble.

Les membres du jury ont délivré un message teinté de politique: « Nous vivons dans un monde globalisé où nous devons nous appuyer sur des influences internationales, les échanges commerciaux, des discussions. Mais de plus en plus de gens ont peur qu’à cause de ces influences, nous perdions nos valeurs locales, notre art local, nos coutumes », ont-ils déclaré. Les lauréats « nous disent qu’il est possible d’avoir les deux », ont-ils insisté.

Le trio a revendiqué l’influence de l’école d’architecture de Barcelone, qui marqua les Jeux olympiques de 1992, mais aussi celle des sculpteurs espagnols Eduardo Chillida et Jorge Oteiza, des peintres américain et français Mark Rothko et Pierre Soulages, ou de l’architecture traditionnelle du Japon.

2014 fut l’année de l’inauguration de leur oeuvre majeure à Rodez, dans le sud de la France: un musée conçu pour abriter les peintures abstraites de Pierre Soulages.

Sobriété impressionnante

Cet édifice avait été salué par le quotidien Le Monde comme « un lieu d’exception » à « la sobriété impressionnante »: un ensemble tout en lignes droites et en angles, avec des parois extérieures en acier oxydé, donnant à l’ensemble une teinte rouille.

Leur simplicité et respect de la nature s’est aussi exprimée dans le village rural français de Négrepelisse, dans le Tarn-et-Garonne (sud-ouest), où ils inaugurèrent en 2014 un centre d’art sur les ruines d’un château.

Carme Pigem avait alors confié à l’AFP leur souci de « faire ressentir la nature, l’air, le vide, l’essence des choses, alors que petit à petit, la vie des personnes se +dénaturalise+ ».

RCR a aposé sa marque sur des lieux très variés: des piscines, des installations sportives en extérieur, des restaurants, des bureaux, des bâtiments universitaires…

Une autre de leurs réalisations notables, la médiathèque Waalse Krook de Gand en Belgique, doit être inaugurée prochainement.

A Olot leurs bureaux sont installés dans une ancienne fonderie d’art, où ils ont organisé de nombreux ateliers « architecture et paysage » attirant des gens du monde entier.

Pour Tom Pritzker, fils du fondateur du prix, cité dans le communiqué, « leur travail montre un engagement sans faille dans un lieu et son histoire, pour créer des espaces en dialogue avec leur contexte ».

Le Pritzker est doté de 100.000 dollars et leur sera remis lors d’une cérémonie à Tokyo, le 20 mai.

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