L’année de tous les succès pour Jean Nouvel

© Belga

Le Louvre Abu Dhabi et les jeux d’ombre et de lumière de sa coupole, la tour du MoMa à New York, sept projets en Chine… 2017 est l’année de tous les succès pour Jean Nouvel, trois ans après la vive polémique autour de la Philharmonie de Paris.

Une esquisse sur la nappe en papier d’un restaurant en 2006: c’est ainsi qu’a commencé le « Louvre des sables », salué dans tous les médias comme un chef d’oeuvre. Comme en écho à la pyramide du Grand Louvre la silhouette du musée est déjà connue dans le monde entier avec son dôme de résilles superposées.

« Lorsque Tom Krens (à l’origine du musée Guggenheim de Bilbao) m’a parlé du projet, ma première idée a été celle d’un microclimat, d’un musée qui soit un quartier plutôt qu’un bâtiment, et de jouer sur tous les paramètres de ce microclimat comme l’eau qui rentre à l’intérieur », explique Jean Nouvel, 72 ans, dans les locaux de son associée Hala Wardé, environné d’innombrables maquettes d’essai de la coupole.

– ‘se faire le film’ –

« Quand j’ai toutes les informations, je laisse défiler les images dans l’obscurité, je les convoque », raconte l’architecte lauréat du prix Pritzker 2008. « Les projets, il faut se les raconter, il faut se faire le film ».

Mais il faut aussi qu’ils soient en relation avec le contexte. « Je ne crois qu’à l’architecture de situation », affirme Jean Nouvel, qui se souvient de son rejet du style international pendant ses études.

« On allait se trouver face à une série d’immeubles un peu trop clonables, j’ai eu du mal à l’avaler, c’est comme ça que j’ai développé mon esprit critique », ajoute-t-il en souriant.

Tout en terminant le Louvre Abu Dhabi, Jean Nouvel devait avoir un oeil sur la tour du MoMa en cours de construction, sur une autre tour à Sao Paulo et sur plusieurs projets d’envergure en Chine.

Comment fait-on pour mener à bien autant de chantiers ? « Ils ne sont pas tous dans le même temps, note-t-il, chacun prend dix ans en moyenne, on est toujours en train d’en concevoir un ». Et puis « il y a beaucoup de projets dans chaque projet. Le dôme d’Abou Dhabi est un projet en soi », ajoute-t-il.

La polémique qui a entouré la construction de la Philharmonie semble bien loin. Attaqué, parfois injustement, pour l’explosion des coûts (386 millions au lieu des 200 initialement prévus) et les retards de construction, Jean Nouvel avait été écarté de ce mégaprojet à la Villette.

Il avait ensuite refusé d’assister à l’inauguration du bâtiment, dont la grande salle de concerts a été pourtant saluée comme une exceptionnelle réussite.

– ‘contrefaçon’-

Une humiliation que Jean Nouvel n’a ni oubliée ni pardonnée. « Je n’admettrai jamais ce qui a été fait, pas seulement pour moi, mais aussi pour le le métier d’architecte et l’importance du projet. C’est l’équivalent de l’Opéra de Paris », lance Jean Nouvel, bien décidé à aller au bout de la procédure judiciaire pour « faire valoir ses droits ».

« Le bâtiment a été salopé, mal construit, mal fini, c’est de la contrefaçon. A Lucerne, je n’ai eu aucun problème avec le Centre Culture et Congrès », ajoute l’architecte qui a construit beaucoup d’équipements culturels, notamment des musées, mais aussi des tours et des logements.

« C’est comme ça que se fabrique le profil d’un architecte. Le projet de +Tour sans fin+ à la Défense en 1969, qui a été abandonné, m’a valu beaucoup de commandes ».

Parmi ses grands regrets, le musée Guggenheim à Rio de Janeiro, finalement abandonné. « Mais c’est surtout à Paris que j’ai des problèmes », ajoute Jean Nouvel. Et de citer le Grand Stade de Saint-Denis (lauréat du concours international, mais refusé par le gouvernement Balladur) et la canopée du Forum des Halles. « Un architecte doit apprendre à vivre avec ses fantômes », dit-il.

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