Visite d’une villa post-Bauhaus contemporaine à Anvers, trait d’union entre passé et présent

© JAN VERLINDE

La région d’Anvers regorge de joyaux architecturaux datant de l’entre-deux-guerres, telle cette villa de style Bauhaus liftée récemment, dans le respect de l’ancien mais avec des touches contemporaines.

Cette maison fait partie des nombreuses perles architecturales que comptent les forêts situées au nord et à l’est d’Anvers. Construite en 1936, elle est l’oeuvre de Nachman Kaplansky.

Dirk Engelen, architecte chez B-architecten :
Dirk Engelen, architecte chez B-architecten :  » Nous avons renforcé l’âme de Kaplansky.  » Le nouvel escalier créé par son studio est devenu la pièce maîtresse des lieux.© JAN VERLINDE

 » Le style moderniste international l’a inspiré à l’époque « , raconte Dirk Engelen des bureaux B-architecten et B-bis architecten, qui a mené la réhabilitation des lieux.

Bien que cette villa s’inscrive clairement dans la lignée du Bauhaus, avec ses toits plats, ses fenêtres- bandeaux et ses structures uniformes, il s’agit en réalité d’un ouvrage  » post-Bauhaus  » : lors de sa construction, la célèbre école d’art allemande qui prônait des formes claires et rationnelles avait en effet déjà été fermée depuis trois ans par les nazis.

Visite d'une villa post-Bauhaus contemporaine à Anvers, trait d'union entre passé et présent
© JAN VERLINDE

Seul signe du temps : les murs en briques brunes qui dérogent à ceux, unitaires, souvent en crépi blanc, des bâtiments de l’architecture d’avant-guerre prônée par Le Corbusier, Walter Gropius et consorts.

Relifting contemporain

 » Cette villa a été rénovée à deux reprises. Une première fois dans les années 50, lorsqu’elle a été agrandie d’un tiers de sa surface. Une extension qui était en phase avec l’immeuble initial. Lors de la seconde rénovation, dans les années 70, un lifting nettement moins subtil a gommé le caractère moderniste de l’ensemble « , regrette Dirk Engelen.

La cuisine épurée est parfaitement équilibrée et dispose d'un superbe sol en granit.
La cuisine épurée est parfaitement équilibrée et dispose d’un superbe sol en granit.© JAN VERLINDE

Lorsque ce dernier fut à nouveau appelé pour retravailler le projet, il n’hésita pas une seconde :  » Le volume d’origine, imaginé par Kaplansky, avait trop de caractère pour que l’on puisse l’ignorer. Nous avons rapidement privilégié l’idée de le faire évoluer en revenant aux lignes des années 30, tout en glissant vers quelque chose de plus actuel. Il s’agissait donc à la fois d’une restauration, en termes de structures et de finitions essentiellement, et d’un projet contemporain, pour l’aménagement d’intérieur. « 

Sous le grand séjour, est installé un second salon dans lequel on retrouve de magnifiques divans Togo de Ligne Roset, imaginés en 1973 par Michel Ducaroy.
Sous le grand séjour, est installé un second salon dans lequel on retrouve de magnifiques divans Togo de Ligne Roset, imaginés en 1973 par Michel Ducaroy.© JAN VERLINDE

Ce dernier a en effet beaucoup changé.  » Le logement possède désormais un rez-de-chaussée plus ouvert, décrit Dirk Engelen. Nous avons décloisonné l’espace, et le hall d’entrée, autrefois séparé du reste, fait maintenant partie intégrante de la pièce principale. L’escalier rappelant le style d’époque occupe une place centrale et monumentale.  »

Le dressing et sa sculpturale coiffeuse.
Le dressing et sa sculpturale coiffeuse.© JAN VERLINDE

Côté mobilier et revêtements, l’élégance est de mise avec, par exemple, l’utilisation de pierre naturelle et des armoires en noyer plaqué. Le métal, signe distinctif des baies de style Bauhaus, a lui été conservé.

Temple extérieur

B-architecten est également à l’origine du pavillon qui a pris place à l’arrière.

 » Celui-ci est complètement contemporain, souligne Dirk Engelen. Implanté dans le jardin, ce mini temple en béton fait face au logis et sert à la fois de pièce de détente, de chambre d’amis et d’espace de yoga. Nous avons opté pour des façades en béton brut et des dômes en verre, et nous avons équipé l’endroit d’un poêle à bois.  »

Le pavillon de jardin en béton accueille une chambre d'amis, une salle de yoga et un espace de méditation qui ne font qu'un avec la nature.
Le pavillon de jardin en béton accueille une chambre d’amis, une salle de yoga et un espace de méditation qui ne font qu’un avec la nature.© JAN VERLINDE

Si cette création correspond davantage au style brutaliste privilégié par ce bureau d’architecture, elle s’intègre pourtant parfaitement dans son environnement.

Les abords, réalisés à l’origine par René Latinne (1907-2003), célèbre architecte de jardin de l’époque qui signa notamment la réserve naturelle du Zwin, ont également fait l’objet d’une grande attention de la part de Bart Haverkamp et Pieter Croes.

Le duo souhaitait insuffler à l’espace vert le côté sauvage d’un paysage de dunes, se mariant parfaitement avec l’habitation principale et le pavillon de jardin. Une parfaite synthèse entre passé et présent.

b-architecten.be

Bio express

1904 : Nachman Kaplansky naît en Pologne.

1925 : D’origine russe, l’architecte s’installe à Anvers, après un détour par Tel-Aviv.

1930 : Durant une décennie, il construit plusieurs habitations et immeubles à appartements dans un style dit « de la Nouvelle Objectivité ». Il signe notamment, dans la métropole flamande, le numéro 22 de la Prins Albertlei et le numéro 45 de la Carnotstraat, ainsi que l’habitation de Max Swart, construite en 1933 sur la Belgiëlei.

1940 : Il rejoint Israël où il travaille encore un peu avant de disparaître des radars.

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