Les conseils d’une spécialiste pour un réveillon zéro déchet

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Et si on relevait le défi? Les conseils d’une pro pour réduire les mensurations de sa poubelle de fêtes.

Sabine Meunier est responsable des Ateliers zéro déchet Les Ecolibris, à La Louvière. Elle propose des activités sur mesure pour conscientiser la population – fabrication de cosmétiques, de produits d’entretien, etc. – et crée également une gamme textile: carrés démaquillants lavables, sacs à pain… Pour elle, pas question de finir la fête avec un tas d’immondices. Une volonté qui nécessite un peu d’organisation, beaucoup de conviction, mais qui est à la portée de chacun. « De manière générale, il faut simplifier ses traditions, annonce-t-elle d’entrée de jeu. On achète moins, on décore moins, on mange moins, mais on prend davantage de plaisir à être ensemble et à partager un bon moment. » Mode d’emploi.

Tout d’abord, quel type de sapin doit-on choisir?

Les conseils d'une spécialiste pour un réveillon zéro déchet
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On oublie le sapin sans racines qui meurt immédiatement. Le mieux, c’est d’en choisir un à replanter à la fin du mois et de le déterrer chaque fois. Evidemment, un jour, il deviendra trop grand pour la maison mais personnellement, quand j’étais petite, on a tenu dix ans avec le même. On peut aussi en fabriquer un soi-même avec des matériaux de récupération, des palettes en bois par exemple. Il faut alors se dégager de l’idée du conifère réaliste pour libérer son imagination. J’avoue toutefois que moi, à l’époque où on ne parlait pas encore de zéro déchet, il y a quatorze ans, j’en ai acheté un en plastique que je mets toujours, sinon ça créerait un rebut supplémentaire. C’est trop tard car il a été fabriqué… Mais idéalement, il faut absolument éviter ce type de produits synthétiques, souvent confectionnés en Chine, sans aucun respect de l’environnement.

Côté décoration, on fait quoi ?

Il faut se demander si on est obligé de modifier sa déco en fonction des tendances. Il faut refuser de changer de couleurs tout le temps et récupérer exclusivement ce qu’on a déjà. Pour la nappe et les serviettes, on se choisira par ailleurs un beau tissu thématique et on les fabriquera soi-même. Si on les range bien avec les décorations du sapin, elles peuvent tenir une décennie!

Les bougies, c’est autorisé ?

Oui bien sûr, dans le sens où l’on peut refondre tous les fonds, comme du beurre, dans une grande casserole, et en remodeler pour les années suivantes dans des anciens pots de yaourt par exemple. Il est même possible de les recolorer avec des restes de pastels des enfants.

On bannit les cotillons ?

Soit on oublie en effet cette idée, est-ce vraiment nécessaire ? Soit on fait des confettis avec du papier de récup’ et on les collecte à la fin de la fête, pour les réutiliser.

Qu’offre-t-on lors d’un Noël zéro déchet?

Surtout, on n’achète pas ses cadeaux sur Internet. Etre zéro déchet, c’est dire stop à Amazon. Pas besoin non plus d’être dans l’abondance : un par personne, pas plus, et pour les grandes familles, un tirage au sort est conseillé, pour faire un seul beau cadeau plutôt que 50 000 babioles. On va également privilégier les artisans ou commerçants locaux, ainsi que la seconde main – pour autant que la personne en face soit ouverte à cela. L’autre option est de fabriquer ses présents soi-même ou d’acquérir des articles en vrac – des savons, des bonbons, des bougies… – et les reconditionner joliment. Enfin, on peut aussi offrir du temps – une invitation à un spectacle, à un week-end entre amis, etc. – ou même ne rien donner mais faire, à la place, un don à une ONG. Il faut se battre contre la pression sociale et la pub qui nous martèle l’idée que Noël doit être commercial.

Et comment gère-t-on les emballages ?

On va miser sur des tissus pour faire des furoshikis japonais. Il y a plein de tutos sur Internet pour en réaliser en fonction de la forme du présent. Avec un morceau de textile de 70 X 70 cm, on peut déjà faire plein de choses. Et si on n’a pas de machine à coudre, on peut simplement découper ses chutes de tissus avec des ciseaux crantés, pour finaliser les bords. Tous les contenants réutilisables sont les bienvenus par ailleurs au pied du sapin.

Pour le repas, on part sur quoi ?

Le zéro déchet visant la simplicité, il faut se demander si on ne mangerait peut-être pas moins, mais mieux. On se déconditionnera de tout le côté produits de luxe et on choisira des aliments basiques et de saison qu’on peut mettre en oeuvre de manière fantaisiste et festive. Si on opte pour le traiteur, on choisira un artisan local et on lui amènera à l’avance les plats à garnir. Généralement, ils ne sont pas contre. Et on donnera des essuies à vaisselle pour remplacer le film plastique par-dessus.

Si on prend des crustacés, on aura tout de même des restes…

Pour le homard, on peut réutiliser les carcasses pour faire une bisque mais ensuite, on aura vraiment un déchet, tout comme les huîtres… Tout ça ne va pas dans le compost. Il faut peut-être alors adapter son menu.

Et l’apéro, on y propose quoi ?

Fini les chips, à moins de les faire maison en passant des légumes coupés très finement dans une huile avec épices, puis en les mettant au four. Sinon, on privilégie les crudités et des zakouskis préparés soi-même : petites quiches, fromages d’un artisan local, boudin du boucher du village…

Pour les boissons, que prévoit-on?

Champagnes et vins fonctionnent bien puisqu’ils sont vendus dans des bouteilles en verre. Idéalement, on vérifie qu’elles sont conditionnées, ce qui est le cas d’un certain nombre d’entre elles, même dans des supermarchés comme Colruyt. Pour les enfants, on n’achète évidemment pas de sodas. On leur propose un sirop ou un jus bio, en bouteille aussi.

Est-ce qu’un réveillon zéro déchet coûte plus cher qu’un réveillon normal?

C’est sûr que les produits bio seront un peu plus coûteux mais vu qu’on réduit les quantités, on peut se le permettre. Par contre, on fera des économies sur le budget cadeaux et surtout, on ne se laissera pas tenter par des choses inutiles puisqu’on n’entrera pas dans un supermarché pour faire ses achats. Il faut refuser le système qui pousse à la consommation.

Comment « éduquer » ses invités ?

Je ne me permettrais pas de les éduquer, mais il faut au moins les conscientiser et donc, les prévenir à l’avance qu’on ne désire pas d’emballages, de cadeaux inutiles, etc. Il y a certes des gens qui ne veulent pas l’entendre mais pour ma part, la plupart ont désormais compris qu’un bouquet de fleurs sous cellophane, ça ne me fera pas plaisir. Ils opteront pour une fleur dans un pot, prête à être replantée…

Pour plus d’infos zéro déchets, rendez-vous sur la Page Facebook des Ateliers Ecolibris

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