Madame la Belge colorie les villes

Sarah Vos-Debrigode alias Madame la Belge © Gautier Houba
Catherine Pleeck

Illustratrice et street artist, Sarah Vos-Debrigode dessine depuis qu’elle est enfant. Aujourd’hui, elle distille son art dans les parcs et artères d’ici et d’ailleurs. Et, dorénavant aussi, dans quelques crèches de la capitale.

Elle s’annonce comme timide et peu sûre d’elle, mais il suffit de la faire parler de sa passion – son métier, dorénavant -, pour que les mots s’enchaînent, le sourire barrant son visage. Madame la belge, puisque c’est comme ça qu’elle se fait appeler, répand ses personnages aux yeux écarquillés, naïfs en apparence mais légèrement subversifs en réalité, sur les murs de Bruxelles, Doel ou Gand, quand ce n’est pas en France, en Suisse et en Espagne.

Son surnom ? Un souvenir de son Erasmus, à Porto. « C’est comme ça qu’on m’avait baptisée. C’est resté. » Depuis dix ans, celle qui s’appelle Sarah Vos-Debrigode à l’état civil se fait doucement une place dans le milieu du street art. Ses oeuvres, destinées tant aux adultes qu’aux enfants, sont par exemple à voir avenue du Pont de Luttre, à Forest, dans les parcs Le Chat et Montjoie, à Uccle, au centre d’accueil Le Bocq de la Croix-Rouge à Yvoir, mais aussi, et c’est nouveau, dans plusieurs lieux dédiés à la petite enfance dans la capitale, suite à un appel à projet de la Cocof. « Une manière d’apporter un peu d’art et de culture dans ces crèches, se réjouit-elle. J’adore le contact avec les enfants. Ils restent souvent émerveillés devant mes dessins… »

Pour élaborer ses fresques, l’illustratrice s’inspire de ses humeurs, souvenirs et rêves. Tout n’est pas rose ; des thèmes comme l’alcoolisme ou l’homosexualité ont par exemple déjà été abordés. « C’est amusant de voir comment le public se réapproprie mon travail. Cela suscite souvent une histoire, tout autre. » Tous les supports peuvent servir de point de départ. Les murs, mais aussi des toiles – « de plus en plus de parents me sollicitent pour la chambre de leurs petits » -, des tee-shirts ou d’autres objets, selon l’envie ou la demande. Il y a ainsi eu une chaise, des vases, de petites boîtes… De quoi faire entrer l’univers de l’artiste dans l’intérieur des gens.

Manier les crayons et les pinceaux, Madame la belge le fait depuis toujours. Griffonner sur tout et rien, comme un bout de jeans qui traîne et que sa grand-mère va même afficher chez elle. Tenter un concours de dessin à 5 ans, et le remporter. « J’ai toujours aimé cela, bricoler, faire des trucs. Le fait d’être enfant unique, peut-être. Il fallait bien que je m’occupe. » La grande brune à la frange bien fournie apprend en autodidacte. Mais pas question de rester sur ses acquis. « J’essaie d’évoluer, d’intégrer de nouvelles techniques. »

Au moment de choisir ses études, c’est néanmoins vers la photographie que se tourne cette ex-Carolo, désormais bien dans ses pompes à Bruxelles. Mais au terme de son cursus, elle se rend compte que l’exercice ne lui convient pas. Pas envie de forcer le cliché, de devoir se faire violence pour approcher son sujet. Après six mois passés en Amérique latine, option sac à dos, elle saisit l’opportunité de travailler dans les médias ; elle finira comme chargée de production dans les bandes-annonces, chez Be TV.

Malgré tout, le dessin est toujours présent, façon hobby. « Je suis quelqu’un de relativement complexée. Mes amis me disaient que ce que je faisais était chouette ; mais je n’aurais jamais osé me lancer. » A force de commentaires positifs, elle s’initie au langage HTML et ouvre son blog, où elle poste ses esquisses, collages, etc. Progressivement, les rencontres et projets prennent forme… Au point de faire de plus en plus vibrer la jeune femme et de dévorer ses week-ends, ses soirées. Il y a un an, elle pose un choix, celui de vivre de sa passion. La confiance s’est installée ; l’envie de s’assumer en tant qu’artiste aussi. « Même si c’est parfois plus dur financièrement parlant, je suis plus heureuse. Cela m’épanouit davantage ! » Que demander de plus ?

www.madamelabelge.com

PAR CATHERINE PLEECK

BIO EXPRESS

1980. Naissance à Charleroi.

1991. Arrivée à Bruxelles.

2010. Première grande fresque de 8 m de hauteur, avenue du Pont de Luttre, à Forest.

2008-2016. Collaboration avec la Croix-Rouge, le Kosmopolite Art Tour, Oxfam, les Petits Riens, Une Ville en Couleur, l’ASBL Bled Quartier Durable, StoryMe, le Festival au bord de l’eau, les Editions De Boeck, la Cocof.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content