Marie Drucker

Elle illumine le Soir 3 de sa présence magnifique, de son ton dynamique et de ses interviews « sans détour ». Pour la nôtre, Marie Drucker a choisi un bistrot chic, avenue Montaigne, à Paris. D’une beauté à couper le souffle, elle a les pieds bien ancrés sur terre. Sa passion du journalisme et ses confidences de femme se font sous le prisme de la modestie, de la franchise, de l’humour, du charme et de l’esprit.

Petite fille, vous rêviez de…
Je n’avais pas d’idée précise, mais je traversais l’existence en ayant confiance en ma bonne étoile. A l’adolescence, ma vocation de journaliste s’est imposée comme une évidence. J’avais une vision fantasmée de ce métier, qui consiste à se trouver au coeur du monde et des événements de la vie.

Quelle vision en avez-vous aujourd’hui ?
Je me sens pleinement épanouie. L’actualité est une drogue dure. Cette profession me donne l’impression de regarder de près la marche du monde.

Votre plus beau souvenir d’enfance ?
Je n’en ai pas beaucoup… Grâce à mes parents, que j’admire énormément, j’ai baigné dans une atmosphère harmonieuse. Leur amour m’a permis de me construire.

Que vous ont-ils transmis ?
L’indépendance, le goût du travail et de la liberté, et la confiance en moi. C’est quand un parent meurt, qu’on prend conscience des clés qu’il nous a données.

Faire partie du clan Drucker, bonheur ou boulet ?
Mon père n’étant plus parmi nous, j’aimerais tellement pouvoir dire que je suis « la fille de ». Fière de mon nom, je suis surtout la petite-fille de grands-parents qui se sont battus pour venir en France. Déracinés, ces émigrés d’Europe de l’Est se sont sacrifiés pour l’avenir de leurs enfants. Alors qu’ils ne parlaient pas un mot de français, je présente un JT sur une grande chaîne française ! Comment oublier leur volonté et la cruauté de leur univers ?

L’émission Droit d’inventaire est centrée sur l’Histoire. En quoi vous interpelle-t-elle ?
Elle fait ce que nous sommes aujourd’hui et nous aide à mieux nous comprendre. J’aime l’Histoire du XXe siècle car, elle représente un outil pour apprendre le monde.

L’époque à laquelle vous auriez aimé vivre?
Je ne suis ni nostalgique ni faite pour cette époque-ci. Notre société déshumanisée et déshumanisante m’effraye. Une chose chasse l’autre. A l’ère où on se marie, divorce et recompose une famille, je trouve qu’on manque de stabilité, de distance et d’humour. Je suis plutôt classique dans ma manière de vivre.

Qui vous a transmis le virus de l’info ?
Mes parents. Ils lisaient les journaux et regardaient le JT. Lors des élections de 1981 avec Mitterrand, il y avait tant d’électricité dans l’air, que j’ai compris qu’il se tramait quelque chose d’important. Ça a déclenché l’envie de regarder autour de moi. Passionnée, je conçois mon métier comme un artisanat. Je garde la tête froide en tentant d’être exigeante, honnête et attentive aux autres.

Qu’aimiez-vous dans le journalisme de terrain ?
Même si je ne boude pas l’antenne, les reportages sont à l’origine de ma vocation. J’aimais rendre compte d’histoires ordinaires ou extraordinaires, rencontrer et mettre en valeur des gens qui ne le sont pas toujours, et construire un récit.

Que ressentez-vous avant le JT ?
Je ne suis pas angoissée, sinon je ne le ferais pas. Cet exercice quotidien m’est tellement naturel, qu’il est comme une seconde nature. C’est la cerise sur le gâteau après une journée de travail. Ce n’est pas MON journal, mais celui d’une équipe rédactionnelle !

En quoi Soir 3 (23h) a-t-il changé vos nuits ?Ce rythme me désole… Casanière et couche-tôt, j’ai dû apprendre à dormir moins.

Quel est le ton Marie Drucker ?
Il n’y en a pas. J’essaye juste d’être moi-même… J’ai d’ailleurs refusé de me teindre en blonde et de me couper les cheveux (rires)! Etiquetée de froide, je suis chaleureuse dans la vie.

Autres traits de caractère?
Une grande pudeur. Avec mon nom et une venue à l’antenne précoce, je me suis réfugiée derrière une carapace austère. Mais dès que je me sens en confiance, j’aime rire et faire le clown.

Qui rêveriez-vous d’interviewer ?
Je n’ai pas une âme de groupie, mais la culture, la musique, la peinture et la littérature me touchent et me font rêver. Je suis impressionnée par ceux qui oeuvrent pour les autres ou ceux qui font quelque chose de leur vie, comme Elie Wiesel.

D’où vient votre amour des lettres ?
De l’enfance. Mon père m’a appris que « les livres sont nos amis ». Avec ces compagnons d’une vie, on ne se sent jamais seul.

Un compagnon fidèle?
L’anthologie de la poésie française.

Que lisez-vous ?
J’ai été boulimique, or par manque de temps, je me nourris d’essais politiques ou historiques. En vacances, je tapisse ma valise de livres. J’aime relire la poésie de Verlaine, Baudelaire et Rimbaud.

Et chez les contemporains ?
Column McCann, Murakami et Harry Mulish. J’ai aussi une passion pour Philippe Besson. Sa finesse, son intelligence, ses personnages et son écriture en font un auteur que j’adore.

Que vous procure la musique ?
Ma première émotion artistique remonte à l’âge de 5 ans. Toujours à l’affût d’un CD ou d’un morceau à télécharger, légalement, je ne passe pas un jour sans musique. Ah, si je pouvais me reconvertir en chanteuse de rock (rires) !

Qu’en est-il des Victoires de la musique classique ?
J’y tiens beaucoup. Malgré mon côté pudique, c’est là que je donne le plus de moi. C’est passionnant d’incarner le lien entre les artistes, le public et les téléspectateurs. La musique classique n’est pas réservée à une élite !

Morceaux favoris?
Pierre et le loup, La Flûte enchantée qui me transporte de joie et Le Boléro qui fait battre mon coeur. J’aime également Mozart ou la musique répétitive de Philippe Glass.

Autre passion?
Le cinéma est aussi lié à mon éducation. C’est pourquoi j’adore revoir les films de Lubitsch, Hitchcock ou Howard Hawks. Je connais ceux de Jerry Lewis par coeur (rires). Aujourd’hui, j’apprécie Jane Campion et John Sheridan.

Film culte?
J’en ai plein, mais disons Propriété interdite, avec Robert Redford, Nathalie Wood et Charles Bronson.

Les acteurs qui vous font rêver ?
Quand j’étais petite, j’étais amoureuse de Cary Grant, Spencer Tracy et Robert Redford, qui est toujours dans mon coeur ! J’admire les acteurs qui font des choix, comme Christopher Walken ou Daniel Day Lewis.

Dire que vous êtes belle c’est…
Un compliment qui me fait sourire et que j’accepte avec modestie. Bien dans ma tête, je suis plus attachée à ce que je suis qu’à ce que je vois.

Qu’est-ce qui vous rend belle ?
L’épanouissement, l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle, et le regard bienveillant de quelqu’un que j’aime.

Votre définition de la beauté?
L’élégance dans la manière d’être et de se mouvoir, l’intelligence, l’humanité et la gentillesse. Le charme qui se dégage de quelqu’un est supérieur à la beauté des traits classiques.

Qui l’incarne ?
Exceptionnelle, ma grand-mère maternelle qui a du chic et ma mère, qui est la plus belle femme du monde. Généreuse, intelligente et bien dans sa peau, elle peut tout se permettre sans être vulgaire.

La mode?
Peut m’intéresser pour son aspect sociétal, mais ne me passionne pas. Je conçois toutefois les créateurs comme des artistes.

Les basics de votre garde-robe ?
Le noir – le chic absolu – un jeans bien coupé, une veste noire et des chaussures, car j’en suis folle. Très féminines, elles font toute la silhouette.

Si vous étiez une odeur?
Celle de ma mère, que je retrouve quand je lui emprunte des vêtements.

Quel genre d’amie êtes-vous ?
Fidèle et très attentive. L’amitié est la chose la plus précieuse au monde. Celles de longue date me sont essentielles.

Quel genre d’amoureuse êtes-vous ?
Passionnée, secrète et pudique. J’ignore jusqu’où je suis prête à aller par amour, mais je refuserai toujours de renoncer à celle que je suis.

Que symbolise le Trophée de la femme en or ?
Je n’en reviens pas d’avoir été primée aux côtés de femmes exceptionnelles ! C’est très flatteur d’être honorée pour son travail et celui de son équipe.

Vos rêves à venir?
Continuer à être heureuse. Poursuivre ce métier en faisant des choses intéressantes, avec des gens que j’admire, et en m’amusant.

Propos recueillis par Kerenn Elkaïm

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