Marilyn Monroe, entre ratures et poésie

Fragments, poèmes, écrits intimes, lettres signés de Monroe paraissent ce jeudi au Seuil. On aurait tort de crier au génie.

Fragments, poèmes, écrits intimes, lettres signés de Monroe paraissent ce jeudi au Seuil. On aurait tort de crier au génie.

48 ans après sa mort, la blonde fait toujours vendre: il y a quelque mois, une radio de ses poumons a été mise aux enchères. Alors, on publie tout, y compris les fonds de tiroir. En l’occurrence, des carnets intimes, qui sortent avec fracas dans 10 pays ce jeudi. Il s’agit de textes presque tous inédits, écrits entre 1943 et 1962. Présentés en ordre chronologique, ces fragments -le mot est juste- n’ont jamais été destinés à la publication.

Désordonnés, gribouillés, sans queue ni tête, ils constituent pourtant le coeur de ce recueil de 270 pages. On y trouve d’autres documents, comme des lettres à ses docteurs. Chaque page de gauche présente les fac-similés des carnets de Marilyn, face à leur transcription, en français et en anglais, à droite. La moitié du bouquin, donc, est composée de l’écriture illisible de Marilyn. Les adorateurs de la blonde trouveront cela émouvant, ceux qui pensaient qu’elle n’était qu’une ravissante idiote découvriront un esprit sensible au mot juste, qui raturait beaucoup. Les autres se lasseront vite du processus.

Sensibilité poétique

Si le recueil confirme l’intelligence de Marilyn, il serait excessif d’affirmer que la star ait un talent particulier pour l’écriture. Hormis quelques pépites, les éditeurs présentent un grand nombre de brouillons dont l’intérêt est variable: les « notes de cuisine », n’en n’ont aucun. Visiblement passionnés par leur sujet, ils n’ont pas assez trié. Ils consacrent ainsi une double page à ce seul gribouillis: « Tu sais que j’aurais 25 ans en juin « , une réplique de Certains l’aiment chaud. La mise en scène pompeuse du moindre aphorisme dessert le fond, parfois très léger, du livre.

La quatrième de couverture promet de dévoiler « l’autre face de l’icône ». Certes, ces notes nous plongent au plus profond de l’intimité de la star. On la « découvre » angoissée, mal à l’aise sur les tournages, sensible, stressée, triste et peu sûre d’elle. Rien qu’on ne sache depuis des années, en somme.

On retiendra pourtant la sensibilité poétique qui baigne l’ensemble des écrits. Loin d’être abouties, certaines notes dévoilent une fragilité qui rend Marilyn infiniment touchante. « Et moi, ma détresse implacable/ devant la souffrance de sa nostalgie- lorsqu’il regarde une autre et qu’il l’aime/ comme une insatisfaction ressentie depuis/ le jour de sa naissance/ nous devons l’endurer/ moi encore plus tristement car je ne puis ressentir aucune joie. »(p 133) Un livre à réserver aux fétichistes, aux collectionneurs, aux adorateurs.

Valentine Pétry, Lexpress.fr Styles


Fragments, poèmes, écrits intimes, lettres, édité par Stanley Buchthal et Bernard Comment. Seuil, 270pp, 29,80 euros.

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