Maurizio Galante: Une histoire de cSur

Il aime la couleur du sang, du coquelicot et du rubis. Travaille les volumes avec virtuosité, sans forfanterie. Est fasciné par « la beauté grotesque » des figurines monstres qu’il collectionne, de même que les tapis arméniens avec cerfs, paons ou lions. Tel est Maurizio Galante.

Mais pas uniquement. Pour la biographie formelle et quelques dates utiles, il faut filer d’abord à la fin de ce Regard Transversal, le gros livre rouge qui lui est consacré : 1963 (naissance à Latina, Italie), 1980-1984 (études à l’Accademia di Costume e di Moda à Rome), 1985 (première collection à son nom), 1993 (présentation de sa collection Haute Couture à Paris). Mais peu importe finalement cet alignement de chiffres, car ce qui compte avec Maurizio Galante, c’est le dialogue ininterrompu qu’il noue avec les gens, les matières, les lieux, les objets, les vêtements, « ces espace de vie qui enveloppent le corps, protègent et structurent celle qui les porte, soulignent les gestes ».

Alors, on choisit de se laisser porter par ces 352 pages à la tranche teintée de rouge qui dressent un portrait transversal de lui, avec aplats saturés de passion, et de charme. Les chapitres ont beau être structurés – Mode, Design, Architecture, Expositions, Costumes, Défilés, Ateliers, Petites mains… -, on prend plaisir à jouer à saute-mouton, comme lui finalement. On s’attarde sur ce cliché noir et blanc pris au Musée de l’Orangerie, dans la salle des Nymphéas de Claude Monet. A ses côtés, Jeanne Moreau, la tête penchée presque sur son épaule, et leur conversation intime où il est question de Giverny, de mer, de tension entre les opposées, du paradis, de l’enfer, de cuisiner. On fait défiler ses croquis annotés, accolés aux photos de ses robes, caftan, pantalon, boléro, signées Tyen, Jean-Louis Coulombel, Christin Losta ou Sarah Moon. On lit les mots doux glissés de-ci, de-là par tous ceux qui l’ont croisé un jour pour ne plus le quitter, travailler avec lui, porter sa « couture pour tout le monde », parler de ses plissés d’organza avec émotion ou chanter, comme June Anderson le fit, pour présenter sa collection Haute Couture printemps-été 2010. Cette fois-là, entre deux airs, Maurizio Galante, le coeur battant, monta sur scène habiller et déshabiller la diva, un ange passa. Six mois plus tard, dans son atelier de la rue d’Antin, à Paris, il enregistrait sur un CD les saccades de cet organe vital, rouge sang qui faisait « boum », Maurizio était plongé dans la première lecture de ce livre qui le raconte, il eut envie de partager cette émotion-là, son incandescence.

Anne-Françoise Moyson

Regard transversal Haute Couture Design Architecture Maurizio Galante, HC éditions, 352 pages.

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