Dans les coulisses d’une icône Chanel, l’escarpin Slingback

L'escarpin Slingback © Wouter Van Vaerenbergh

Lancé il y a soixante ans par Gabrielle Chanel, le mythique escarpin Slingback bicolore a été dépoussiéré en 2015 par Karl Lagerfeld. Le Vif Weekend s’est rendu en Italie pour découvrir les secrets de sa fabrication, des archives à la semelle.

La petite robe noire, le tailleur en tweed, le sac à main matelassé… Tous ces classiques, Chanel les doit à celle qui donna son nom à la griffe, Gabrielle. En 1957, âgée de 74 ans, elle lance une nouvelle icône avec son escarpin Slingback bicolore, qu’elle-même présente comme le summum de l’élégance. La presse surnomme rapidement le modèle  » la nouvelle pantoufle de Cendrillon « , en référence à la combinaison jusque-là inédite d’une chaussure beige et d’une pointe noire, qui semble  » comme par magie  » allonger la jambe et rapetisser le pied. L’atout esthétique se double d’un confortable talon carré, pensé en adéquation avec le nouveau mode de vie actif de la femme des fifties. Il est d’ailleurs probable que Mademoiselle, comme souvent, ait trouvé sa source d’inspiration dans la mode masculine, où les souliers à deux coloris étaient de bon ton depuis le XVIIIe siècle.

L'esarpin
L’esarpin© Wouter Van Vaerenbergh

Il faudra attendre 2015 pour que l’it shoe connaisse une nouvelle jeunesse. Cette année-là, Karl Lagerfeld exhumera le modèle des archives de la maison de la rue Cambon pour combiner chacun des looks de son défilé automne-hiver avec une nouvelle version de l’escarpin… Depuis,  » la plus moderne des chaussures Chanel  » (dixit le Kaiser) est devenue un incontournable dans toutes ses collections.

Un carré qui tourne rond

La fabrication des Slingbacks bicolores est assurée par Roveda, l’un des plus célèbres et des plus grands ateliers de production artisanale de souliers d’Italie. Installé à environ une heure de route de Milan, il a été racheté par Chanel en 2000.

Dans les coulisses d'une icône Chanel, l'escarpin Slingback
© Wouter Van Vaerenbergh

Sa collaboration avec la maison de mode française remonte toutefois au début des années 1980, déjà. Il continue par ailleurs à ce jour à travailler pour une série d’autres marques prestigieuses, dont Hermès ou Christian Louboutin. Au total, ce sont quelque 300 000 paires qui sortent chaque année de cette véritable institution.

Roveda est également réputé pour son unité de recherche et développement, où une cinquantaine de modélistes s’affairent au quotidien à développer et tester les prototypes. Les esquisses de Lagerfeld pour le Slingback relooké – qui est notamment plus échancré, avec une pointe arrondie plutôt que carrée – y sont d’abord dessinées en 3D, sur un moule recouvert d’adhésif blanc, puis converties en 2D à l’aide d’un scanner et d’un programme informatique. Moyennant l’approbation du créateur, ce schéma est transmis à l’atelier, où une machine découpe sur mesure le cuir de chèvre utilisé pour ce modèle. Tous les cuirs non exotiques mis en oeuvre ici proviennent de tanneries françaises et italiennes.

L'escarpin
L’escarpin© Wouter Van Vaerenbergh

La chaussure passe ensuite au département de montage, où ses composantes seront correctement assemblées. Chaque élément nouveau – que ce soit l’élasticité de la matière ou la résistance à la chaleur du logo CC en métal – est méticuleusement testé par les laboratoires de l’entreprise avant, pendant et après la production. De la découpe à l’emballage dans la boîte noire estampillée Chanel, l’ensemble du processus prend environ deux heures par paire. Les nouvelles pantoufles de Cendrillon sont alors prêtes à s’envoler pour les boutiques du monde entier… après avoir franchi le mur de l’atelier où s’étale la devise  » magic people, magic shoes « .

Le saviez-vous ?

L’escarpin Slingback bicolore est produit par Roveda, l’un des plus célèbres et des plus grands ateliers artisanaux de chaussures d’Italie.

La fabrication d’une unique paire demande 75 étapes et prend deux heures de travail.

Vingt pièces de cuir différentes sont nécessaires à la fabrication d’une seule taille du modèle.

Celui-ci est proposé en dix-sept pointures féminines.

Roveda emploie environ 300 personnes, dont 50 modélistes et 15 apprentis issus de sa Roveda Academy.

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